La manifestation syndicale du 29 novembre à venir sera sans doute la plus importante depuis celle de septembre 2023 dans le cadre de la mobilisation du Front commun. Les attaques du gouvernement Legault l’exigent. N’en déplaise à son ministre du Travail – ou plutôt du Patronat – qui s’affaire à en atténuer l’ampleur, la CAQ s’engage dans une véritable guerre ouverte contre le mouvement syndical et, de ce fait, contre la classe ouvrière et l’ensemble des travailleurs.
Le projet de loi 89 permettra au gouvernement d’imposer un arbitrage lorsqu’une grève entrave l’intérêt général de la population. Le projet de loi 9 quant à lui, au nom d’une prétendue laïcité qui n’est autre qu’une catho-laïcité, privera d’emploi des milliers de femmes musulmanes. Quant au projet de loi 3, il n’a d’autre objectif que de confiner les syndicats à l’action économique, voire corporatiste, en évacuant toute possibilité de s’attaquer à différents enjeux sociaux fondamentaux d’intérêt général pour la classe ouvrière et les travailleurs. Sous prétexte de « flexibilité de main d’oeuvre » et « d’efficacité », les magnats de la construction peuvent maintenant mieux presser leurs travailleurs et accélérer les cadences.
Pour retrouver de telles attaques dans l’histoire québécoise et nord-américaine, il faut remonter à la Loi du Cadenas de Duplessis et les lois Taft-Hartley états-uniennes dont les clauses anti-communistes au sein des syndicats canadiens et québécois ne sont que des émules.
Depuis son élection en 2018, la CAQ agit en commando du patronat. Telle est d’ailleurs son unique raison d’être : si aujourd’hui elle périclite dans les sondages, c’est entre autres parce que son carnet de commande est rempli : entre autres, abolition des commissions scolaires, casse du service public de santé, austérité sur les municipalités, le tout avec, en filigrane, un discours nationaliste étroit. À cette litanie de politiques antipopulaires, il convient de souligner son antisyndicalisme primaire. Contrairement à l’austérité sous Couillard ou au Déficit Zéro du gouvernement Bouchard (dont Legault faisait partie), il ne s’agit pas de couper directement dans les services publics, ni même d’imposer une austérité. De manière plus vicieuse, il ne se contente pas de détruire, mais de déconstruire minutieusement et d’édifier une citadelle imprenable pour le patronat. C’est ainsi qu’il ne s’attaque pas de manière frontale aux conquêtes sociales, mais il s’en prend à leurs défenseurs de sorte que ses successeurs le remercieront de lui avoir déblayé la voie.
Dans ce contexte, le Parti communiste salue chaleureusement la mobilisation et les efforts fournis à son effet pour mobiliser un maximum de travailleurs conscients et organisés de concert avec l’ensemble des forces de progrès qu’elles soient syndicales, sociales ou politiques afin de rappeler que les libertés syndicales, le droit de grève comme l’ensemble des droits démocratiques sont dans l’intérêt général. C’est leur brimade, leur érosion qui est dans l’intérêt du patronat.
Nous appelons également à ce que faire front ce 29 novembre ne résume pas à une finalité, mais se convertisse en un catalyseur pour bâtir un véritable rapport de forces enraciné dans la confrontation entre le travail et le capital. L’heure n’est pas à s’opposer aux politiques patronales lorsqu’elles sont débattues puis édictées à l’Assemblée nationale. Il ne suffit pas de s’opposer à François Legault et à son pouvoir personnel masqué par la CAQ, pas plus qu’il ne s’agit de réagir ou de riposter en général. L’heure n’est pas à faire front contre un programme réactionnaire, mais à faire front pour un programme démocratique et populaire capable de mobiliser l’ensemble des forces de progrès contre le pouvoir des monopoles.
Ainsi, en ce 29 novembre, jetons nos forces dans la bataille avec rigueur, ténacité et régularité pour :
– Une politique étrangère indépendante de paix et de solidarité : Canada hors de l’OTAN, non à la militarisation de l’économie et réduction des dépenses militaires;
– Une politique économique souveraine : réindustrialisons sous contrôle public et démocratique, nationalisation des banques, ressources naturelles et des secteurs clés de l’économie pour affronter Trump et son impérialisme débridé;
– Une véritable solution à la crise du logement en construisant massivement dans le logement social public et en évacuant la spéculation immobilière notamment à travers un registre des loyers, l’interdiction d’Airbnb et autres plateformes du genre;
– L’expansion des droits syndicaux notamment en permettant le droit de grève sociale et politique;
– Un contrôle des prix des biens de première nécessité (nourriture, carburant, électricité, etc.) notamment en nationalisant les grands groupes de distribution alimentaire de sorte à répartir le profit de la fourche à la fourchette entre agriculteurs et vendeurs.
Ces cinq éléments sont loin d’être exhaustifs. Néanmoins, ils soulignent des préoccupations socio-économiques fondamentales de la classe ouvrière, des travailleurs et des masses populaires. Ils permettent d’engager le mouvement syndical sur un terrain plus large que l’action économique, prouver à la population qu’ils ne cherchent pas à avancer les intérêts de leurs membres, mais l’intérêt général des masses laborieuses. Ce sont des points de convergence capables de fédérer les luttes objectivement antimonopolistes et anti-impérialistes.
Comité exécutif national, Parti communiste du Québec
