Cinq ans après la tuerie de la Mosquée de Québec, le Parti communiste souligne que la lutte contre l’islamophobie, la xénophobie et le racisme systémique est toujours aussi pertinente et doit faire partie des priorités de tous les progressistes québécois, comme du mouvement syndical et des mouvements démocratiques et populaires.
Cinq ans après les meurtres commis par Alexandre Bissonnette, trop nombreux sont ceux et celles qui croient encore qu’il s’agit d’un acte isolé, fruit d’un individu sans contexte. Parmi eux, on peut souligner François Legault lui-même tout comme son gouvernement qui refusent de reconnaitre l’existence de racisme systémique au Québec. Pourtant, au cours des dernières années, l’extrême droite fascisante s’est consolidée et représente une menace de plus en plus importante, au Québec comme ailleurs dans le monde.
Au Canada, même s’il n’a pas su ravir de siège, le Parti populaire de Maxime Bernier a réussi à passer de 1,6 à 5% des suffrages. Le Parti conservateur du Québec maintenant dirigé par Éric Duhaime (qui ne cache pas ses tendances fascisantes) compte 14 000 adhérents, soit une multiplication fois 20 en quelques mois seulement. En France, selon les derniers sondages, avec Le Pen et Zemmour, l’extrême droite score à près de 20% et peut espérer poser les termes du débat aux Présidentielles cette année. Aux États-Unis, un sondage rapporte qu’un tiers de la population estime que la violence est légitime pour défendre la « démocratie » si les élections sont volées (référence à l’assaut du Capitole l’an dernier).
Tout aussi dangereux, les idées que véhiculent ces mouvements d’extrême-droite sont de plus en plus banalisées voire encouragées par les médias de masse. Elles pénètrent peu à peu le discours des politicien-nes « respectables » et « nuancés ». François Legault et tous ceux et celles qui appuient la loi 21 sous le prétexte de défendre une laïcité de pacotille (pour ne pas dire une « catho-laïcité ») ouvrent la porte à l’islamophobie en particulier, et au racisme en général, qu’ils soient rampants ou ouverts.
Le faux-débat clairement alimenté par la classe dirigeante entre « wokes » et « duplessistes » permet à Legault de se positionner en défenseur de la patrie pour mieux injecter son venin nationaliste identitaire et réactionnaire. Il permet également à une gauche déconnectée de la classe ouvrière de se donner un air de radicalisme. Au final, c’est l’ensemble du débat politique qui se déplace vers la droite et permet à l’extrême-droite de florir avec des conséquences tragiques bien réelles comme on a pu le constater en 2017.
Les chiffres sont clairs : les crimes et incidents haineux augmentent. Entre 2019 et 2020, date des dernières statistiques disponibles, les incidents haineux rapportés au SPVM ont crû de 307%. Les crimes haineux pour les personnes typées arabes sont stables avec pour les deux années comparées, mais ils augmentent de 2100% auprès des personnes en provenance d’Asie de l’Est et du Sud-Est, soit la plus importante augmentation.
Ces données prouvent qu’outre la montée de l’extrême-droite, la montée du racisme est corollaire à l’agressivité croissance de l’impérialisme. En effet, l’islamophobie est utile pour déshumaniser les populations du Moyen-Orient lorsqu’il s’agit de les bombarder et de les envahir pour les besoins du capitalisme financier et monopoliste en quête d’accès à des ressources naturelles et main d’œuvre bon marché comme de marchés où écouler ses surplus de capital. La sinophobie l’est tout autant et pour les mêmes raisons lorsqu’il s’agit de justifier l’engagement du Canada dans une « nouvelle Guerre froide » contre la Chine et de diaboliser ce pays pour faire adhérer la population au mythe du génocide ouïghour. Ainsi, lutter contre le racisme sans lutter contre l’impérialisme relève d’une hypocrisie flagrante.
Cependant, la lutte contre le racisme doit aussi être dirigée contre le capitalisme. En effet, c’est le patronat qui profite le plus du crime en s’assurant que les personnes racisées perçoivent un salaire moindre et soient marginalisées sur leur lieu de travail afin de miner toute tentative d’unité ouvrière, mais aussi de faire pression à la baisse sur les salaires en général.
Ainsi, contrairement au mythe entretenu par la classe dirigeante selon lequel il s’agit d’un acte isolé, le massacre du Centre islamique de Québec est le pur produit des besoins d’un capitalisme aux abois qui cherche par tous les moyens d’intensifier l’exploitation humaine ici et ailleurs. Ce faisant, il déploie une offensive idéologique des plus agressives qui donnent lieu à différents massacres comme celui de Québec, mais aussi celui de Christchurch en Nouvelle-Zélande et certainement plusieurs autres alors que la crise frappe de plein fouet les masses populaires et que les personnes racisées et immigrantes servent de bouc émissaire et d’échappatoire pour le capital.