Le Parti communiste du Canada exprime sa pleine et active solidarité avec les 55 000 travailleurs et travailleuses des postes en grève. Nous exigeons que Postes Canada présente une offre qui réponde aux exigeances de ses travailleurs et que le gouvernement fédéral respecte leur droit de grève.
Avec un vote de soutien à la grève de 95 % dans les unités urbaines comme rurales, les membres du STTP sont clairement prêts à s’opposer à l’érosion des salaires que les travailleurs des secteurs privé et public subissent depuis des années. Parmi leurs revendications figure l’élimination de la séparation du tri et de la livraison, une méthode de travail qui prolonge les heures de livraison et force le travail dans des conditions dangereuses et isolées. Cette méthode ouvre la porte à une exploitation accrue, permettant à l’employeur d’imposer des horaires et des charges de travail « flexibles » qui réduiraient à néant les gains obtenus de chaude lutte en matière de conditions de travail.
Postes Canada a émis un avis de lock-out la semaine dernière en espèrant que le gouvernement impose un arbitrage obligatoire en vertu des pouvoirs étendus conférés au ministre du Travail par l’article 107 du Code canadien du travail. Bien que le gouvernement ait jusqu’à présent déclaré qu’il n’interviendrait pas, nous avons déjà entendu des promesses de ce genre avant qu’il ne décide d’intervenir. Cette approche fait écho aux actions récentes dans les conflits au CN, à CPKC Rail et dans les ports de Montréal et de Vancouver. Le gouvernement y a effectivement criminalisé le droit de grève et ignoré les droits des travailleurs. En 2016 et à nouveau en 2018, la législation de retour au travail contre les postiers sous Harper, puis Trudeau, a finalement été jugée inconstitutionnelle. Aujourd’hui, plutôt que d’adopter une législation directe, l’utilisation de l’article 107 représente une attaque renouvelée et insidieuse contre les droits des travailleurs à l’échelle nationale, sapant davantage le pouvoir de négociation du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP). La mauvaise foi dont fait preuve Postes Canada dans les négociations (censée illégale) s’en retrouve récompensée.
Pour ne rien arranger, la dernière offre salariale de Postes Canada, soit une augmentation de 11,5 % sur quatre ans, ne suit pas le rythme de l’inflation qui a atteint 8 % pour la seule année 2022. Les prix de la nourriture, du carburant, des loyers et d’autres produits de première nécessité ont augmenté bien au-delà du taux d’inflation. Après des années de stagnation des salaires et d’érosion des avantages sociaux depuis l’ère Harper, la colère des postiers est compréhensible et justifiée. L’affirmation de Postes Canada concernant une perte de 3 milliards de dollars depuis 2018 est trompeuse : ce chiffre reflète les investissements dans de nouvelles installations de tri, de nouveaux véhicules et de nouvelles technologies. Pourtant, Postes Canada maintient son incapacité à offrir un salaire décent à ses travailleurs, et encore moins à leur garantir une retraite digne.
La « crise » fabriquée par Postes Canada vise également à justifier l’intervention du gouvernement. Une grande partie de ses activités a été redirigée vers Purolator, sa filiale, ce qui permet à Postes Canada de réaliser des profits tout en feignant des difficultés financières. Cette tactique profite aux intérêts des entreprises tout en réduisant les services publics et en servant de couverture à la privatisation. Cette lutte ne concerne d’ailleurs pas seulement les travailleurs postaux. Alors que le commerce électronique stimule la demande de livraison de colis, des entreprises privées comme Amazon, UPS, DHL et eBay sont autorisées à faire des profits tandis que les services postaux publics subissent des coupes budgétaires. Un véritable monopole public sur la livraison de colis renforcerait les services publics et garantirait des salaires équitables, mais la direction de Postes Canada et le gouvernement sont de connivence avec les grandes entreprises dans le cadre d’une privatisation sciemment orchestrée.
Le Parti communiste condamne la couverture médiatique de la grève. Les médias monopolistes et même les radiodiffuseurs publics du Canada se sont engagés dans une offensive de propagande en faveur du patronat. On y dépeint le syndicat et les travailleurs comme prêts à saboter Noël. On occulte le fait que les travailleurs ont été forcés de quitter leur emploi en raison des attaques de Postes Canada contre les travailleurs et du fait que le gouvernement a permis des négociations de mauvaise foi.
Le Parti communiste du Canada appelle tous les travailleurs et alliés à se mobiliser en solidarité avec les travailleurs postaux. La lutte pour que le gouvernement Trudeau mette fin à son utilisation draconienne de l’article 107 est une lutte pour l’ensemble du mouvement syndical. Ensemble, nous devons défendre les services publics, nous opposer à la privatisation rampante et protéger le niveau de vie et les droits de tous les travailleurs et travailleuses. L’avenir du service postal canadien – et les conditions de tous les travailleurs – dépendent de cette lutte vitale.
Comité exécutif central, Parti communiste du Canada