Le Parti communiste du Québec dénonce le caractère populiste de la récente annonce du gouvernement Legault qui impose cinq ans de service public pour les médecins formés au Québec.

Une telle mesure ne fait qu’apposer un cache-misère devant un système public de santé en état de délabrement. S’il est vrai que certains apprentis médecins sont courtisés par le privé et y pantouflent, leur nombre demeure relativement faible. Une telle mesure ne contrera pas les fermetures d’urgences et de maternités ni ne fera réduire le nombre de patients privés de médecins.   

En effet, le véritable problème du système de santé n’a fondamentalement rien à voir avec l’exode des jeunes médecins vers le privé, mais plutôt avec l’existence même de ce secteur. Au fil des années, les CLSC ont été remplacés par de Groupes de médecine familiale privés, la plupart d’entre eux sous la férule de monopoles comme Biron, dont un rejeton est aujourd’hui à la tête de la prétendue agence publique Santé Québec. Les décennies de coupes et de sous-financement au sein du système public de santé ont mené à la fermeture de sept hôpitaux à Montréal seulement pour être remplacés par deux méga-hôpitaux (CUSM et CHUM) construits en partenariats public-privé incapables remplacer les lits ainsi fermés. Le Québec compte ainsi parmi les nations de l’OCDE où le ratio lit – patient demeure le plus bas.

Legault et son gouvernement nous ont habitués aux déclarations clinquantes. À ce chapitre, on se rappelle la promesse d’en finir avec les agences de placement d’infirmières das le réseau, puis une entente avec les médecins spécialistes pour soi-disant enrayer les temps d’attente. Au final, ils ont dû rétropédaler pour l’une tandis que pour l’autre, le résultat se solde par une augmentation de 60% du nombre de patients sur liste d’attente depuis octobre 2020.

Dernière mesure en date, l’introduction de l’ex-projet de loi 15, soit la centralisation du système de santé derrière non plus des agences dépendantes de leur ministère titulaire, mais au sein d’une entreprise publique dont le but est d’orchestrer la mise en compétition du public avec le privé en vue de privatisation s’est faite sous prétexte de résoudre les problèmes afférents à la santé publique révélés par la pandémie de COVID19.

Justement, on sait que son but n’est autre que, sous couvert d’efficacité et de couper 1,5 milliards de dollars de dépenses dans la santé, donner la part belle aux féodalités économiques qui, tel un renard à l’odeur alléchée, cherchent à se saisir d’un fromage valant des milliards…

Ainsi, la dernière annonce de Legault n’est que poudre aux yeux et sert, en définitive, les intérêts du privé. Au lieu d’en combattre l’influence et de réinvestir dans la santé publique à hauteur nécessaire, plutôt que d’imposer les réformes nécessaires au système (à commencer par le salariat des médecins, l’amélioration des conditions de travail des différents intervenants, la revalorisation des CLSC au profit des GMF, etc.), le gouvernement s’affaire à s’assurer de mettre fin non seulement de facto mais aussi de jure au monopole public sur le service public de santé.

C’est ainsi que l’on doit comprendre l’annonce au sujet des cinq ans de service public pour les jeunes médecins. Il ne s’agit pas de limiter le privé, mais de semer les graines d’un cadre légal où la santé publique devrait se résumer comme base d’appoint à un système majoritairement privé. Un scénario à l’américaine produit par un Premier Ministre qui espère sceller de bonnes affaires avec Trump, d’ailleurs…

Aujourd’hui plus que jamais, nous devons lutter pour un rapport de forces ouvrier et syndical, populaire et démocratique forçant la main du patronat et de ses sultans-liges afin d’évacuer une fois pour toutes la logique de profits dans la santé.

Tant qu’une telle mesure ne sera pas imposée, toutes les annonces gouvernementales ne seront qu’imposture.