La crise du logement est devenue humanitaire au Québec comme au Canada. En 2024, le taux d’inoccupation descend sous la barre des 3%. Ce marché sous tension fait le bonheur des spéculateurs immobiliers : entre 2018 et 2024, les loyers ont augmenté de 50% au Québec. Cette donnée n’inclut pas la hausse record de pratiquement 6% cette année (elle-même suivant celle de 4% en 2024) qui assaille les locataires.

En 2022, plus de 200 000 ménages connaissaient des besoins impérieux en matière de logement, à savoir qu’ils habitent un logement « non acceptable » et doivent y consacrer plus de 30% de leurs revenus avant impôt. Par ailleurs, près d’un ménage sur quatre (23%) occupe un logement « non acceptable », à savoir qui ne répond pas à l’un des trois critères suivants : abordabilité, salubrité ou taille adéquate.

Une crise fabriquée

Ni l’immigration, ni la grève des travailleurs de la construction du secteur résidentiel ne sont responsables de cette crise. L’absence de logements n’est pas en cause non plus : à Montréal seulement, les mises en chantier ont crû de 64% entre 2024 et 2025. Pourtant, aucune des unités crées n’a pour objectif de résorber la crise du logement. Au contraire, il s’agit de construire pour servir les intérêts des spéculateurs immobiliers et maintenir actifs les quelques 200 000 salariés du secteur dans des projets de construction parasitaires.

On construit donc des tours d’ivoire vacantes pour Airbnb et autres plateformes de spéculation. Par le truchement fumiste de logement abordable, voire de logement « hors marché », soit deux concepts poreux, on cherche à se désengager de la construction de logements sociaux publics.

Construire pour le privé nous prive de logements.

Les trois paliers de gouvernements sont responsables

Les municipalités sont timorées à l’idée d’user de leur droit de préemption et ainsi réquisitionner les terrains dont elles ont droit pour construire du logement social public. Ce n’est pas une erreur de calcul, mais bien une profession de foi qui les inscrit en tant que courroie de transmission du capitalisme monopoliste d’État et, plus particulièrement, en tant que promoteurs immobiliers publics.

À l’échelon provincial, le fait que le dernier budget fasse l’impasse sur les la construction de logements sociaux est éloquent, rappelant de ce fait les priorités de la CAQ. En 2023, la ministre Duranceau pérorait avec son projet de loi 31 persiflant les droits des locataires au-delà de la simple cession de bail. De surcroit, Airbnb écume le terrain haussant la spéculation. La CAQ a fait du Québec un paradis pour la spéculation immobilière

Au fédéral, Carney espère régler la crise à travers des subventions indirectes aux spéculateurs. Il espère que le privé garde la main sur le secteur immobilier de sorte que, dans un contexte de crise et de volatilité économiques, la pierre serve d’assise pour un secteur financier qui bat de l’aile.

Solution : du logement social 100% public

Depuis 1994, soit plus de 30 ans, aucun logement social public n’a été construit au Canada. C’est une honte qui rappelle que la construction de logements se fait dans une logique de spéculation et non de provision.

Ainsi, la plupart des salariés doivent économiser un maximum pour soit accéder à la propriété à travers des hypothèques aux taux exorbitants, soit mobiliser une partie considérable de leurs revenus pour payer leur mensualité. Au final, c’est autant d’argent qui sera exclu de la circulation et ne servira qu’à graisser les rouages de la spéculation.

 La seule solution viable à cette crise humanitaire du logement, c’est l’implication de l’ensemble des paliers de gouvernement en faveur de la construction de logements sociaux publics. Les forces vives pour y parvenir ne manquent pas, pas plus que l’argent. On parle de 73 milliards de dollars (2% du PIB) pour satisfaire les besoins militaires des monopoles qui nous exploitent et siègent au premier rang des bénéficiaires immobiliers. Car oui, dans une économie de guerre des plus rentières, la spéculation immobilière et les crédits de guerre sont complémentaires.

Avec 73 milliards de dollars, il serait possible de construire plus de 216 000 logements. C’est pourquoi nous scandons : « de l’argent pour nos logements, par pour l’armement ».

Plus fondamentalement, nous luttons pour nous assurer que le logement soit extrait des paradigmes capitalistes et servent la classe ouvrière et les masses populaires.

Le Parti communiste appelle à lutter pour :
  • la construction en urgence de 100 000 unités de logement social au Québec;
  • un registre des loyers accessible publiquement, mais aussi des mesures législatives qui contrôlent le prix des loyers de sorte que personne ne doive consacrer plus de 20% de ses revenus au logement;
  • la réduction des dépenses militaires de 75% de sorte que les sommes ainsi obtenues soient réinvesties dans la construction de logements sociaux;
  • l’interdiction de la vente de terrains publics à des fins spéculatives;
  • la nationalisation des monopoles du logement (ex. : Capreight, Sergakis, etc.)
  • l’imposition à 100% des gains en capital, incluant les gains immobiliers – faisons payer les spéculateurs!