À l’issue de neuf jours de grève menée avec courage par les 2400 employés de maintenance de la STM, le conflit est loin de se résorber. Pour la première fois en 40 ans, les agents administratifs s’engagent à adopter eux aussi des moyens de pression incluant la grève et ce, à 87% des suffrages. Autre section d’employés, les machinistes et opérateurs de métro se sont dotés d’un mandat de grève à 99%.
Loin d’être circonscrite à Montréal, cette situation touche également Québec où les employés du RTC prévoient, si nécessaire, faire grève lors du Festival de Québec.
Dans ce contexte, le Parti communiste du Québec (PCQ-PCC) appuie les demandes justes des employés de transport qui, outre la question salariale, luttent contre le danger d’universaliser et banaliser le recours à la sous-traitance comme principale revendication. Ce faisant, ils s’attaquent à la privatisation de nos transports publics. Nous dénonçons également le battage médiatique et toute expression publique visant à prétendre que les grévistes, par extension les syndicats, assiègent la population. Nous condamnons les positions de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui, appelant les employés à adopter des moyens de pression autres que la grève, révèle à nouveau son a priori défavorable envers les travailleurs.
Un tel discours anti-syndical virulent ne sert que les intérêts d’un patronat qui craint la classe ouvrière organisée, particulièrement lorsque son combat attaque le capitalisme monopoliste d’État dans ses fondements. Il craint que les travailleurs et les ouvriers ne décèlent la supercherie et se solidarisent des grévistes.
Dans ce cas précis, on cherche à la jouer à l’envers en dédouanant les véritables responsables du problème, les trois paliers de gouvernement en premier lieu, mais aussi les sociétés de transport. Si elles accuseront un déficit de 2,5 milliards de dollars – la ministre Guilbeault prévoit en éponger 20% au maximum – ce n’est pas pour autant qu’elles doivent recourir à la sous-traitance et enclencher des « restructurations », euphémismes pour mettre en branle une véritable privatisation de nos transports publics.
Pendant ce temps, rappelons que la Présidente de la STM voit son salaire croitre de 6,5% en un an, atteignant 474 000$ par an…
On en constate déjà les effets néfastes : les usagers quant à eux devront éponger une hausse des tarifs de 3% en moyenne, voire de 4,5% lorsqu’il s’agit du prix de l’abonnement mensuel régulier, celui-ci atteignant 104,50$. Pour des tarifs en hausse, les usagers devenus « clients » devront se contenter d’un service à rabais, comme en témoignent les lignes « 10 minutes max » laminées. Même les employés passeront dans le tordeur : la sous-traitance cherche en fait à casser les statuts et ainsi faire pression à la baisse sur les salaires et conditions de travail dans un but de rendre la force de travail taillable et corvéable pour les compagnies privées.
Ainsi, le véritable problème, ce ne sont pas les salariés en grève, mais le financement déficient de nos infrastructures et transports publics. Car il ne s’agit pas que du métro, dont la moitié des stations sont en mauvais état, mais des infrastructures en général. On estime en effet que 23% d’entre elles sont en mauvais état – tous se rappellent le geyser dans l’est du centre-ville de Montréal – ce qui impliquerait un investissement de 2,5 milliards de dollars supplémentaires.
La solution passe donc par un réinvestissement massif dans nos infrastructures et nos transports publics. L’argent existe. Il suffit d’avoir l’audace de le mobiliser à bon escient et de rompre avec le pouvoir des monopoles.
À Ottawa, on prévoit 2 milliards de dollars supplémentaires pour attiser une guerre vaine de l’OTAN contre la Russie sur le sol Ukrainien. Carney promet que d’ici mars 2026, le budget militaire se sommera à 2% du PIB, soit 73 milliards par année. Ne soyons pas dupe : il ne s’agit pas de défendre la souveraineté canadienne, mais bien d’attiser les guerres de rapines des États-Unis et de ses alliés, à commencer par les sanglantes attaques contre l’Iran qui risquent d’embraser l’ensemble de la région.
À Québec, on appelle à une restructuration des finances des villes et, par ricochet, des sociétés de transports prétendument faute de moyens. Pourtant le scandale SAAQClic à lui seul nous coute collectivement 1 milliards de dollars, puis la privatisation du secteur de la santé a siphonné 3,6 milliards de dollars en 2023-2024…
Quant à l’échelon municipal, on préfère investir des millions, voire des milliards, pour financer la spéculation immobilière (notamment à travers le programme 20 – 20 – 20) plutôt que de construire des logements sociaux, entretenir les infrastructures et le transport publics.
Au final, le délabrement de nos infrastructures publiques et le déficit du transport en commun relèvent d’un choix politique. On s’en sert comme d’un instrument pour intensifier les plans d’austérité et de transfert d’argent du travail vers le capital.
Ainsi, la lutte des syndiqués des transports publics représente un potentiel de lutte éminemment politique. Elle commande donc l’entière solidarité de tous ceux qui ont à coeur l’expansion services publics, l’amélioration des conditions de travail de la classe ouvrière et le progrès social.