La pandémie du COVID-19 menace la santé et le bien-être de tous les peuples du monde, les plus vulnérables étant les travailleurs-euses, les peuples autochtones, les chômeurs-euses, les pauvres et les aîné-e-s. Ça prend une action immédiate de la part du gouvernement canadien et la coopération de la communauté internationale pour sauver des dizaines de milliers de vies et pour prévenir une profonde récession ou même une dépression qui ruinerait la vie de milliers de travailleurs-euses autour du globe.
Au Canada, la privatisation à outrance des services publics et les coupes budgétaires dans le système de santé ont accru le danger que la pandémie se répande. Des hôpitaux et des services de santé surchargés, combinés à la pauvreté généralisée, aux logements inadéquats, à un niveau de vie qui décline, au travail précaire, tout cela a exacerbé la crise et sont la conséquence de 30 ans de politiques néo-libérales mises en place par les gouvernements fédéraux et provinciaux libéraux et conservateurs.
À l’opposé, les gouvernements de Chine, de Cuba, du Vietnam et de la RPDC ont répondu rapidement et efficacement à la pandémie du COVID-19 dans leurs pays, ils ont confiné le virus et traité les personnes infectées, sauvant ainsi des centaines de milliers de vies, par le déploiement rapide de ressources de santé et de personnel, incluant la construction de seize hôpitaux d’urgence dans la ville et la région de Wuhan en Chine, ainsi que la construction d’un hôpital de 1000 lits dans une période d’une semaine.
Cuba et la Chine ont aussi envoyé des médecins et des équipes médicales en Italie qui est présentement l’épicentre de l’épidémie en Europe, alors que le gouvernement cubain rend disponible à tout pays les 22 drogues qu’il a développé pour combattre le COVID-19, incluant l’Interferon alfa-2b qui a prouvé son efficacité en traitant 1500 cas du virus en Chine.
Les pays socialistes ont été plus efficaces à combattre le coronavirus parce qu’ils peuvent mobiliser toutes leurs ressources publiques pour affronter la pandémie, alors que les pays capitalistes doivent faire affaire avec des compagnies pharmaceutiques multinationales et des systèmes de santé privés en quête de profit.
La recherche et la technologie menant au développement de vaccins contre le COVID-19 ne doivent pas être monopolisées par les grandes compagnies pharmaceutiques et les vaccins vendus à grand profit. Les brevets des vaccins doivent être propriété publique et utilisés pour assurer la santé et le bien-être de toute l’humanité.
Au Canada, les hôpitaux et les travailleurs-euses de la santé sont confrontés à la grandeur du pays à un système de santé extrêmement sous-financé, après trente ans de coupes budgétaires, et qui est incapable de gérer les 15 à 25 millions de personnes qui, anticipe-t-on, contracteront le virus tandis que la pandémie se répandra.
Le gouvernement canadien doit faire le même genre d’action immédiate pour sauver des vies aujourd’hui, et aussi pour sauver les moyens de subsistance. L’annonce de 82$ milliards de dépenses publiques par le gouvernement canadien, incluant 2$ milliards pour offrir de l’aide immédiate aux personnes qui se qualifient pour le chômage, et 5$ milliards pour celles qui ne qualifient pas et dont les emplois ont été négativement affectés par la pandémie est un début, mais ne suffira pas très longtemps. Considérant le coût du logement dans les villes où vivent la majorité des Canadien-ne-s, le paiement maximum de $900 deux fois par mois ne paiera même pas le loyer.
De plus, il y a des signes inquiétants qui laissent croire que le gouvernement tentera peut-être de saper les droits civiques, syndicaux et démocratiques avec l’imposition de mesures d’urgence qu’il prétendra nécessaires pour combattre la pandémie. Il faut empêcher cela et démontrer que cela constitue une menace à la démocratie.
Une action immédiate pour juguler la pandémie au Canada doit inclure:
Santé:
- Éliminer l’obligation de produire une carte d’assurance maladie; offrir des soins de santé à toute personne qui en a besoin;
- Financement immédiat pour ouvrir des sections et des lits fermés dans les hôpitaux, incluant le financement pour construire de nouveaux hôpitaux, pour le personnel et de l’équipement nécessaire;
- Financement immédiat pour l’embauche de personnel pour les hôpitaux et le système de santé au travers le pays en fonction des besoins, en ayant une attention particulière pour les communautés autochtones et du Nord, plusieurs d’entre elles ayant reçu des avis de faire bouillir leur eau, alors que presqu’aucune d’entre elles n’a d’hôpital ou d’établissement de santé, ainsi que le personnel adéquat pour faire face à la crise;
- Financement immédiat pour des visites aux domiciles des aîné-e-s et des personnes en quarantaine ou en auto-isolement, selon les besoins, pour inclure la livraison de nourriture, de médicaments et autres nécessités;
- Rendre toutes les prescriptions de médicaments gratuites et accessibles;
- Obliger les compagnies d’assurances à couvrir les coûts associés au COVID-19 et à toutes les maladies contractées par des résident-e-s canadiens à l’étranger;
- Financement et supervision immédiate des centres de soins de longue durée, où les aîné-e-s et les personnes handicapées font face au plus grand danger, où les ratios personnel/patient sont très élevés, et où le personnel est souvent contractuel, travaillant dans plusieurs établissements à la fois;
- Financement immédiat des services de santé publique, incluant une expansion du dépistage pour le virus COVID-19 et le rétablissement des unités de santé publique fermées ou coupées par les gouvernements de droite;
De plus, les États-Unis et le Canada doivent immédiatement lever les sanctions qu’ils ont imposées au Venezuela, à Cuba, l’Iran, la Russie, entre autres, lesquelles sanctions bloquent l’accès aux médicaments, à l’équipement médical, à la nourriture et autres nécessités, et qui contribuent à la propagation du virus, aux maladies et à la mort qui s’ensuit des plus vulnérables. Au lieu de sanctions, du militarisme et des tentatives de changement de régime, le Canada doit plutôt adopter une politique étrangère qui prône la paix mondiale et la justice climatique, les soins de santé et l’assurance-médicaments publique globale, l’éducation publique et le développement basé sur le droit à l’autodétermination, libre de toute interférence.
Le Canada doit aussi demander la fin du blocus illégal contre Cuba, qui a causé de graves pénuries et du rationnement suite au resserrement du blocus et à la mise en application du chapitre 3 de la loi Helms-Burton par l’administration Trump.
Fermer la frontière Canada-États-Unis n’arrêtera pas la propagation du virus au travers de l’Amérique du Nord, et autour du monde. Uniquement un système de santé public et bien financé peut faire une différence – un système qui est complètement absent aux É-U et dans plusieurs pays capitalistes du monde. C’est cette absence d’un système public de santé aux É-U qui est la plus grande menace pour le Canada aujourd’hui. Il est aussi la plus grande menace pour les travailleurs-euses pauvres et les chômeurs-euses aux É-U qui n’ont pas d’assurance-santé, ainsi que pour ceux et celles qui bien qu’ils aient des assurances mais n’ont aucune protection contre la propagation du virus et un système de santé axé sur le profit.
La pandémie COVID-19 est en train de pousser l’économie vers ce qui sera une récession profonde et prolongée, voire même une dépression. Mais elle n’est pas la cause de cette catastrophe économique qui approche. Ce sont les gouvernements capitalistes, agissant au nom des plus grandes compagnies canadiennes et multinationales, qui en sont la cause, eux qui ont fait passer leur voracité et leur besoin d’avoir toujours plus de profits avant les besoins du peuple pour des services publics forts, pour un système de santé public bien financé et développé, pour un approvisionnement adéquat de logements sociaux abordables, pour des emplois, des pensions et des revenus décents qui permettent aux travailleurs-euses de vivre en santé, pour une action environnementale qui stoppera les changements climatiques.
Ce sont les politiques néolibérales et le capitalisme à l’échelle globale qui menacent la vie, les emplois et la sécurité des travailleurs-euses au Canada et autour du monde. Le racisme et la xénophobie qui marque la récente déclaration de Trump à l’effet que le COVID-19 serait « le virus chinois » ne vise qu’à faire porter la responsabilité de la pandémie sur la Chine et sur les Chinois-Américain-e-s aux É-U, et ainsi cacher le vrai coupable, soit le système de santé privé axé sur le profit des É-U. Le racisme et la xénophobie ne doivent pas être tolérés et doivent être dénoncés par les gouvernements et le public à chaque fois qu’ils font surface.
Le gouvernement canadien doit agir rapidement pour protéger les droits des travailleurs-euses, leurs salaires et revenus, incluant les emplois et revenus des travailleurs-euses à temps partiel et précaires, ceux et celles qui travaillent dans la « gig » économie, ainsi que les sans-emplois, ceux et celles avec des revenus fixes, qui sont dans le secteur sans but lucratif et les petits propriétaires de petites entreprises.
Protection des emplois et salaires:
- Garantir des congés-maladie à tous les travailleurs-euses et éliminer les billets de médecins;
- Rendre l’assurance-chômage non-contributoire, universel et immédiatement accessible à tous les travailleurs-euses, incluant ceux et celles qui sont à temps partiel et/ou précaires ainsi que ceux et celles à la recherche d’un premier emploi, et ce, pour toute la durée du chômage, à 90% de l’ancien salaire ou 90% d’un revenu annuel viable;
- Établir dès maintenant un revenu annuel garanti viable;
- Protéger les travailleurs-euses dans les secteurs de la santé, des soins de longue durée et autres services d’urgence avec la fourniture de services de garde d’urgence;
- Adopter une loi contre les fermetures d’usine pour freiner les fermetures injustifiées et les licenciements;
- Imposer l’application du droit de tous les travailleurs-euses – syndiqué-es ou non – de refuser un travail dangereux;
- Imposer l’application des directives de santé contre COVID-19 dans les milieux de travail, avec des pénalités pour les employeurs qui violent ces directives; mettre en place des lignes téléphoniques (hotlines) pour dénoncer les infractions des employeurs;
- Les prêts aux entreprises ne doivent pas devenir des fonds de sauvetage publics comme durant la crise économique de 2008-2009. Le financement public doit servir à acheter un capital public (une part publique de l’entreprise), ou la propriété publique de toute l’entreprise, en fonction de l’intérêt public (ex. énergie, banques, transport);
- Faire de la Banque du Canada la première institution de prêts pour les achats publics, les investissements dans les services publics et les dépenses en capital.
- Convertir les dépenses militaires en dépenses civiles pour la santé publique, les hôpitaux, les lits, le personnel et l’équipement, la recherche médicale, le dépistage pour le COVID-19, et pour la protection des emplois, des salaires et des revenus des travailleurs-euses, pour les malades, les aîné-e-s et les pauvres;
Logement:
- Interdire les évictions, rénovictions et saisies hypothécaires;
- Loger les sans-abris avec du logement social d’urgence, temporaire et permanent;
- Fournir des logements d’urgence sur les réserves et dans les communautés nordiques et isolées;
Dette:
- Différer les dettes personnelles, incluant les hypothèques et les prêts;
- Éliminer la dette étudiante;
- Annuler les dettes de cartes de crédit;
Une Reprise populaire
Des économistes nous mettent en garde que la récession dans laquelle entre le Canada et le monde capitaliste sera longue et résultera un haut taux de chômage à cause des faillites, des licenciements et des fermetures d’entreprises.
Les patrons et leurs gouvernements essaieront de faire passer les coûts de la récession sur les dos des travailleurs-euses en coupant leurs salaires, en privatisant les actifs et services publics, en réduisant les taxes des entreprises et en libéralisant les activités rentables des plus grandes banques et des entreprises canadiennes et multinationales. Cela veut dire que les politiques d’austérité seront renforcées, ce qui ruinera notre jeunesse, la classe ouvrière et l’économie, préparant le terrain pour une nouvelle récession éventuelle. Leur objectif est d’obtenir une reprise « capitaliste », tout comme le fut la reprise de 2008-2009, laquelle a mené à la récession actuelle et à la perte de bons emplois, d’emplois manufacturiers à valeur ajoutée, d’emplois syndiqués, de services publics, une baisse du salaire réel et du niveau de vie, et à l’appauvrissement absolu et relatif de la classe ouvrière et des plus pauvres.
Une Reprise Populaire est la seule voie de sortie, le seul chemin pour aller de l’avant vers une meilleure vie pour tous et toutes.
Une Reprise Populaire veut dire que le gouvernement doit adopter une stratégie de plein emploi pour créer de bons emplois et augmenter les salaires, les pensions et le revenu pour tous et toutes. Ça veut dire un niveau de vie qui augmente, non pas qui se dégrade. Cela implique d’avoir une stratégie industrielle durable pour l’environnement pour créer des emplois industriels et manufacturiers à valeur ajoutée. Cela implique la construction d’un système de transports public axé sur le transport en commun et ferroviaire gratuit; une politique énergétique qui construit à partir d’énergie renouvelable, et qui garantit des emplois et des salaires aux travailleurs-euses déplacés par le passage de l’énergie non-renouvelable à la renouvelable, et qui reconnait les droits des Peuples autochtones au consentement libre, préalable et informé à tout développement sur leurs terres. Nous avons besoin d’une reprise qui inclut la construction d’un million d’unités de logements sociaux au travers le pays, l’expansion de l’assurance-maladie à l’assurance-médicaments, aux soins de longue durée, aux soins dentaires, aux soins de la vue et de la santé mentale. Nous avons besoin d’une éducation post-secondaire gratuite, de l’expansion des programmes sociaux incluant un système public universel de garderies de qualité. Et nous avons besoin d’une reprise qui inclut une véritable action pour arrêter les changements climatiques, et nous avons besoin d’en finir avec la soif du Canada pour le militarisme, les changements de régime et la guerre. À la place, ces dépenses massives pour la guerre doivent être redirigées vers le financement de la Reprise et d’un programme populaire pour le Canada.
Pour réussir ce programme, il faudra mener une lutte unitaire des mouvements syndicaux et populaires à travers le pays. Tout comme l’assurance-maladie qui avait été gagnée durant les années 1960 grâce à une action politique de masse, unie et indépendante, nous pouvons gagner aujourd’hui.
Comme le démontre la propagation rapide et globale du COVID-19, il n’y a pas de temps à perdre.
Comité Exécutif Central
Parti Communiste du Canada
19 mars 2020