Le Parti communiste du Québec dénonce le plan pour une relance verte de François Legault qui ne représente rien de plus qu’un plan de subventions patronales camouflé sous une fausse prétention écologique. Nous joignons notre voix à tous ceux et celles qui s’y opposent et appelons à la mobilisation contre cette mascarade

Vert, ce plan n’en a même pas le nom. En effet, les cibles qu’il propose ne représentent que 50% de celles qui font consensus auprès des scientifiques, soit la réduction de nos émissions de CO2 de 30% d’ici 2030 par rapport au niveau de 2005. Le 50% restant est relégué aux calendes grecques. Il est également à noter que Legault lui-même refuse de faire des cibles un objectif contraignant. Autrement dit, les entreprises pourront continuer à polluer à un niveau qui nous garantit de rater la cible la plus réaliste capable d’empêcher le réchauffement climatique à plus de 1,5 degrés. Ce plan nous mène à la catastrophe. 

Comble du ridicule, ce plan ne s’attaque pas aux hydrocarbures, pas même au projet de GNL Québec qui à lui seul rendrait vains tous les maigres efforts fournis jusqu’à présent dans la réduction des émissions de GES. 

De plus, une partie du financement se fera en ayant recours aux différentes bourses du carbone donc à travers le commerce de droits de polluer. Hydro-Québec, en vendant de l’énergie verte au Massachusetts, couvrira les émissions d’entreprises polluantes!  

Il apparait clair que le gouvernement de la CAQ n’a pas soudainement pris conscience de l’enjeu climatique. Il a simplement pris conscience que l’enjeu écologique lui permettrait d’accumuler un peu plus de capital politique. 

Les seules garanties de ce plan ont été accordées au patronat, qui est le seul groupe à l’accueillir favorablement d’ailleurs. En effet, sous couvert de “concurrentialité” ou d’aides à la transition énergétique pour les plus gros pollueurs, le plan Legault propose de généreux financements aux entreprises privées. Un exemple risible que le gouvernement met de l’avant en est la subvention de 8000$ à ceux et celles qui seraient tentés (et qui en auraient les moyens) d’acheter des voitures électriques. Ce n’est ni plus ni moins qu’un cadeau pour les monopoles automobiles alors que cet argent aurait mieux fait d’être investi dans un système de transports collectif, public et gratuit et créateur d’emplois.  

Croire que les entreprises n’en profiteront pas pour réorganiser la production, intensifier le rythme de travail (notamment à travers le télétravail souvent vanté comme bénéfique pour l’environnement) et organiser des mises à pied est illusoire. Il serait tout aussi illusoire de penser que les compagnies privées aient un intérêt quelconque dans la défense de l’environnement. Défendre l’environnement, réduire les émissions de gaz à effets de serre implique que les entreprises capitalistes aient un intérêt autre que celui d’accumuler du capital et reverser des dividendes aux actionnaires. 

Derrière le plan en soi se cache un véritable hold-up social. Les chiffres parlent d’eux-même: plus de 6 milliards de dollars seront investis pour une relance que seul la CAQ ose qualifier de verte. Or, cet argent servira principalement les intérêts des compagnies privées. En pleine crise sanitaire, alors que nous avons pu constater les conséquences tragiques de l’effondrement de notre système de santé, ne serait-il pas plus judicieux de réinvestir massivement dans nos services publics? D’en faire le coeur de la relance de l’activité économique? De désinvestir et taxer les grandes entreprises qui sont les principales responsables de la crise environnementale? 

Communistes, nous soutenons qu’une relance ne peut être véritablement verte que si elle est fondamentalement basée sur les intérêts des masses populaires et non des actionnaires. La question écologique ne peut être dissociée de la nécessité de s’attaquer au système basé à la fois sur l’exploitation de la classe ouvrière et sur le pillage des ressources naturelles afin de maximiser les profits pour une minorité exploiteuse et parasitaire. 

Pour une sortie de crise qui réponde aux besoins des travailleurs et travailleuses et renforce la justice environnementale et climatique, le Parti communiste du Québec demande : 

  1. La mise sous contrôle public et démocratique des ressources naturelles et des secteurs-clés de l’économie. Cette mesure permettra de soustraire l’exploitation des matières premières et une grande partie de leur transformation de la mainmise des grands monopoles. Ce sont eux qui perpétuent la logique extractiviste. Le contrôle public et démocratique permettra également de s’assurer que les populations, en particulier les peuples et nations autochtones, prennent part aux décisions d’orientation de ces entreprises devenues publiques.

  2. La nationalisation des banques et du secteur financier, qui, s’il n’a plus à répondre à la cupidité de ses actionnaires, devront, sous pression et mobilisation populaire, annuler tout investissement vers des fiducies ou entreprises polluantes. 

  3. L’abandon du projet de GNL Québec qui à lui seul rendra vains tous les efforts de réduction de GES depuis 1990.

  4. Le retrait immédiat des accords dits de libre-échange (ACÉUM, Partenariat transpacifique “global et progressiste”, AECG…) qui mettent nos économies en compétition et se soldent par des pertes d’emploi massives. Ils permettent aussi aux grandes compagnies multinationales d’être juges et partis en cas de différends commerciaux si une loi environnementale lèse la capacité à générer des profits. Ces accords, véritables constitutions taillées sur mesure pour les grandes entreprises, forcent également les producteurs et productrices agricole à compétitionner entre eux et elles. Au Québec en particulier, cette compétition force les plus petits d’entre eux et elles à entrer en compétition avec les grandes exploitations états-uniennes, donc à une agriculture de plus en plus intensive et polluante. 

  5. Le retrait immédiat de l’OTAN et de Norad à travers lesquels le Canada est lié à l’armée états-unienne qui pollue plus que 140 pays.

  6. La réduction des dépenses militaires de 75%, le complexe militaro-industriel étant le secteur économique le plus polluant au monde. Liée à cette demande, nous exigeons que le Canada abandonne tout projet d’achat de nouveaux avions de combat et cesse immédiatement le financement annuel au projet des nouveaux F-35 de Lockheed Martin.
       
  7. Le désinvestissement de la Caisse de Dépôts et de Placements ainsi que de tous les fonds de pension de toute entreprise polluantes.

  8. L’interdiction de pesticides dangereux comme le glyphosate (Round-Up).

  9. L’inscription du concept d’écocide dans une Constitution québécoise et l’application de lois contraignantes permettant de poursuivre criminellement les entreprises qui continuent de polluer. Polluer est un crime!

  10. La construction de transports en commun électriques et  gratuits.

  11. La reconversion d’emplois liés à des secteurs polluants vers des secteurs durables sans perte de salaire et sans baisse des conditions de travail.   

Parti communiste du Québec, Comité national, 28 novembre 2020