Le Budget fédéral promet une reprise au profit des entreprises, des fonds pour l’OTAN, le NORAD, l’industrie militaire et la guerre, le tout payé par la classe ouvrière, les privé-es d’emploi, les femmes et la jeunesse.
Loin d’être transformateur, le budget fédéral présenté lundi n’est qu’une autre longue liste de cadeaux pour les grandes entreprises au Canada, de même que des sommes importantes consacrées à l’OTAN, au NORAD, à l’achat d’avions et de navires de combat. La classe ouvrière sera appelée à payer pour cette reprise au bénéfice des entreprises et des plus riches, de même que pour la nouvelle politique étrangère de guerre et de changement de régime que suit le Parlement.
Derrière une autre promesse fortement médiatisée, celle d’implanter un système de garderies pancanadien, les Libéraux prévoient des baisses d’impôts massives qu’ils masquent comme des mesures incitatives supposées « aider » l’industrie de l’énergie à réduire son empreinte carbone énorme. Ils offrent d’autres cadeaux directs au patronat comme c’est le cas avec le programme de Subvention salariale d’urgence qui, depuis sa création, n’a fait que renflouer les caisses du patronat et a permis aux actionnaires de se partager la cagnotte. Le budget promet également trois ans de radiations d’impôts pour les entreprises à hauteur de 1,5 million par année et ce, pour 325 000 entreprises, ce qui signifie une perte de 2,2 milliards de dollars en revenus. On y retrouve les 5,9 milliards de dollars en plan de sauvetage pour Air Canada et combien d’autres compagnies d’aviation qui espèrent autant de subventions publiques? Il prévoit également des milliards de dollars en subventions pour payer pour les couts de numérisation d’entreprises rentables, et encore plus afin de payer 28 000 jeunes et étudiant-es de juin à novembre pour garantir à ces compagnies l’accès au savoir-faire technique.
Le budget inclut également 95 milliards de dollars en « dépense de relance » pour l’industrie de l’armement (soit pour payer les nouveaux avions et navires de combat qui seront utilisés en cas de participation canadienne aux guerres et actes d’agression dirigés par les États-Unis à travers le monde). La jeunesse canadienne paiera également le prix de cette frénésie va-t-en guerre notamment à travers le recrutement des jeunes privé-es d’emploi, mais aussi par les handicaps, les syndromes post-traumatiques voire la mort qui en est le prix ultime.
Cependant, les actes et les investissements essentiels à se sortir de la pandémie et de la crise économique dont elle est le catalyseurs sont, pour la plupart, absents. Cette absence aura raison de plusieurs vies.
Absente de ce budget : la santé publique
– 14 journées de congé de maladie payées par l’employeur pour tous les travailleur-euses;
– Des standards pancanadiens pour les maisons de retraite 100% publiques et opérées par l’Assurance-Maladie;
– L’Assurance-Médicaments pour tous et toutes;
– La nationalisation de l’industrie pharmaceutique, permettant la recherche, le développement, la production et la distribution de vaccins et d’autres médicaments au prix coutant au Canada;
– Augmentation massive des investissements en santé publique à travers le pays;
– Expansion du système d’assurance-maladie pour inclure les soins psychologiques, dentaires et oculaires, puis les soins de longue-durée et l’assurance-médicaments;
– Création d’une entreprise publique destinée à produire des équipements de protection personnelle au Canada.
Ces actions sont cruciales pour sauver des vies et en finir avec cette pandémie, mais aussi pour se préparer aux pandémies à venir.
Absent du budget et nécessaire immédiatement :
– Une réforme de l’Assurance-Chômage pour la rendre non-contributoire, accessible à tous les privé-es d’emploi et ce, pour toute la durée de la période de chômage et à hauteur de 90% du revenu;
– Introduction d’un revenu annuel viable garanti;
– Augmentation substantielle du Régime de pensions du Canada, de la Pension pour la sécurité de la vieillesse, du Supplément de revenu garanti et les rendre accessibles à partir de 60 ans, et non 75 ans;
– Augmentation du salaire minimum à 23$ l’heure, un salaire viable qui permettra à tous les travailleur-euses au pays de payer leur loyer et nourrir leurs enfants.
Absente du budget : une réforme pour un système d’imposition progressif
Promettre 12 milliards de dollars en abattement fiscal pour les travailleur-euses les moins bien payés ne changera pas grand-chose. En revenche, éliminer l’impôt sur les revenus de moins de 40 000 dollars, sabrer dans la TPS et dans les taxes à la consommation fera beaucoup pour augmenter les conditions et la qualité de vie de millions de travailleur-euses à bas salaires ou précaires.
Augmenter les impôts aux entreprises et aux plus nantis en :
– Doublant le taux d’imposition aux entreprises, restaurant la taxe sur le capital et taxer les gains en capital à 100%;
– Abolissant les échappatoires fiscales et les paradis fiscaux, en récoltant les impôts des entreprises différés;
– Introduisant un impôt sur la fortune et l’héritage des plus riches;
– Levant les fonds nécessaires à la création d’emplois, l’expansion de programmes sociaux, la transition vers une industrie énergétique et une économie canadienne vertes, durables et sous contrôle public, l’augmentation des salaires et des conditions de vie.
Absent du budget : agir contre les changements climatiques
– Nationalisation des entreprises énergétiques, fermeture des sites d’extraction des sables bitumineux, construction d’une industrie énergétique publique et renouvelable et garantie des emplois et des salaires des travailleur-euses qui quitteront l’industrie des combustibles fossiles;
– Plafonner les émissions de CO2 et faire payer les pollueurs pour les chantiers d’assainissement;
– Halte aux oléoducs;
– Agir alors qu’il est encore temps.
Absent du budget : la création d’emplois et le plein emploi
– Bâtir des industries manufacturières à valeur ajoutée, revaloriser le secteur secondaire;
– Construire une industrie de l’acier de base sous contrôle public;
– Construire un réseau de transports, y compris un réseau ferroviaire publics;
– Restaurer une industrie de construction navale canadienne;
– Introduire la semaine de travail à 32 heures payées à 40;
– Accompagner les femmes dans leur ré-insertion au marché du travail en construisant et en finançant un système de services de garde universel, de qualité et public maintenant (fini les vœux pieux!);
– Mettre fin aux mises à pied, aux coupes des programmes et au démantèlement de l’Université laurentienne de Sudbury et financer l’éducation post-secondaire au Canada afin d’éliminer les frais de scolarité et les dettes étudiantes maintenant;
– Retrait des accords de libre-échange rédigés sur mesures pour les grandes compagnies;
– Appui à l’agriculture familiale, au système de gestion de l’offre et garantie de la sécurité alimentaire.
Absent du budget : le logement social
– Construire un million de logements sociaux abordables en 10 ans et réduire les prix des loyers.
Absente du budget : une politique étrangère de paix et de désarmement
– Retrait de l’OTAN et du NORAD;
– Réduction du budget militaire de 75% et réinvestissement dans des programmes sociaux;
– Fin au commerce et à l’exportation d’armes.
Le budget fédéral n’est qu’un écran de fumée. Les engagements les plus importants ne seront implantés qu’après plusieurs années, soit bien après le mandat de ce gouvernement ou du prochain. D’autres, comme le système de service de garde, dépendent de l’appui financier des gouvernements provinciaux. Ce n’est que moyennant une lutte massive à travers le Canada pour lui donner vie.
Sous plusieurs aspects, ce budget agit à titre de plateforme électorale pour un gouvernement minoritaire qui espère une élection rapidement afin de transformer l’essai et gagner une majorité.
Ce sont les « incitatifs fiscaux » (baisses d’impôts pour les entreprises), les plans de sauvetage pour les grandes compagnies, le financement public de la numérisation et de l’innovation de compagnies privées qui opèrent au Canada, les dépenses de 95 milliards de dollars pour de nouveaux avions et navires de guerre en plus de milliards additionnels pour l’OTAN et le NORAD pas encore adoptés au Parlement qui seront implantés en priorité.
L’autre certitude de ce budget sont les coupes dans les aides d’urgence vitales pour les privé-es d’emploi et les travailleur-euses précaires qui, dès juillet, verront ces montants passer de 500 à 300$ par semaine pour terminer en septembre alors que les revenus de l’Assurance-Chômage prendront fin en septembre 2022.
Ces coupes sont à prévoir même si le ministre des Finances admet que le taux de chômage est élevé et continue de croitre en pleine pandémie et en pleine crise économique qui est loin d’être terminée au Canada comme ailleurs dans le monde.
Les mouvements syndical, démocratiques et populaires doivent s’organiser et s’unir contre ce budget rédigé pour les grandes entreprises et exiger les mesures nécessaires à une issue populaire à cette crise.
Comité exécutif central, 21 avril 2021