Le Parti communiste du Québec (PCQ-PCC) condamne le projet du gouvernement Legault visant à instaurer une taxe ciblant les adultes non-vaccinés sans raison médicale. Une telle mesure n’a rien de sanitaire en plus d’imposer, par voie dérobée, la casse du service public de santé et des services publics en général. Elle s’inscrit dans un ensemble de manœuvres et de politiques qui, plutôt que sanitaires, visent à conforter le patronat et donner la fausse impression que le gouvernement contrôle la situation.
Pour assurer une mission de service public, deux prérequis essentiels doivent être remplis : d’abord le monopole public et le caractère universel du service fourni. Or, avec une taxe ciblant les adultes non-vaccinés, la logique même d’universalité est abandonnée. De plus, à partir du moment où une contribution complémentaire est exigée pour accéder aux soins de santé, bien souvent les assurances privées complémentaires se saisissent de l’occasion et en font une opportunité d’affaires, minant ainsi l’autre aspect au cœur des services publics : le monopole public.
Bien qu’elle soit justifiée par le pic d’infections à la COVID19 et qu’elle fasse donc partie des mesures anti-COVID, rien n’indique qu’une fois la situation sous contrôle, cette taxe sera abolie. Au contraire, cette annonce semble plutôt révéler les plans à plus long terme du gouvernement Legault : sauver le système public de santé en achevant sa privatisation et son démantèlement. Réintroduire la logique de taxe régressive dans le système de santé par voie dérobée pour l’universaliser ensuite fait partie de cette stratégie à long terme. Seules les compagnies d’assurances privées en sortiront gagnantes. Parions que leurs patrons se frottent les mains au gel hydroalcoolique!
La pandémie de COVID19 a prouvé à quel point trente ans de politiques de démantèlement, de sous-financement chronique, d’ouverture et de mise en concurrence de notre service public de santé avec le privé l’ont laissé dans un état désastreux. Avec un manque à gagner de 11 milliards de dollars pour revenir au niveau de soins d’avant les premières coupes draconiennes du déficit zéro, des conditions de travail exécrables (temps supplémentaire obligatoire, salaires de misères, horaires inhumains, etc.) forçant au départ des milliers de personnel hospitalier, une gestion des ressources en flux tendu, il ne fait aucun doute que notre système était loin de pouvoir répondre aux besoins de la population en cas de pandémie. Il n’est qu’une caserne équipée pour éteindre un feu de paille soudainement confronté à un brasier généralisé qui ne bénéficie que de 2,5 lits pour 1000 habitant-es, un des taux les plus bas de l’ensemble de l’OCDE.
Or, au lieu de pallier le problème sérieusement, réinvestir massivement, ouvrir de nouveaux lits (rappelons que lors du déficit zéro, 7 hôpitaux montréalais avaient dû fermer leurs portes) au cours des deux dernières années, le gouvernement CAQ a poursuivi ses politiques pro-patronales et antisyndicales. Qu’à l’arrivée d’un variant en décembre dernier qui finirait par menacer de saturer le système de santé n’était qu’une question de temps.
Faussement pris au dépourvu, le gouvernement n’a eu de cesse d’annoncer de nouvelles mesures, la plupart du temps contradictoires pour faire croire qu’il contrôle la situation. D’un côté, il impose un couvre-feu et de l’autre, demande au personnel soignant et hospitaliser infecté à la COVID19 de retourner au travail. Il force la fermeture des restaurants à quelques heures du réveillon pour la même raison, mais annonce le retour en classe pour le 17 janvier à quelques jours de préavis seulement, empêchant ainsi les écoles de se doter de protocole sanitaire approprié. Il laisse savoir également que la durée d’isolation pourrait être réduite pour tous les salarié-es, mais ne se dote pas des moyens nécessaires pour savoir si une personne est porteuse ou non de la COVID avec la restriction d’accès aux tests PCR et une pénurie d’auto-tests anti-géniques.
Devant de telles mesures contradictoires, il sort sa nouvelle carte : une taxe santé pour les adultes non-vaccinés afin de faire de cette catégorie minoritaire de la population un bouc émissaire. La manœuvre est éminemment politique. À quelques mois des élections, elle permet de créer de toute pièce une opposition de droite à la CAQ et d’envoyer les plus virulents des conspirationnistes vers Éric Duhaime. Il laisse le soin à Québec solidaire de jouer le rôle d’opposition de gauche, permettant à la CAQ d’avoir l’air modérée et centriste et d’achever son travail en laminant le Parti québécois et le Parti libéral. Le patronat s’attable déjà pour profiter d’une CAQ hégémonique en octobre prochain…
Cette manœuvre est également pratique lorsqu’il s’agit de détourner l’attention des débats de fond. En effet, au lieu de s’attaquer à trente ans de politiques de casse systématique de notre système de santé, de nos services publics et de notre industrie, la marotte anti-vax est agitée pour occulter la responsabilité de François Legault et de son gouvernement dans l’état délabré de nos services publics – qu’il s’apprête de toute façon à démanteler au complet.
L’ensemble des récents points de presse brillent par un aspect qui leur est commun : à aucun moment la priorité est d’assurer la santé des québécois-es. Il s’agit plutôt d’épargner le système de santé, exactement comme lors de la première vague alors qu’Horacio Arruda s’évertuait à mimer comment il entendait « applatir la courbe » de cas. Autrement dit, en pratiquement deux ans, aucun progrès n’a été accompli. La capacité du réseau de santé n’a pas été augmentée, le nombre de personnel hospitalier et soignant n’a pas crû, le nombre de lits disponibles a chuté passant de 17 000 à 12 000 à cause justement du manque de personnel à cause d’une gestion en flux tendu, aucun laboratoire n’a été réquisitionné pour fabriquer des tests PCR et antigéniques en nombre suffisant, etc.
C’est là le triste bilan, sur le long terme, de la gestion de la pandémie par François Legault. Cette vision étriquée de la gestion de la pandémie basée sur la primauté des profits plutôt que sur l’accès aux soins et aux services publics pour éventuellement apprendre à vivre avec le virus a un cout honteusement meurtrier : plus de 30 000 personnes ont péri depuis mars 2020.
Ces morts n’étaient pas une fatalité. Elles auraient pu être évitées. S’il est vrai qu’en mars 2020, personne ne savait sur quel pied danser, que nous soyons aux prises avec le même problème 22 mois plus tard n’est ni plus ni moins qu’un constat d’échec à la fois de la part de François Legault, mais aussi des partis d’opposition qui ont, somme toute, accompagné la gestion de la crise ne se permettant aucune critique de fond ou alors, quand celles-ci ont commencé, elles étaient trop peu et trop tard.
Communistes, depuis le début de la pandémie, nous répétons qu’une sortie de cette crise passe par l’expansion des services publics et l’application de politiques de santé publique qui ne soient pas à la solde des intérêts économiques monopolistes privés. Or, avec la « taxe antivax » ainsi qu’avec l’expansion du passeport vaccinal à certains commerces, le gouvernement ne fait pas qu’éroder certaines libertés individuelles, mais il annonce clairement que son plan de sortie de crise non seulement n’inclut pas le refinancement de nos services publics, mais au contraire, qu’il cherche à en achever le démantèlement.