Le Parti communiste du Québec réserve un accueil mitigé devant les résultats de l’élection partielle d’Arthabaska remportée sans équivoque par le candidat péquiste, Alex Boissonneault, avec 46,3% des suffrages. Il succède ainsi à Éric Lefebvre, élu sous la bannière caquiste en 2022, étendard qu’il laisse pour siéger comme indépendant en 2024 avant son élection comme député conservateur fédéral le 28 avril dernier.
Si d’un côté, nous ne pouvons que pousser un soupir de soulagement devant la défaite d’Éric Duhaime, empêchant ainsi l’entrée au Salon bleu du populiste Parti conservateur qu’il dirige, il reste que les résultats prouvent une montée et un ancrage des idées réactionnaires bien réels.
D’emblée, même s’il ne remporte pas la mise, le Chef du Parti conservateur ne perd pas la face pour autant. En 2022, sa formation recevait 24,7% des suffrages alors que trois ans plus tard, il franchit la ligne d’arrivée avec 35,1%, soit une augmentation de plus de dix points de pourcentage et ce, malgré une participation record (près de 60%) pour une partielle organisée en plein été de surcroit. Ajoutons que l’antienne du cordon sanitaire, à savoir un vote « stratégique » anti-Duhaime, a été invoquée tout au long de la campagne; ce qui permet aux conservateurs de transformer la défaite en victoire.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, tant lors de la campagne comme en général, le Parti québécois s’efforce d’ancrer son projet politique dans les attentes du patronat, mais aussi de la droite populiste.
À cet égard, le député Pascal Bérubé affirme : « ce que l’électorat a voulu exprimer avec Éric Duhaime, on va en tenir compte. » La question de l’indépendance, galvanisante pour son importante base, n’explique pas à elle seule sa remontée spectaculaire – la formation nationaliste ne comptait que sur 10% des suffrages en 2022.
Premier test électoral pour le nouveau Chef du Parti libéral, on ne peut prétendre que l’exercice ait été couronné de succès. Certes, il s’agit d’une partielle dans une circonscription plutôt hostile aux Libéraux, mais force est de constater que le report de voies se soit effectué essentiellement de la CAQ vers le PQ.
Car s’il est un grand perdant à ce scrutin, il s’agit incontestablement de la Coalition avenir Québec dont le candidat ne réussit à amasser que quelques broutilles obtenant 7,2% des suffrages. Son prédécesseur s’était fait élire avec près de 52% des voix il y a trois ans. Édifiant, ce vote de sanction à l’encontre du parti au pouvoir n’est pas surprenant et confirme la tendance lourde observée depuis la défaite dans Jean-Talon en 2023. Bien sûr, il n’est pas question d’engager le pronostic vital du parti, ni de prédire les résultats des élections de 2026. Cependant, il semble clair que l’union nécessaire entre la droite économique du PQ et les éléments plus nationalistes du Parti libéral autour d’un programme de casse sociale ne tienne plus devant le pouvoir personnel émaillé de François Legault. Autocritique, retraite du caucus, remaniement ministériel de même que la promesse d’un coup de barre austéritaire lors de la dernière année pourraient suffire à convaincre le patronat, mais l’opinion publique sera beaucoup plus difficilement séduite, à moins d’un deus ex machina comme la combinaison de Carney et l’arrivée de Trump à la Maison blanche…
Ce retour projeté à une alternance PQ – PLQ ne change en rien la nature du pouvoir à Québec : les monopoles capitalistes continueront de se l’arroger, peu importe le véhicule qu’ils choisiront. En effet, aucun parti représenté à l’Assemblée nationale ne propose de rompre avec les féodalités économiques qui affament, exploitent, délogent et tuent. Même Québec solidaire, sans en être une courroie de transmission, accompagne le pouvoir des monopoles et cherche à l’humaniser. Cette tactique de compromission et de collaboration, historiquement, ne fonctionne pas. D’ailleurs, les résultats de la partielle d’Arthabaska le prouvent : de 9,2% en 2022, la social-traitrise doit se contenter d’à peine 1,5% en guise de consolation…
Heureusement pour la classe ouvrière, les travailleurs et les masses populaires du Québec, les élections de 2026 compteront sur un nombre maximum de candidats communistes qui, à défaut d’être élus, feront campagne pour leurs intérêts et se serviront de cette opportunité pour défendre un projet politique de confrontation au pouvoir des monopoles et résolument tourné vers la transformation révolutionnaire et sociale.
