Le premier budget du premier ministre Carney concrétise les promesses faites dans le discours du Trône du printemps dernier : des coupes massives dans les dépenses sociales et les services publics, entraînant la suppression de 40 000 emplois et la perte de services dans tous les secteurs publics ; des hausses énormes des dépenses militaires, alignées sur les demandes extravagantes des États-Unis et de l’OTAN visant 5 % du PIB (soit 150 milliards $ par année) pour les préparatifs de guerre, la militarisation de l’économie et l’expansion de la GRC, du SCRS et des corps policiers à travers le pays ; l’expansion des exportations pétrolières et gazières et la construction des pipelines nécessaires ; le développement accru de l’extraction minière (terres rares et autres minerais), tout en réduisant le financement des services aux peuples autochtones et en tentant d’acheter leur silence face aux projets de pipelines ; l’abolition des plafonds d’émissions et l’abandon de toute politique environnementale ; une réduction annuelle de 10,3 milliards $ en impôts corporatifs ; des restrictions à l’immigration, y compris la baisse du nombre d’étudiants étrangers et de travailleurs temporaires ; la suppression de la couverture de santé pour ces travailleurs ; le durcissement des peines d’emprisonnement et des conditions de libération sous caution ; et plus encore, dans un document budgétaire de 500 pages.
Plutôt que de créer des emplois, ce budget détruira des postes essentiels et des services vitaux que la population désire et dont elle dépend. Il mènera à une privatisation généralisée et rapprochera le Canada du modèle américain. Il mettra en place un complexe militaro-industriel colossal, étroitement intégré aux États-Unis par l’OTAN et le NORAD, au service de la politique étrangère américaine de guerres, d’invasions et de renversement de gouvernements souverains. Il affaiblira encore davantage la souveraineté du Canada et augmentera la menace d’une guerre mondiale, possiblement nucléaire, autrement dit : la fin du monde.
Ce budget prétend renforcer l’indépendance canadienne, mais plongera le pays encore plus profondément dans l’orbite américaine, soumis à ses exigences politiques et économiques, notamment par le biais de l’accord de libre-échange AEUMC (CUSMA), à renégocier en 2026.
Les « elbows up » de Carney ne sont pas dirigés contre Trump, mais contre la classe ouvrière canadienne : contre les femmes, les jeunes, les personnes immigrantes, les Autochtones, les agriculteurs et les syndicats. Son acharnement à reconduire l’AEUMC à n’importe quel prix ne fait que prolonger le désastre des trente-sept années de libre-échange qui ont dévasté l’emploi, la souveraineté économique et les droits des travailleurs.
Ce budget rappelle les coupes de 6 milliards $ et les 50 000 licenciements dans la fonction publique imposés par les libéraux de Chrétien dans les années 1990, mais il va encore plus loin, en redirigeant massivement les fonds publics vers le militaire et la guerre.
La politique industrielle libérale vise à soutenir les monopoles privés, les banques, les entreprises de ressources naturelles et l’industrie de l’armement, et non les 40 millions de travailleurs qui créent la richesse au Canada.
C’est un budget qui accentuera les inégalités sociales et économiques, salué d’ailleurs par le Fonds monétaire international (FMI), bien connu pour ses politiques économiques brutales et ses conditions de prêt draconiennes dans les pays en développement. C’est un budget de guerre, un budget corporatif et un budget d’austérité, qui doit être renversé par une large coalition populaire regroupant le mouvement syndical et les forces démocratiques partout au pays.
Le Parti communiste du Canada revendique un budget au service du peuple, pas des profits corporatifs :
- Financement accru des services publics et des programmes sociaux universels — aucun licenciement, aucune privatisation.
- Sauvegarde de la livraison postale à domicile et mise en place d’un service bancaire postal pour protéger et élargir les emplois et services.
- Mise en œuvre intégrale des Appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation et de l’enquête sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées.
- Réduction de 75 % des dépenses militaires, avec transfert des fonds vers les services publics, la petite enfance, le logement social public et la création d’emplois bien rémunérés.
- Rétablissement de la taxe de luxe sur les riches, doublement du taux d’imposition des entreprises, et recouvrement immédiat des impôts différés et cachés.
- Une politique étrangère indépendante, fondée sur la paix et le désarmement.
- Retrait du Canada de l’OTAN et du NORAD ; annulation des achats de navires de guerre et d’avions de chasse.
- Une politique commerciale multilatérale et mutuellement bénéfique.
- Retrait immédiat de l’AEUMC (CUSMA).
- Une politique économique favorisant le développement d’industries secondaires et manufacturières canadiennes, créant des emplois stables et bien payés.
- Construction massive de logements sociaux publics, gérés par une société d’État, non par des promoteurs privés : le peuple avant les profits.
- Gel et baisse des prix des aliments, du carburant et du logement.
- Nationalisation des industries automobile et sidérurgique ; production de véhicules, transports publics, avions et trains dans des usines canadiennes reconfigurées.
- Adoption de lois anti-fermetures d’usines, exigeant que les entreprises justifient publiquement toute mise à pied ou délocalisation devant des tribunaux pouvant imposer des amendes et des peines de prison.
- Assurance-emploi à 90 % du salaire antérieur, pour toute la durée du chômage, couvrant tous les travailleurs.
- Semaine de travail de 32 heures payée 40 heures.
- Abolition de l’article 107 du Code du travail et des lois de retour au travail imposées par Ottawa ou les provinces ; défense du droit de grève, de piquetage et d’organisation par l’adoption d’une Charte des droits des travailleurs intégrée à la Constitution.
Ce budget est une catastrophe pour la classe ouvrière et pour le Canada. C’est un budget conservateur livré par un gouvernement libéral minoritaire.
Les conservateurs appuient le contenu du budget, mais non le gouvernement ; c’est pourquoi ils voteront contre, afin de provoquer des élections et de pouvoir eux-mêmes mettre en œuvre cette offensive de guerre, d’austérité et de privatisation, y compris celle du système de santé public, qui générerait 65 milliards $ de profits pour de nouveaux propriétaires corporatifs américains.
Le Bloc québécois, les Verts et le NPD sont prêts à appuyer le budget si certaines de leurs demandes sont satisfaites. Le Parti communiste est le seul parti politique à s’y opposer frontalement et à appeler à la formation d’une coalition populaire pour bloquer sa mise en œuvre à l’échelle du pays.
C’est un budget anti-ouvrier et anti-populaire, qu’il faut exposer et combattre dès maintenant.
Comité exécutif central – Parti communiste du Canada
5 novembre 2025
