Qu’est-ce que le capitalisme?

Le système économique dans lequel nous vivons est le capitalisme. Dans ce système, les moyens de production sont essentiellement de propriété privée; les capitalistes exploitent leurs usines, leurs banques et leurs bureaux, leurs mines, leurs opérations forestières, leurs industries de transports et de services dans le but d’en tirer des profits. La source de ces profits et de l’accumulation du capital est l’exploitation de la classe ouvrière, c’est-à-dire de tous les travailleurs et travailleuses manuels et intellectuels. Le travail humain, de pair avec la nature, est la source de toute richesse matérielle et de toute valeur culturelle.

Sous le capitalisme, les travailleurs et travailleuses ne possèdent aucun moyen de production. N’ayant pour source principale de revenu que leur capacité de travailler, ils doivent vendre leur force de travail à des capitalistes en échange d’un salaire afin de pouvoir vivre. La classe ouvrière constitue la grande majorité de la population dans des pays capitalistes tels que le Canada. Elle comprend des travailleurs et des travailleuses, syndiqués ou non, œuvrant dans tous les secteurs de l’économie, ainsi que des chômeurs, des personnes sous-employées et leurs familles.

Aujourd’hui, le système encourage les travailleurs et travailleuses à investir dans des actions et des obligations d’épargne, et leurs fonds de pension sont devenus un important bassin de capitaux pour l’investissement et la spéculation sur les marchés boursiers et monétaires. Cela a pour effet d’augmenter l’accès des capitalistes à des fonds supplémentaires pour l’investissement, tout en créant l’illusion chez les travailleurs et travailleuses qu’ils ont une quelconque influence sur les décisions économiques et la politique des entreprises. Mais en réalité, le « capitalisme populaire » n’est qu’une ruse; la classe capitaliste en conserve le contrôle exclusif.

Le conflit fondamental entre le capital et le travail est inhérent au système capitaliste. Les capitalistes, qui contrôlent les principaux moyens de production, n’emploient des salariés qu’aussi longtemps que cette main-d’œuvre leur rapporte des profits. Ils maintiennent les salaires au plus bas niveau possible afin d’extraire de plus grands profits de l’exploitation de leurs employés. Ces derniers luttent pour maintenir leurs salaires et obtenir des augmentations, améliorer leurs conditions de vie et de travail, et accroître leurs droits économiques, politiques et sociaux. Tel est l’aspect central de la lutte des classes sous le capitalisme, qui touche l’ensemble de la société, et qui, à une certaine étape, pousse la classe ouvrière à la lutte révolutionnaire en vue de changer le système social lui-même.

Sous le capitalisme, le processus de travail est réalisé grâce aux efforts communs d’un grand nombre de travailleurs et travailleuses, œuvrant dans des ateliers, des usines et des bureaux. Mais, s’il est vrai que le travail et le processus de production sont socialisés, en revanche, les fruits du travail sont privatisés par les propriétaires des moyens de production. Cette contradiction fondamentale – entre le caractère social de la production et l’appropriation capitaliste privée des marchandises produites – est à l’origine de tous les maux du capitalisme : le chômage, l’insécurité économique et sociale, la pauvreté généralisée, les crises économiques et les guerres.


En même temps, le capitalisme produit aussi ses propres fossoyeurs : la classe ouvrière.

Le développement du capitalisme au Canada

Au Canada, les rapports capitalistes remontent aux premiers jours de la colonisation européenne et de l’assujettissement des peuples autochtones. Les structures coloniales ont violemment été imposées dans le contexte du capitalisme mercantile, axé principalement à ses débuts sur le commerce du poisson, des fourrures et du bois entre les colonies et la France et l’Angleterre. Avec l’expansion de la colonisation et l’accumulation du capital, les premières petites entreprises capitalistes font leur apparition. Peu à peu, des activités de plus grande envergure en particulier dans le secteur forestier et la construction navale voient le jour.

Au moment de la Confédération, en 1867, l’expansion industrielle est déjà en plein essor, grâce au développement du transport maritime et ferroviaire ainsi qu’à l’introduction de la machine à vapeur et d’autres progrès technologiques.

En tant que colonie dépendante, le Canada est dominé par des capitaux britanniques. Cependant, au début du XXe siècle, la dépendance commerciale et la dette envers la Grande-Bretagne sont peu à peu remplacées par une dépendance encore plus grande envers les capitaux et la technologie des États-Unis. C’est alors que le capital basé aux États-Unis prend le contrôle des secteurs clés de l’économie canadienne, notamment dans le domaine manufacturier et celui des ressources naturelles. Ce processus aura pour effet d’accroitre l’intégration et la dépendance du Canada envers l’économie des États-Unis, plus que tout autre pays capitaliste développé. Situation qui, à son tour, accentue les distorsions dans la structure de l’économie canadienne. La présence grandissante des multinationales des États-Unis et d’autres pays aura pour effet d’accroitre les pressions pour l’exploitation des ressources naturelles canadiennes. Cela entrainera également une fuite massive et croissante de profits, d’intérêts, de tarifs et d’autres transferts de capitaux, freinant du coup les nouveaux développements, la création d’emplois et la recherche, tout en facilitant la pénétration politique et culturelle de l’impérialisme états-unien.

Le capitalisme au Canada aujourd’hui

Le capitalisme concentre la richesse et la propriété des moyens de production entre les mains d’un nombre toujours plus restreint de personnes. Au Canada, comme partout ailleurs, les petits producteurs, les commerçants et les agriculteurs sont acculés au pied du mur par de plus grandes entreprises capitalistes. C’est parallèlement dans un tel contexte de concurrence acharnée du capitalisme primitif que les monopoles commencent à émerger. Quelques grandes entreprises, dans lesquelles ont fusionné le capital bancaire et le capital industriel, manipulés par une poignée de magnats du capital financier, en sont venues à dominer l’ensemble de l’économie. Tel est le stade du capitalisme monopoliste, fondement économique de l’impérialisme, à savoir : le stade suprême et final du développement capitaliste.

Le capital financier, résultat de la fusion du capital bancaire et du capital industriel, est devenu la forme dominante de capital au Canada. Ce capital financier – tant canadien qu’étranger – contrôle des entreprises multinationales et des banques géantes qui opèrent partout dans le monde en tenant de moins en moins compte des intérêts nationaux.

Le capitalisme monopoliste actuel se caractérise principalement par le rôle dominant des sociétés multinationales. Les investissements et la spéculation dus à des flux toujours croissants de capital financier international déstabilisent les marchés nationaux et régionaux, ainsi que le système capitaliste mondial dans son ensemble. La lutte pour la suprématie mondiale parmi une poignée de multinationales géantes – dont plusieurs exercent un pouvoir économique supérieur à celui des gouvernements et des économies nationaux – accélère rapidement à la fois la concentration des richesses (par le biais de fusions, d’acquisitions et de partenariats d’entreprises) et l’accroissement de la pauvreté à l’échelle mondiale. Le développement inégal, une caractéristique propre à toutes les étapes du capitalisme, atteint des proportions sans précédent sous l’impact de la mondialisation capitaliste.


Malgré son pouvoir économique et idéologique actuel, le capitalisme monopoliste se voit plongé dans une profonde crise systémique dont il ne peut finalement se sortir; une crise économique, politique et culturelle généralisée, qu’il cherche à résoudre en intensifiant l’exploitation, l’agression et la guerre.

Le capitalisme monopoliste d’État

Le capital financier soumet toujours plus directement l’État canadien à ses intérêts et à son contrôle. Le capitalisme monopoliste d’État – c’est-à-dire l’intégration ou la fusion des intérêts du capital financier avec l’État – constitue une nouvelle étape de l’expansion du contrôle des entreprises dans tous les secteurs de la vie économique et politique. Le gouvernement, malgré le fait qu’il donne l’impression d’être indépendant des intérêts spécifiques des entreprises, n’en est pas moins devenu, pour l’essentiel, l’instrument politique d’un petit groupe au service des plus importants capitalistes monopolistes qui exercent un contrôle sur le reste de la société. Le capital financier utilise l’État pour se procurer des contrats, des capitaux et des subventions, afin de s’assurer des marchés et investissements étrangers. Le capital monopoliste soutient l’expansion du secteur public – tant des services que des entreprises – lorsque cela sert ses intérêts, et à d’autres moments, il utilise l’État pour imposer des compressions budgétaires et privatiser. L’État sert également à redistribuer les revenus et la richesse dans l’intérêt des monopoles, par le biais du système fiscal et des lois visant à réduire les salaires et à affaiblir le mouvement syndical.

Le capitalisme monopoliste d’État sape les bases de la démocratie bourgeoise traditionnelle. La soumission de l’État aux intérêts du capital financier mine le rôle déjà réduit des organismes gouvernementaux élus, fédéraux, provinciaux et municipaux. Les grandes entreprises interviennent ouvertement dans le processus électoral pour leur propre compte, mais aussi de façon indirecte par le biais d’un réseau d’instituts et de groupes de réflexion favorables aux entreprises. Elles exercent un contrôle sur les médias de masse pour influencer les idées et les attitudes de la population, afin d’influer de manière flagrante sur les résultats des élections. Les grandes entreprises corrompent le processus démocratique en achetant politiciens et fonctionnaires. Elles bafouent les droits politiques du peuple canadien d’exercer tout choix important, favorisant ainsi l’aliénation et le cynisme généralisés de la population à l’égard du processus électoral.

Dans les conditions actuelles de la mondialisation capitaliste, le capital financier international a également besoin d’institutions de régulation reconnues et soutenues par les États impérialistes afin de protéger et promouvoir ses intérêts. Pour imposer son hégémonie mondiale, ainsi que plusieurs blocs économiques régionaux visant à protéger les intérêts des centres impérialistes respectifs, il a amplifié le rôle des institutions capitalistes internationales existantes telles que l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Ces puissantes structures internationales sapent la souveraineté nationale et étatique, donnant ainsi lieu à de nouveaux conflits et contradictions au sein du système de régulation capitaliste monopoliste.

L’État capitaliste monopoliste moderne, quelles que soient ses formes, a pour objectifs principaux la préservation du système capitaliste et, en particulier, l’enrichissement des monopoles. Cela exige la répression du mouvement ouvrier et de son avant-garde révolutionnaire, mais aussi l’écrasement des derniers pays socialistes et des luttes de libération nationale dans le monde. La résurgence des partis et mouvements fascistes et suprématistes blancs témoigne de l’accentuation des contradictions du système capitaliste, qui cherche à détruire toute opposition à ses objectifs voraces.

Le capitalisme canadien et les multinationales

Le Canada est un pays impérialiste, c’est-à-dire un État capitaliste monopoliste très développé. Même s’il détient le plus haut niveau de propriété étrangère parmi les pays impérialistes, le Canada n’est ni une colonie ni une semi-colonie. Les multinationales canadiennes participent à l’exploitation des masses laborieuses d’autres pays, et le Canada est soumis à toutes les contradictions propres au capitalisme mondial.

Le capital financier canadien est aujourd’hui étroitement lié aux sociétés multinationales états-uniennes et au capital financier international en général. L’imposition de politiques néolibérales – en particulier les soi-disant accords de « libre-échange » – a intensifié ce processus d’intégration capitaliste sous la domination des États-Unis. Les groupes monopolistes canadiens contrôlent de nombreux secteurs de l’économie ainsi que l’État canadien, mais le capital financier international – principalement celui des sociétés multinationales états-uniennes – contrôle d’importantes parties des secteurs des ressources naturelles, de la fabrication de biens et des services. Ces niveaux élevés de propriété étrangère ont accentué les déséquilibres structurels et les inégalités régionales au sein de l’économie canadienne. La domination des États-Unis mine la capacité du Canada et des autres pays des Amériques à contrôler leurs économies nationales respectives. D’importantes décisions en matière de politique d’investissement, de changements technologiques, de fermetures d’usines et de congédiements sont prises hors de nos frontières. Aucun secteur de l’économie canadienne n’est à l’abri de l’influence des sociétés multinationales états-uniennes et d’ailleurs.

Simultanément, on assiste à une centralisation rapide de la richesse du secteur canadien de l’économie entre les mains d’un groupe extrêmement restreint de conglomérats et de multinationales. En conséquence, l’économie canadienne est fortement monopolisée, même en comparaison avec d’autres pays impérialistes. Les capitaux canadiens s’exportent maintenant à un rythme croissant. Plus qu’un partenaire secondaire de l’impérialisme états-unien, le monopole canadien fait désormais partie intégrante du système impérialiste mondial. Les intérêts monopolistes canadiens sont étroitement liés à ceux des capitaux états-uniens et, de plus en plus, aux capitaux de l’Union européenne et du Japon.

La collaboration entre les secteurs les plus réactionnaires des monopoles états-uniens et des monopoles canadiens se manifeste clairement dans la politique étrangère. La subordination délibérée du Canada à l’impérialisme états-unien l’engage à suivre la politique de guerre des États-Unis, par l’entremise de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et d’un réseau d’autres accords de « défense ». Les politiques d’intégration économique et militaire, adoptées par le secteur dominant du capital financier, ont fait du Canada une rampe de lancement militaire pour le complexe militaro-industriel états-unien, et un participant actif aux guerres d’agression des États-Unis et de l’OTAN.

Les monopoles canadiens ont leurs propres intérêts indépendants à protéger et à promouvoir. Cependant, l’actuelle tendance dominante au sein des milieux monopolistes canadiens vise non seulement l’intégration économique et la collaboration politique avec l’impérialisme états-unien, mais aussi avec le capital financier international en général. Dans leur quête de maximisation des profits, les monopoles canadiens sont prêts à sacrifier la souveraineté économique et politique du pays, à condition de conserver une part raisonnable du pillage des ressources naturelles du Canada et de son marché intérieur, tout en élargissant l’accès aux grands marchés états-uniens, panaméricains et mondiaux.

La relation de dépendance du Canada à l’égard de l’impérialisme états-unien nous a coûté cher en matière de développement. Elle a accéléré l’épuisement de nos ressources naturelles, diminué notre degré d’autosuffisance en matière de production alimentaire et d’autres produits de base, aggravé les déséquilibres propres au développement inégal du Canada; réduit fortement la recherche et le développement, ainsi qu’éliminé des emplois dans pratiquement tous les secteurs de l’économie.

Une plus grande intégration du Canada à l’impérialisme états-unien va carrément à l’encontre de la volonté, exprimée par la grande majorité des Canadiens et Canadiennes, de défendre la souveraineté et l’indépendance de leur pays. La lutte contre la domination des États-Unis pour une véritable indépendance du Canada et une politique étrangère indépendante s’inscrit dans la lutte mondiale contre la mondialisation capitaliste, l’agression impérialiste et la guerre.

La lutte pour la démocratie et la souveraineté est une composante nécessaire et fait partie intégrante du processus révolutionnaire canadien. Elle exige une lutte concertée contre le principal ennemi du peuple canadien, à savoir : le capital financier, tant canadien qu’international. Pour mener à bien cette lutte, la classe ouvrière aura à jouer un rôle de premier plan.

Le capital financier et le peuple canadien

La concentration, la centralisation et l’internationalisation du capital, en constante augmentation, ont creusé un fossé vertigineux entre les monopoles et la majorité des Canadiens et Canadiennes.

L’idée selon laquelle le capitalisme serait une société de consommation et d’abondance, capable de survivre à toutes les crises économiques et pouvant assurer le plein emploi et des conditions de vie toujours meilleures, est fausse. L’idée selon laquelle la croissance économique et la création d’emplois sont possibles, en augmentant la productivité et la compétitivité internationale, est également fausse. Sous toutes ses formes, le capitalisme agit à l’encontre des intérêts de la classe ouvrière. Étant donné que ce système est fondé sur l’exploitation des travailleurs et travailleuses par le capital à des fins lucratives, il ne saurait y avoir de sécurité réelle pour les masses laborieuses. La course effrénée du capital pour le profit, son exploitation et son accélération sans cesse croissante tend à saper tous les gains salariaux obtenus au gré des luttes. En même temps, le capital monopoliste tire d’immenses profits des salariés, et des masses laborieuses en général, par sa manipulation du système monétaire et de crédit, ainsi que la politique fiscale du gouvernement qui redistribue le revenu national en faveur des riches.

Le capitalisme canadien confirme la loi générale de l’accumulation de Karl Marx, à savoir que le capitalisme crée partout plus de richesse privée, mais pousse également plus de gens vers le travail salarié (prolétarisation), le chômage et la pauvreté. Une part croissante de la classe ouvrière se voit contrainte d’accepter des emplois précaires, sans sécurité d’emploi ni avantages sociaux.

Le capitalisme monopoliste d’État profite également de la classe ouvrière en la divisant par l’oppression systématique des femmes, des jeunes, des Autochtones et des personnes racisées, des personnes 2S/LGBTiQ (bispirituelles, lesbiennes, gais, bisexuelles, transgenres, intersexuées, queer), des personnes handicapées et des personnes vivant dans la pauvreté. C’est un système qui dépouille les gens de leur dignité humaine.

Les monopoles et les multinationales perpétuent la surexploitation des femmes en tant que travailleuses, ainsi que l’oppression sexiste des femmes et des filles au sein de la société. L’offensive du capital financier contre les niveaux de vie et les droits sociaux les frappe plus durement. Elles se voient refuser un salaire égal pour un travail de valeur égale, et leurs salaires et revenus continuent d’être inférieurs à ceux des hommes. Les femmes au Canada, en particulier, les racisées, les transgenres et les autochtones, font face à des taux de chômage plus élevés. De nombreuses femmes demeurent dans le secteur des services à bas salaires, où prédominent celles qui sont issues de communautés marginalisées. En outre, nombre d’entre elles continuent d’effectuer un travail à domicile rémunéré et non rémunéré, où il leur est très difficile de se syndiquer.

Le capital monopoliste fait obstacle à l’avancement professionnel des femmes, à l’établissement de garderies d’enfants, aux congés parentaux entièrement payés, au libre choix en matière de procréation et à leur pleine participation à la vie politique. Elles sont également plus durement touchées par les compressions budgétaires dans les services sociaux et les attaques contre les pauvres.

La violence à l’égard des femmes demeure très répandue. Les femmes autochtones, les femmes racisées, les femmes en milieu rural, les femmes trans et les travailleuses du sexe en sont particulièrement touchées. Malgré la violence physique et psychologique généralisée envers elles ainsi que leur déshumanisation, le financement public destiné aux refuges pour femmes, aux centres d’aide aux victimes de viol et autres établissements essentiels à leur égard s’en trouve réduit.

L’oppression fondée sur le sexe entrainant la pauvreté, la violence et la discrimination fait partie intégrante du capitalisme. Même si le patriarcat existait avant le capitalisme, ce système économique l’a transformé et intégré au profit de la classe capitaliste. En outre, la suppression des identités et expressions de genre en dehors des relations et des identités binaires de genre et non hétérosexuelles fait également partie intégrante du système capitaliste patriarcal, pour assurer la préservation de la famille nucléaire et ainsi garantir la reproduction de nouveaux travailleurs à exploiter par la classe capitaliste.

Alors qu’elles constituent près de la moitié de la main-d’œuvre rémunérée au Canada, les femmes continuent d’effectuer la majeure partie du travail domestique non rémunéré dans notre société et dans le monde entier. Bien que ce travail non payé ne fasse pas directement partie du cycle de l’exploitation capitaliste, il joue néanmoins un rôle clé dans le processus de formation de chaque nouvelle génération de travailleurs et travailleuses. Ce double fardeau est l’une des formes les plus importantes d’oppression des femmes sous le capitalisme.

Le capitalisme monopoliste refuse à la jeunesse canadienne un avenir prometteur. Un nombre croissant de jeunes hommes et de jeunes femmes sont confrontés au chômage et au sous-emploi. Les compressions budgétaires dans l’enseignement public créent un système à deux vitesses, ouvrant la porte à la privatisation totale de l’éducation. Les étudiants des collèges et des universités doivent faire face à des frais de scolarité toujours plus élevés et à des dettes écrasantes, l’éducation postsecondaire devenant de moins en moins accessible aux jeunes issus de la classe ouvrière et des couches moyennes.

Ce monopole engendre un racisme systématique qu’il utilise pour générer des superprofits et créer des boucs émissaires afin de détourner les masses populaires de la lutte pour l’emploi, la santé publique, l’éducation et l’amélioration des niveaux de vie. Le capitalisme canadien possède une longue histoire de racisme. Les théories racistes de la suprématie blanche ont été utilisées pour justifier le pillage brutal perpétré contre les peuples autochtones. Le racisme, la xénophobie, la discrimination régionale, le sexisme, l’antisémitisme et d’autres formes de discrimination – y compris la discrimination contre les gais, les lesbiennes, les bisexuels et les transgenres; contre les nations et minorités nationales opprimées; contre les immigrants, les minorités et communautés culturelles, les groupes religieux et les athées; contre les travailleurs et travailleuses âgés, les retraités et les personnes handicapées, ainsi que la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle, l’identité et l’expression de genre – sont utilisés pour diviser la classe ouvrière et affaiblir l’unité des luttes populaires.

Le capitalisme engendre des crises

Malgré sa capacité de produire d’immenses richesses, le système capitaliste moderne au Canada souffre d’une crise qui s’aggrave à tous les niveaux. Cette crise systémique comporte de nombreux éléments : récession économique cyclique, chômage structurel de masse, crises agricoles, environnementales et sociales, entre autres. Le capital financier se sert de ses abondantes ressources, dont l’État canadien, pour tenter de gérer cette crise et maintenir sa domination de classe. Mais il ne parvient pas à résoudre les contradictions fondamentales et inhérentes à l’origine de la crise systémique du capitalisme.

L’économie capitaliste fonctionne par cycles d’expansion, de crise, de dépression et de reprise. L’expansion est périodiquement suivie d’une surabondance de produits sur le marché. Puis, viennent les fermetures d’usines, les mises à pied de travailleurs et travailleuses, non pas parce que la population n’a plus besoin des produits fabriqués par ces entreprises, mais parce que les marchandises ne se vendent plus en quantités et à des prix pouvant assurer un niveau de profit satisfaisant pour les capitalistes. La capacité de production entre donc en conflit avec le pouvoir d’achat restreint des masses populaires. Et, après une lente reprise, le cycle recommence encore une fois pour aboutir à sa phase de crise. Ces crises périodiques de surproduction relative sont une caractéristique indissociable du capitalisme. Les capitalistes tentent de faire porter le fardeau de ces crises sur le dos des masses laborieuses qui se voient contraintes de riposter.

La régulation de l’économie elle-même par l’État est en crise. Le keynésianisme – une politique réformiste bourgeoise faisant appel à une intervention limitée de l’État – a largement été mis en œuvre au cours de la phase d’expansion économique prolongée après la Seconde Guerre mondiale, afin de stabiliser les économies capitalistes, d’affaiblir le militantisme et l’internationalisme en le détournant des mouvements de la classe ouvrière, ainsi que d’affaiblir le puissant attrait qu’exerçait alors la voie au socialisme. Si les prescriptions keynésiennes ont aidé les gouvernements capitalistes à atténuer temporairement les pires effets des crises cycliques, en revanche, elles n’ont finalement pas réussi à les prévenir. Elles ont plutôt nui aux intérêts du capital financier tout en élargissant le secteur public et en étendant les protections limitées des salaires et revenus pour les masses laborieuses – le soi-disant « État-providence » –, entravant ainsi l’accumulation et la centralisation du capital. Les intérêts des sociétés multinationales, en particulier, sont entrés plus profondément en conflit avec les politiques keynésiennes de régulation de l’État, qui tendaient à freiner les flux de capitaux internationaux et l’activité des sociétés multinationales en général. Ces politiques keynésiennes ont également plongé l’État capitaliste dans une énorme dette publique, dont les frais de service auront principalement été assumés par les masses laborieuses.

Vers le milieu des années 1970, l’aggravation de la crise force le capital financier à rejeter les politiques économiques keynésiennes pour se tourner vers le néolibéralisme. Sous le slogan de « Retour au marché libre », les gouvernements capitalistes du Canada et d’ailleurs commencent à imposer un programme dévastateur et antipopulaire, mais favorable aux entreprises, qui prévoit la libéralisation ou le « libre » échange, la déréglementation et la privatisation, des réductions d’impôt sur les sociétés, une intensification des attaques contre les droits syndicaux et démocratiques, ainsi que diverses mesures visant à faire baisser les revenus réels et le niveau de vie des masses laborieuses au profit des banques et des monopoles.

Ce changement substantiel vers une politique néolibérale se montrera très efficace à stopper la baisse du taux de profit et à l’inverser temporairement, tout en accélérant l’accumulation et la concentration de la richesse entre les mains de l’élite capitaliste au pouvoir. Mais ces politiques entraineront également une baisse du pouvoir d’achat de la grande majorité de la population, et le seul moyen de maintenir la demande globale de produits et services aura été d’accorder des crédits bon marché qui, au fil du temps, ont considérablement alourdi le fardeau de la dette supporté par les ménages comme par les gouvernements.

Au début des années 2000, cette « bulle de la dette » avait atteint des niveaux insoutenables, avant d’éclater lors de la « crise économique mondiale » de 2007-2008, la crise capitaliste la plus importante, la plus étendue et la plus longue depuis la Grande Dépression des années 1930. La production et le commerce international se sont alors effondrés, et le chômage de masse, la pauvreté ont grimpé en flèche aux États-Unis, en Europe et ailleurs dans le monde. Les conséquences désastreuses du néolibéralisme ont été entièrement exposées.

Les cercles dirigeants du capital financier et leurs gouvernements ont toutefois refusé de changer de cap à la suite de la crise. Au lieu de cela, ils ont utilisé les trésors publics pour renflouer les pertes des entreprises à hauteur de dizaines de billions de dollars, et ont imposé de nouvelles mesures d’austérité et des réductions de salaire à la classe ouvrière, ainsi qu’aux masses laborieuses en général. En conséquence, la croissance économique réelle du PIB est restée stagnante, tandis que l’endettement des gouvernements et des ménages a augmenté encore plus que les niveaux de 2007-2008, préparant ainsi le terrain pour une autre crise capitaliste encore plus dévastatrice.

Le néolibéralisme qui demeure, encore aujourd’hui, la politique dominante du capital financier constitue une attaque impitoyable contre les masses laborieuses. Mais un retour aux politiques ratées du keynésianisme ne saurait en aucun cas constituer une solution de salut pour la classe ouvrière. Que ce soit sous la forme du gant de velours du réformisme de l’« État-providence » ou du coup de poing de la réaction néolibérale, les politiques du capital financier et de son État n’ont fait que créer de nouvelles contradictions.

Aucun des deux types de politiques bourgeoises ne peut débarrasser l’économie capitaliste de ses inégalités organiques et de ses crises économiques, ni assurer un progrès économique rapide et non inflationniste, pas plus que le plein emploi efficace de la force de travail et du capital. La croissance économique entraine inévitablement une surchauffe de l’économie, produisant des tensions excessives et des inégalités de développement, de même qu’une crise monétaire et financière. Tout cela montre que le capitalisme monopoliste d’État ne peut éliminer l’insécurité économique, les crises cycliques et le chômage de masse chronique. Cela pourrait, par ailleurs, aggraver considérablement les conditions économiques et sociales de la classe ouvrière, créant ainsi les conditions politiques pour la croissance de la réaction et l’émergence de mouvements fascistes.

Malgré toutes les réglementations nationales et internationales, le capitalisme monopoliste demeure fondamentalement une économie de marché anarchique. En effet, les réglementations nationales et le développement planifié de l’économie sont fondamentalement incompatibles avec les relations capitalistes de propriété privée et les forces spontanées du marché capitaliste.

Seule une solution démocratique et anti-corporative mettant les intérêts du peuple avant le profit peut faire avancer les intérêts des masses laborieuses au Canada, et ainsi ouvrir la voie à un véritable pouvoir populaire, c’est-à-dire au socialisme.

La productivité, le chômage et la classe ouvrière

L’innovation technologique dans des conditions de monopole capitaliste est responsable de changements structurels majeurs, d’inégalités entre les différentes sphères de production et d’une distorsion totale de l’économie à la fois au sein de chaque pays comme à l’échelle mondiale. Le capital financier international utilise son monopole technologique pour piller les pays en développement.

Le rythme accéléré des progrès scientifiques et technologiques, et leur application rapide dans toutes les sphères de la vie, a qualitativement transformé les forces productives (c’est-à-dire les outils, les matières premières et, surtout, la main-d’œuvre elle-même). Le caractère et la substance du travail des travailleurs dans le processus de production sont en constante évolution, ce qui affecte à la fois la composition de la classe ouvrière et ses relations avec les autres classes et couches de la population. Le capital financier, dans sa course folle aux profits, utilise la technologie pour réduire les coûts de production en remplaçant le travail humain par des machines et d’autres procédés permettant d’économiser de la main-d’œuvre. Les progrès scientifiques et technologiques ont augmenté le degré d’exploitation et d’aliénation de la classe ouvrière.

L’introduction de nouvelles technologies n’a pas changé l’essence du capitalisme et ne permettra donc pas l’émancipation de la classe ouvrière. Bien au contraire, les nouvelles technologies entrainent le déplacement de travailleurs et travailleuses en augmentant le taux d’exploitation, accélérant ainsi l’antagonisme entre les deux classes. Alors que le développement de la classe ouvrière industrielle s’intensifie dans d’autres secteurs capitalistes, les travailleurs et travailleuses du secteur manufacturier (à l’exception de l’assemblage d’automobiles) ont été réorganisés en unités de production de plus petites tailles dans le domaine de la haute technologie, où de plus petits groupes de travailleurs précaires se retrouvent isolés de la majorité des travailleurs syndiqués. Cela a brisé la collectivisation de ce qui a été la partie la plus militante et la plus organisée de la classe ouvrière industrielle. Le mouvement ouvrier ne s’est pas encore attaqué à ce problème qui, lié à la désindustrialisation, a entrainé une baisse importante du taux de syndicalisation dans le secteur privé. Plus les progrès technologiques se multiplient et plus le taux de productivité s’accroit, plus le taux d’exploitation augmente et plus l’intensité du travail s’accentue, et plus se creuse le fossé qui sépare le capital financier des masses laborieuses. L’allongement des heures de travail ainsi que l’augmentation du stress physique et mental exigé de chaque travailleur ont un effet négatif sur la santé et la sécurité de tous les travailleurs et travailleuses.

On observe une tendance croissante à embaucher des employés à court terme, sur une base temporaire, sans horaires fixes, ni salaires, ni avantages sociaux, souvent coordonnés via des plateformes numériques. Cette tendance représente une atteinte brutale aux droits et aux conditions des travailleurs et travailleuses, qui sont désormais classés comme « entrepreneurs indépendants » pour permettre aux employeurs d’échapper aux obligations d’une relation de travail traditionnelle. Les conditions de travail sont souvent contrôlées à partir d’autres compétences territoriales, hors de portée des lois ou des directives sur les normes du travail, et peuvent être modifiées sans préavis. Présenté comme « progrès technologique », il s’agit en réalité d’une stratégie capitaliste visant à intensifier l’exploitation de la classe ouvrière et à entraver la capacité des travailleurs et travailleuses à se syndiquer, puisqu’ils sont souvent placés en concurrence les uns avec les autres et ne se rencontreront peut-être jamais en personne.

Les progrès scientifiques dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), et son application au processus de production, accentuent rapidement les contradictions inhérentes au capitalisme. L’IA a le potentiel d’améliorer la santé et la qualité de vie de l’ensemble de l’humanité, de faciliter les avancées scientifiques permettant d’inverser la destruction de l’environnement et le changement climatique, et de réduire considérablement le temps de travail nécessaire, d’augmenter le temps de loisirs, etc. Mais dans le cadre des relations capitalistes, la recherche sur l’IA vise plutôt à accroitre les profits des employeurs en éliminant des catégories entières de travail humain, au détriment des travailleurs, de leurs familles et de leurs communautés, et vers des applications militaires (telles que les systèmes d’armes létales autonomes) susceptibles de menacer l’humanité tout entière. À moins d’être inversée, cette voie conduira à la marginalisation et la paupérisation généralisées de la classe ouvrière, à une plus grande dégradation des droits du travail et des droits démocratiques, ainsi qu’à l’agression et à la guerre.

La révolution scientifique et technologique a intensifié l’anarchie de la production et les inégalités du développement capitaliste. La concurrence féroce entre les multinationales et les groupes financiers rivaux pousse chaque entreprise à introduire des technologies permettant de réduire les coûts. Mais les innovations technologiques sont extrêmement couteuses, et leur implantation dans les lieux de travail accentue à la baisse le taux de profit. Le capital financier essaie, à son tour, de compenser cette baisse tendancielle du taux de profit de plusieurs façons : (1) en réduisant ses coûts de main-d’œuvre par des réductions de salaire, des réductions d’avantages sociaux, des réductions de pensions, l’accélération de la cadence de production, l’allongement de la journée de travail, des contrats de travail, des licenciements, des fermetures d’usines et d’autres formes de restructuration des entreprises; (2) en absorbant ses concurrents ou en fusionnant avec eux; (3) en redistribuant les revenus des travailleurs et travailleuses à la classe capitaliste par le biais de politiques fiscales; (4) en privatisant des parties du secteur public et en les transformant en nouvelles sources de profit; et (5) en forçant l’accès à de nouveaux marchés par le biais d’accords commerciaux et d’investissement et, s’il le faut, par une agression militaire.

Les progrès en technologie de l’information représentent un facteur clé dans la mondialisation et la normalisation de nombreux secteurs de production. Dans un contexte général d’accroissement de la mobilité des capitaux, on observe en particulier une amélioration dans la transportabilité des produits. En augmentant le nombre et les types d’industries, le capital peut répondre aux grèves ou aux revendications des travailleurs et travailleuses en délocalisant rapidement – et presque sans interruption – des processus de production entiers de façon permanente ou temporaire. Comme pour toutes les révolutions technologiques précédentes, de tels changements de la production se reflètent dans la composition et la structure de la classe ouvrière, et exigent que le mouvement ouvrier se réorganise et développe de nouvelles tactiques ainsi que de nouvelles formes de lutte pour relever le défi, notamment en augmentant la coopération internationale et l’action conjointe du mouvement international de la classe ouvrière.

Bien que le capital monopoliste retarde parfois les percées scientifiques et techniques, allant même jusqu’à les supprimer dans ses propres intérêts, la tendance prédominante consiste à introduire de nouvelles technologies pour augmenter la productivité et réduire les coûts de production, afin d’obtenir plus de profits d’une main-d’œuvre moins nombreuse. Les multinationales états-uniennes exercent une mainmise sur les technologies de pointe afin de miner davantage l’indépendance et la souveraineté du Canada, ce qui aurait pour effet d’entraver la recherche et le développement, ainsi que de réduire le nombre d’emplois qualifiés et de hautes technologies disponible pour les travailleurs canadiens.

Le coût extrêmement élevé de la modernisation de l’économie, par l’implantation des technologies les plus récentes, se finance grâce aux profits exorbitants arrachés à la classe ouvrière dans les pays capitalistes développés, grâce aux capitaux siphonnés par les sociétés multinationales dans les pays les plus exploités et les plus pauvres, et grâce aux généreuses subventions gouvernementales accordées au commerce et à l’industrie, et payées à même les impôts des masses laborieuses.

Les accords de libre-échange ont entrainé la désindustrialisation et l’exportation de centaines de milliers d’emplois, créant ainsi un vaste bassin de chômeurs utilisés pour faire baisser les salaires et réduire les conditions de travail de la main-d’œuvre salariée et syndiquée.

Ces accords de libre-échange contiennent des clauses de règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE), en vertu desquelles un tribunal composé d’avocats d’affaires peut annuler la législation nationale d’un État en matière de santé, d’environnement et de finances. Une société multinationale qui prétend avoir subi une perte de profits actuels ou futurs en raison de l’application de ces lois peut poursuivre l’État. Ces tribunaux nommés par les entreprises permettent aux avocats d’agir à tour de rôle en tant que « juges », et à engager des poursuites en faveur des entreprises contre les gouvernements; un conflit d’intérêts qui devrait être considéré comme illégal en droit. Seules les entreprises peuvent poursuivre l’État. À l’inverse, l’État ne peut pas poursuivre les entreprises. Il s’agit là d’une victoire garantie pour les entreprises sur la souveraineté de l’État et d

La crise dans les régions rurales au Canada

Le capitalisme monopoliste d’État est responsable de la crise agricole au Canada. Le déclin historique de sa population agricole est principalement attribuable à la tendance du capitalisme à concentrer la richesse entre de moins en moins de mains, en l’occurrence en évinçant les petits agriculteurs et agricultrices qui ne peuvent se permettre les coûts plus élevés de machines plus productives et d’autres intrants. Les politiques des gouvernements, favorables aux monopoles, n’ont fait que renforcer cette tendance. Les monopoles financiers et industriels dominent l’agriculture, et les agriculteurs sont obligés de payer des prix de monopole élevés pour les semences, l’équipement et d’autres intrants, tandis que les prix qu’ils obtiennent pour leurs produits sont fixés par les puissants monopoles de l’emballage, de la mouture, de la manutention des grains et du transport ferroviaire. Le capital monopoliste escroque les agriculteurs en contrôlant les marchés, les prix et les crédits. Il étend sa domination sur l’agriculture par le biais du secteur de l’agroentreprise et l’introduction forcée de biotechnologies telles que les cultures génétiquement modifiées, dont l’utilisation est strictement contrôlée par les monopoles agricoles.

Le contrôle et la propriété des terres et des ressources en capital, de plus en plus entre les mains de monopoles, imposent des dettes écrasantes aux exploitations agricoles familiales, accélérant ainsi les faillites et chassant la population agricole hors de ses terres en nombre record. La faillite des fermes familiales ou la transformation de ces familles en travailleurs agricoles – c’est-à-dire leur prolétarisation croissante – et le recours toujours plus fréquent à une main-d’œuvre migrante fortement exploitée sont une conséquence directe du contrôle par le capital financier de l’agriculture et des industries agroalimentaires et des machines agricoles.

Une situation semblable touche d’autres producteurs primaires, tels que les pêcheurs et les propriétaires de terres à bois, qui dépendent de la préservation des ressources renouvelables de la terre et de la mer. La domination de ces industries par les grandes entreprises et l’introduction d’équipements de récolte et de transformation de haute technologie épuisent rapidement la base de ressources, entraînant dans certains cas des catastrophes environnementales. Les petits producteurs primaires sont également à la merci de ces grandes entreprises, auxquelles ils doivent vendre leurs récoltes. Coincés entre une monopolisation croissante, la hausse des coûts d’exploitation et de la dette, la baisse des prix de gros et l’épuisement des ressources, ces producteurs primaires et leurs familles voient leurs revenus diminuer; et des milliers d’entre eux sont contraints d’abandonner complètement leurs moyens de subsistance.

La restructuration technologique et l’épuisement des ressources forestières et minérales du Canada entraînent, également, d’importantes répercussions sur les travailleurs industriels, notamment les mineurs et les travailleurs du bois, qui vivent et travaillent dans des collectivités rurales et isolées. L’automatisation, l’épuisement des ressources ou ces deux éléments combinés ont éliminé plusieurs milliers d’emplois bien rémunérés et syndiqués.

Cette crise qui touche les agriculteurs familiaux et les producteurs primaires, les mineurs et les travailleurs du bois est en train de détruire la base économique de nombreuses collectivités rurales et petites villes partout au Canada, ruinant les petites entreprises indépendantes et augmentant le chômage à la campagne.

La crise environnementale

Sous le capitalisme, tant la main-d’œuvre que l’environnement naturel sont exploités en vue de satisfaire l’objectif primordial des capitalistes, à savoir : le profit privé. En tant que système, le capitalisme ne peut exister qu’en augmentant continuellement l’étendue et l’intensité de l’exploitation et de l’appauvrissement de la main-d’œuvre, de même que le pillage de l’environnement.

Le système impérialiste est la cause fondamentale de la dégradation de l’environnement et de l’inégalité dans l’utilisation des ressources. Le capitalisme, en tant que mode de production et de consommation, a élevé la dégradation de la nature à des niveaux historiquement sans précédent. Au Canada, à titre d’exemples, nous n’avons qu’à penser à l’extraction des sables bitumineux et aux impacts sociaux et sanitaires dévastateurs sur les peuples autochtones du nord de l’Alberta, à l’épuisement de nombreux stocks de poissons de la côte est et du Pacifique, à la menace de disparition de la forêt pluviale tempérée et des forêts anciennes du Canada en raison des pratiques de coupe à blanc, à l’aggravation de la pollution du bassin hydrographique des Grands Lacs et à la détérioration du milieu urbain qui ne cesse de s’aggraver dans de nombreuses villes.

La contradiction croissante entre le mode de production capitaliste et l’environnement mondial menace la planète entière. L’expansion du capitalisme s’étendant à tous les continents, l’ampleur de la consommation et du gaspillage des ressources et de l’énergie, ainsi que la prolifération de nouvelles formes et concentrations de produits et de substances toxiques ont provoqué une destruction sans précédent des écosystèmes et de l’extinction de nombreuses espèces. Désignée par plusieurs scientifiques sous le nom d’anthropocène, la sixième grande vague d’extinctions et de perte de biodiversité dans l’histoire de la Terre est directement liée à l’impact des activités économiques humaines, en particulier le changement climatique et le réchauffement de la planète, causés par les émissions de carbone et l’incapacité de réduire considérablement la consommation de combustibles fossiles. Des régions entières sont touchées par la pollution atmosphérique, des réseaux de lacs et de rivières rendus toxiques, les eaux et rivages des océans souillés et les sols dégradés. Les dernières grandes forêts de la planète sont gravement menacées. Les problèmes liés à l’expansion tentaculaire des villes, au trafic routier et aux ordures se multiplient, les déchets nucléaires s’accumulent, les nappes phréatiques s’épuisent tandis que se poursuit la perte d’habitat des animaux. Bien qu’aucun pays n’en soit à l’abri, les éléments les plus graves de la dégradation de l’environnement, tels que la montée du niveau des océans et les sécheresses, affectent les populations des pays de l’hémisphère sud, qui exigent des réparations climatiques de la part des sociétés multinationales et des puissances impérialistes. De plus, la classe ouvrière est la plus touchée par la dégradation catastrophique de l’environnement, alors que les riches sont protégés des pires effets de la pollution, des catastrophes naturelles et du changement climatique. Les communautés racisées sont particulièrement touchées par les industries polluantes et sont moins enclines à bénéficier d’efforts de nettoyage. Le racisme environnemental est ancré dans les pratiques d’extraction des ressources, l’absence de développement durable, l’inégalité d’accès aux terres arables et à l’eau potable, ainsi que l’exploitation capitaliste mondiale de l’environnement.

Le Canada dispose de certaines des plus importantes bases de ressources et réserves environnementales encore disponibles au monde. Mais, les abus environnementaux commis par les entreprises et l’inaction des gouvernements qui devraient pourtant mettre fin à une telle dévastation et l’inverser, menacent nos terres, nos rivières et nos rivages, l’air que nous respirons, notre flore et notre faune, ainsi que la santé de la population. Du fait de sa nature, le capitalisme se trouve incapable de résoudre la crise environnementale, puisque sa quête inhérente de profit tend à accélérer l’expansion et l’intensification de l’extraction des ressources. Même les plus petites réformes, telles que des moratoires déterminés et limités sur l’extraction des ressources, se heurtent à une résistance acharnée. Sa préoccupation pour l’emploi dissimule une recherche de profits toujours plus élevés.

La lutte des travailleurs et travailleuses pour la santé et la sécurité au travail, ainsi que pour la sécurité d’emploi est indissociable de la lutte pour la protection et la restauration de l’environnement dans son ensemble, de même que pour un changement fondamental des mentalités et des relations économiques à l’égard de l’environnement. L’ampleur de l’exploitation et des crises capitalistes fait que les enjeux environnementaux sont désormais inévitablement liés aux conditions de vie de la classe ouvrière, et cela ici même au Canada. Une partie du mouvement syndical, en particulier certains syndicats du secteur des ressources, a adhéré aux plans d’activités des entreprises qui opposent les mesures de protection de l’environnement à l’emploi. La protection de l’environnement est un processus continu exigeant un effort décisif, uni et à long terme de la part de toutes les forces progressistes contre leur ennemi commun : le capitalisme de monopole.

À elles seules, les réformes environnementales ne peuvent enrayer la tendance générale à la dégradation de l’environnement, et les nombreuses mesures de protection mises en œuvre jusqu’ici sont aujourd’hui affaiblies ou détruites par la déréglementation néolibérale et les compressions budgétaires. Le capital n’a jamais pleinement accepté les atteintes à sa propriété privée et à son « droit » d’exploiter. Ni les sociétés multinationales ni les capitalistes dans leur ensemble ne sont capables de résoudre la crise environnementale. L’ampleur des problèmes environnementaux qui s’accumulent est telle, l’urgence de mettre en œuvre des solutions connues si grande, et la crise qui s’aggrave si enracinée dans la nature du capitalisme, qu’un changement démocratique révolutionnaire contre le capitalisme lui-même s’impose. Un tel changement fondamental ne peut se faire que par l’action politique organisée de la classe ouvrière et de ses alliés.

Les anciennes sociétés socialistes ont tenté, avec plus ou moins de succès, d’éviter la destruction de l’environnement causée par l’exploitation capitaliste des ressources naturelles. Plusieurs pays socialistes ont également dû faire face aux dommages environnementaux considérables, causés par l’utilisation intensive d’armes chimiques et biologiques par l’impérialisme au cours de ses guerres d’agression contre leurs pays et leurs peuples. Mais, contraints de rivaliser économiquement et militairement avec les pays impérialistes, ils ont souvent commis de graves erreurs entrainant de graves dommages environnementaux. Un facteur important aggravant ce problème a été l’absence de discussion et de débat approfondis de la part d’un certain nombre de partis communistes au pouvoir, qui a affecté négativement les possibilités de prévenir ou de corriger rapidement ces erreurs, afin que le socialisme puisse se construire sur une base écologiquement durable. De telles atteintes à l’environnement ne sont toutefois pas inhérentes au socialisme, car il ne s’agit pas d’un système régi par la course aux profits privés. En fait, le socialisme a permis à Cuba et à la Chine de commencer à s’attaquer à la crise environnementale de manière systématique, par exemple en se tournant massivement vers les énergies renouvelables.

Le socialisme place l’environnement avant les profits, fournissant ainsi les conditions préalables nécessaires à la durabilité de l’environnement et offrant la seule alternative systémique permettant d’éviter la catastrophe, grâce à des mesures économiques planifiées visant à réduire considérablement les émissions de carbone. Seul le socialisme permettra à l’humanité de s’attaquer scientifiquement à l’impact considérable de la destruction sauvage et anarchique de l’environnement naturel par le capitalisme. Les connaissances de l’humanité et les sources d’énergie doivent être utilisées de façon à préserver la Terre pour les générations futures.

La crise des conditions sociales

La domination du capital financier et l’adoption de politiques néolibérales par ses gouvernements ont aggravé les contradictions sociales et les problèmes de société de toutes sortes.

Les droits humains et sociaux – c’est-à-dire le droit à un emploi satisfaisant, les droits à l’éducation et aux soins de santé, les droits à un logement convenable et à la sécurité sociale pour les personnes âgées, le droit des femmes à une pleine égalité sociale et économique, les droits des immigrants et des autres minorités, les droits des travailleurs et le droit à la dissidence politique – sont continuellement érodés et attaqués, voire carrément niés. La reconnaissance des droits des personnes 2S/LGBTiQ a connu des avancées majeures. Cependant, ces droits sont également érodés et il existe un mouvement visant à les nier complètement.

La pauvreté, l’itinérance et le désespoir social sont devenus chroniques pour des millions de Canadiens et Canadiennes. Les soins de santé, l’éducation, l’assurance-emploi, les régimes de retraite et d’indemnisation des accidents du travail ainsi que d’autres programmes et services publics sont réduits et privatisés. Les logements sociaux et publics, y compris les logements coopératifs, sont en voie de disparition. Le « filet de sécurité sociale », pour lequel les masses laborieuses se sont battues pendant des décennies, se trouve dans un état lamentable.

La vie sociale et culturelle du pays tend à se détériorer. L’aliénation donne lieu à la criminalité, au fascisme, à la toxicomanie, à la maltraitance et à la violence contre les femmes et les enfants, ainsi qu’à d’autres formes d’exploitation et de comportement antisocial. La cupidité et l’égoïsme, le culte de la consommation, l’apathie et l’indifférence, ainsi que l’individualisme effréné sont alors encouragés. Cependant, les valeurs sociales positives telles que la coopération, la solidarité et l’entraide communautaire sont également présentes et en développement, représentant ainsi la riposte du peuple.

Grâce au contrôle qu’il a sur l’économie, l’appareil d’État, les sciences, les médias et les moyens de communications de masse, l’éducation, la culture et les loisirs, le capital monopoliste exerce une pression psychologique et idéologique constante sur tous les aspects de la vie des gens. Il transforme tout en marchandise, déforme et étouffe le développement des arts et des sciences, ainsi que la vie culturelle en général. Il transforme un nombre toujours croissant de scientifiques, d’artistes et de professionnels en laquais des grandes entreprises. Il soumet la santé physique et mentale des masses laborieuses à une pression constante et croissante. L’aliénation et l’exclusion que perpétue le capital ont pour effet d’isoler de plus en plus les individus.


Le système capitaliste est depuis longtemps devenu parasitaire, incapable de répondre aux besoins grandissants de la population et peu disposé à le faire. Par conséquent, les luttes ouvrières visant à satisfaire leurs propres besoins économiques et pour la démocratie, la souveraineté et l’indépendance sont en fait des luttes contre le capital financier, aussi bien canadien qu’international.