Alors que des milliers de progressistes et environnementalistes sont attendus dans les rues de Montréal pour faire « rentrer l’environnement au Parlement », la question environnementale se pose avec plus d’urgence que jamais. Des records de chaleur ont été battus ces dernières années,causant plusieurs décès dont les 40 causés par la canicule qui s’est abattue sur le Québec cet été alors que les catastrophes naturelles s’enchaînent à un rythme effréné. En conséquence, on calcule que d’ici 2050, la Terre comptera plus de 250 millions de réfugiés climatiques. Ceux-ci seraient aujourd’hui déjà plus nombreux que les réfugiés fuyant guerres et conflits. Ainsi, la limitation de la hausse des températures globales « bien en-deçà de 2 degrés », tel que conclu lors de la COP21 en 2015, est un impératif des plus importants. Or, pour ce faire, il faudrait réduire les émissions de gaz à effets de serre provenant des énergies fossiles à un niveau de 40 à 70% inférieur à celui de 2010 avant 2050. Selon plusieurs scientifiques, au rythme actuel, il n’y a que 5% de chances pour que cet objectif soit atteint.
Le principal coupable de cette catastrophe naturelle est clairement identifiable : c’est le système capitaliste basé sur la cupidité des entreprises qui, pour assurer leurs profits, s’adonnent à une exploitation effrénée des travailleur.euses et des ressources naturelles. Le principal problème ne vient pas des pays en voie de développement comme l’Inde ou la Chine (1er pays à avoir atteint les objectifs de la COP21 avec 12ans d’avance).
Au Canada, alors que l’ensemble des conditions sont réunies pour assurer une transition énergétique et pour abandonner les énergies fossiles, le gouvernement, à la solde des grands monopoles gaziers et pétroliers préfère utiliser les fonds publics pour financer à hauteur de 4,5 milliards $le sauvetage d’un oléoduc qui, à lui seul,empêcherait l’atteinte des objectifs de la COP21. Ce même gouvernement signe avec empressement un accord de libre-échange avec les États-Unis qui donne les pleins pouvoirs aux entreprises afin qu’elles puissent poursuivre en justice les États qui se doteraient de régulations notamment environnementales entravant leurs capacités à générer des profits. C’est bien la preuve qu’une économie capitaliste de marché est incompatible avec la justice environnementale.
Pour assurer une réelle justice environnementale, il est plus que jamais temps de restreindre le pouvoir des grandes entreprises qui, en perpétuant un système dont la centralité est l’exploitation des ressources naturelles non pas selon les nécessités de la majorité, mais selon les impératifs de la course au profit, tiennent les populations – en particulier les peuples et nations autochtones – en otage.
Il est donc temps de mettre les entreprises énergétiques sous contrôle public et démocratique de sorte que tous et toutes aient leur mot à dire en ce qui a trait aux projets environnementaux, y compris les nations autochtones, premières victimes de l’injustice environnementale. Il est temps de considérer la pollution comme un crime et de se doter d’une législation sévère contre les entreprises qui seraient tentées de faire fi des normes environnementales. Il est temps d’imposer un moratoire sur les sables bitumineux et de reconvertir les emplois liés à ce secteur vers d’autres activités plus durables sur le plan environnemental et ce, sans perte de salaire.
Il est temps, enfin, de faire de la coopération environnementale pour le développement durable le centre de la politique étrangère du Canada de sorte que les pays « en voie de développement » puissent bénéficier de l’assistance nécessaire afin d’assurer leur transition énergétique sans causer aucune difficulté tout en respectant leur droit à la souveraineté. Au bout du compte, ces pays sont victimes d’une profonde injustice environnementale causée par l’impérialisme. Ainsi, un réel engagement anti-impérialiste ne saurait faire fi de la nécessité de corriger le tir: les pays qui ont sans relâche pollué la planète depuis la Révolution industrielle ont pour devoir de permettre aux autres pays du monde d’accéder au développement sans mettre en danger notre planète.
Il est donc plus que jamais temps de changer le système pour assurer une justice environnementale et empêcher que les changements climatiques n’engagent le pronostic vital de l’Humanité sur notre planète.