Le Parti communiste du Québec (PCQ-PCC) s’inquiète de la recommandation de la Commission Cloutier incitant l’introduction d’une loi sur la liberté académique. En ce sens, nous rejoignons la position de la vaste majorité des enseignant-es, étudiant-es et autres acteurs du milieu universitaire qui rappellent que les mécanismes existent pour garantir cette liberté. Cette commission a été mandatée par le gouvernement Legault dans le but de faire la lumière sur l’état de la liberté académique dans les universités à la suite d’incidents où des professeur-es ont subi des conséquences pour avoir utilisé des mots jugés offensants.
Si la liberté académique dans les universités est menacée, c’est surtout à cause de la dépossession de nos universités par les grands monopoles et trusts privés. Lorsqu’ils siègent aux Conseils d’administration (et leur présence est en croissance constante), ce n’est pas par élan de générosité ni de bienfaisance, c’est pour mieux arrimer les programmes d’éducation supérieure à leurs besoins. La qualité de nos programmes d’éducation et de la recherche en est grandement compromise, ceux-ci étant à la solde des profiteurs et non de l’économie nationale ni des aspirations démocratiques d’émancipation que devraient apporter les études universitaires.
La liberté académique est également grandement menacée par les couts prohibitifs d’accès à l’éducation supérieure. En effet, de quelle liberté académique peut-on parler si seule une infime minorité y a accès?
Enfin, la liberté académique est liée à la qualité de l’enseignement et des conditions de travail de tous ceux et celles qui oeuvrent au service public d’éducation. Or, avec une gestion de plus en plus entrepreneuriale, avec une vision de l’étudiant comme d’un simple client, le souci d’offrir une expérience traumatique (au sens étymologique du terme), rigoureuse mais constructive et émancipatoire s’efface devant la nécessité d’optimisation des profits. Cette tendance est d’ailleurs en phase d’accélération depuis la généralisation du télétravail et de l’enseignement à distance.
Ce sont là les principaux aspects qui menacent la liberté académique. Or, aucun de ceux-ci sont pris en compte dans le rapport Cloutier.
Les incidents dont fait état le rapport sont somme toute assez anecdotiques et superficiels. Ils font couler beaucoup d’encre dans la presse à sensation qui n’hésite pas à les monter en épingle et faire croire que la liberté académique est menacée par le « péril woke » nous forçant à méprendre la proie pour l’ombre.
Par ailleurs, nous nous inquiétons des conséquences dangereuses pour le droit à la liberté d’expression, en particulier au droit d’association et de manifester qu’une telle loi pourrait avoir. Prenant connaissance d’une loi similaire imposée par le gouvernement Ford en Ontario en 2018, encore une fois sous prétexte de vouloir régler un problème inexistant dans les universités (celui d’une prétendue absence de liberté d’expression), nous constatons que les principaux concernés sont les syndicats étudiants. Outre la question de l’autocensure auprès des professeurs et enseignants, nous nous inquiétons du fait qu’une telle loi finisse par empêcher, au nom de la liberté académique, des mouvements étudiants qui manifesteraient contre des professeurs sionistes ou financés par le sionisme israélien, ou encore des mouvements démocratiques animés par les syndicats étudiants contre la présence de professeurs qui propagent des idées anti-scientifiques.
Communistes, nous reconnaissons l’importance de la liberté académique. Or, celle-ci ne peut être prise hors du contexte plus global du droit à la liberté d’expression, d’association, d’organisation et de manifestation. Or, avec une telle loi, cette dernière serait sacrifiée dans nos universités.