Le Parti communiste du Québec s’inquiète des chiffres alarmants de nouveaux cas d’infection à la
COVID19. Avec plus de 2500 cas quotidiens depuis quelques jours déjà, le danger de saturer notre
système de santé au point où des choix inhumains devront être pris est d’autant plus réel que tous
les spécialistes s’entendent pour affirmer que toute augmentation des cas d’infection ont des
répercussions en différé sur le nombre d’hospitalisations. On peut donc s’attendre au pire. C’est
pourquoi nous comprenons la décision des autorités de santé publique de procéder à un nouveau
confinement.
 
Cependant, ces chiffres sont loin d’être une fatalité. Ils sont le résultat de décennies de casse, de mal financement et de privatisation délibérés de notre système de santé public dans le but de le soumettre à une logique de marchandisation.
 
En effet, un nouveau confinement n’est ni plus ni moins qu’un aveu d’échec, un exemple flagrant de l’effondrement de notre système de santé public. Ce n’est pas un hasard si ici, comme partout dans le monde, c’est là où les coupes budgétaires dans le système de santé ont été les plus importantes que la pandémie se propage le plus rapidement. Par exemple, en Italie, qui a été l’épicentre de la pandémie au printemps dernier, on constate que 10 ans de mal financement et de privatisations se sont soldés par un déficit de 37 milliards d’euros, avec pour résultat une perte de 150 000 lits d’hôpitaux. En Grande-Bretagne, qui en est à son troisième confinement, les mesures d’austérité successives depuis les années 1980 ont laissé un manque à gagner de plus de 10 milliards de livres au système de santé ainsi qu’une perte de 160 000 lits. Le Québec n’est pas en reste : entre le déficit zéro (qui s’est soldé par 2 milliards de dollars en moins dans le réseau de la santé, la purge de 10% de son effectif et la fermeture de pas moins de 7 hôpitaux dans la région de Montréal seulement) et les différentes attaques dont l’ouverture aux PPP, la mise en concurrence du système public avec le système privé avec entre autres l’arrêt Chaouilli, mais aussi le « virage ambulatoire » de Charest et la « réforme Barrette », il n’est que peu étonnant, mais pas moins désolant, de voir que notre système de santé est incapable de répondre adéquatement à une pandémie comme celle que nous traversons.
 
Notons à ce sujet que ni le Québec, ni le reste du Canada ne pouvaient feindre être pris par surprise puisque dès 2006, l’Agence de santé du Canada avait produit un rapport de 600 pages étayant les différents scénarios possibles en cas de pandémie d’influenza, lesquels avaient tout à voir avec la réalité que nous vivons. Malheureusement, ni les agences de santé provinciales ni l’Agence de santé du Canada n’ont joint les actes à la parole avec le résultat que l’on sait.
 
En ce sens, ce deuxième confinement aurait été sans aucun doute évitable non seulement si le système de santé avait été prêt à affronter une pandémie (ce qui n’est pas illusoire : des pays comme Cuba, la Chine ou le Vietnam ont réussi à contenir la COVID19), mais aussi si le déconfinement de juin dernier avait été planifié selon les intérêts de la santé publique et non ceux des entreprises ou du capital politique de François Legault. C’est pourtant ce que M. Legault essaie, et sans grande opposition de la part des partis d’opposition, d’occulter.
 
Que ce soit clair dès le début, nous nous dissocions et condamnons toute expression de ceux et celles qui se disent anti-masques et qui appuient les théories les plus loufoques et appellent aux actes les plus irresponsables sous prétexte que la COVID19 ne serait qu’un complot de la part d’une cabale mondiale. Cependant, nous dénonçons également le traitement médiatique autour de cette pandémie où François Legault est présenté en bon père de famille qui fait de son mieux et où toute remise en question à ses mesures est assimilée aux théories complotistes qui, pour la plupart, sont attisées par une attention médiatique qu’elles ne méritent pas.
 
Dans ce contexte, aucune marge de manœuvre n’est laissée pour ceux et celles qui questionnent certains aspects de ce deuxième confinement, notamment la garantie des droits démocratiques fondamentaux dont celui à l’association et à la liberté d’expression. Ces droits sont garantis à la fois par la Constitution et par la Charte québécoise des droits et libertés. Il est donc de la responsabilité du gouvernement de les garantir et ce, même en temps de pandémie. En effet, alors que de nombreuses personnes sont à même de perdre leurs logements, de voir leurs revenus s’amoindrir, que les cas de violence conjugale risquent d’augmenter en raison du confinement et que cette tendance continuera bien au-delà du confinement, le rôle des associations, syndicats, partis politiques et autres organisations est des plus important.
 
Nous pouvons comprendre qu’en mars dernier, un confinement strict était nécessaire faute de protocole. Or, en 10 mois, il est inconcevable que les autorités sanitaires n’aient pu mettre en place un protocole permettant que les institutions garantes d’une réelle démocraties (celles du pouvoir comme celles d’opposition) puissent se rencontrer dans des conditions adéquates. Il est tout aussi inconcevable que nous en soyons au point où un couvre-feu soit imposé (la dernière fois aura été lors de la Crise d’Octobre), sans doute par mimétisme avec la France où, sans aucun doute, Macron l’a imposé pas tant pour contenir la pandémie, mais pour empêcher les manifestations de Gilets Jaunes comme de celles des syndicalistes et de tous ceux et celles qui s’attaquent à ses politiques réactionnaires.
 
De deux choses l’une : soit la santé publique a sous-estimé la durée et l’ampleur de cette pandémie il y a un an, soit elles n’ont que faire des droits démocratiques fondamentaux. Quelle que soit la raison, elle mérite d’être dénoncée, d’autant plus que nombreux sont les exemples de manifestations, rassemblements, réunions publiques, congrès politiques et syndicaux qui, moyennant le respect d’un protocole adéquat, ont permis au débat démocratique de prendre place malgré la pandémie et ce, dans des conditions sécuritaires pour tous et toutes.
 
Même devant le coronavirus, nous ne logeons pas tous ni toutes à la même enseigne. Selon un rapport du FMI, les conditions de vie et de travail influent sur le risque de contracter le virus. De 10% pour les mieux nantis et la classe dirigeante, le risque grimpe à 50% pour ceux et celles qui ne peuvent travailler de la maison, qui manquent d’équipements de protection, ou encore qui vivent dans des milieux plus densément peuplés, soit pour les travailleur-euses et les moins nantis.
 
C’est justement devant cette situation que le rôle des organisations syndicales et ouvrières, associations de locataires, partis politiques et autres est des plus important. C’est devant cette situation également que le droit de se rassembler et de manifester est des plus important, en particulier si l’on tient compte du fait que la pandémie sert également de justificatif pour la classe dirigeante pour accroitre sa mainmise sur la vie économique du Québec.
 
En ce sens, nous devons nous assurer que personne ne sera laissé pour compte malgré le confinement. Nous devons nous assurer, mais surtout lutter pour que même les entreprises fermées, les salaires continuent d’être versés. Nous devons nous mobiliser contre toute forme de mise à pied, même temporaire. En termes de logement, nous savons que pour beaucoup, payer un loyer ou une hypothèque en période d’incertitude et de chômage représente un stress financier évitable. C’est pourquoi nous exigeons une suspension des paiements de loyer et d’hypothèque jusqu’à la fin du confinement et ce, avec un moratoire sur les taux d’intérêt. Nous exigeons également une trève sur toute expulsion non seulement jusqu’à la fin du confinement, mais jusqu’à la fin de la période hivernale (soit jusqu’au mois de mai).
 
Dans le même ordre d’idées, nous revendiquons un moratoire sur les paiements de carte de crédit ou d’autres agios et ce, avec moratoire sur les taux d’intérêt.
 
Nous n’avons aucune raison de douter des mesures sanitaires à venir. Cependant, nous avons besoin de garanties, lesquelles incluent une vision à long terme basée sur le réinvestissement massif dans les services publics, la défense et la facilitation de nos droits démocratiques fondamentaux et des mesures sociales qui assureront que personne ne sera laissé pour compte durant ce reconfinement. M. Legault, malgré ses airs bon enfant, ne nous donne aucune de ces garanties. Nous n’entretenons aucune illusion : son plan à long terme est de s’assurer que les capitalistes d’abord, s’en sortent à bon compte.
 
Pandémie ou pas, nous ne devons pas baisser la garde. Pendant que nous sommes confinés, la classe dirigeante fera tout en son possible pour placer ses pions. Confinement ou pas, nous devons rester organisés par tous les moyens possibles, en ligne comme dans la rue.