Le Parti Communiste du Québec envoie ses salutations militantes au congrès de la FTQ ayant lieu du 24 au 27 novembre prochains à Québec, dans un contexte des plus difficiles et cruciaux. Tout syndicaliste est au fait des attaques frontales menées par la CAQ dans cette dernière année de son mandat, répondant aux exigences du patronat québécois, canadien et international qui souhaitent affaiblir le mouvement syndical québécois. De plus, le contexte global fait en sorte qu’on se dirige vers une nouvelle course aux armements et que cette dynamique entraîne immanquablement l’inflation, la casse des services publics et éventuellement la guerre. Les pressions venues du Sud imposent tarifs et chantage. Elles détruisent nos industries forestières et manufacturières, menant au chômage, touchant particulièrement nos régions.

Mais il y a pire. La classe dirigeante nous appelle à la guerre. Elle espère gaspiller 150 milliards de dollars pour le budget militaire, autant d’argent qui ne sera pas investi dans les logements sociaux, les salaires, l’emploi, les services publics, etc. Cette somme peut sembler positive à court terme pour les travailleurs de certaines entreprises. Pourtant, à long terme, on sait que d’une part, chacune de ces industries ferait mieux de développer des programmes civils et non militaires, lesquels seraient bien plus productifs en matière d’emplois induits et stimuleraient l’économie par la croissance plutôt que par la destruction. D’autre part, on sait que les contrats avec les compagnies d’armement (la plupart d’entre elles étant états-uniennes) se résument à un véritable trafic où les deniers publics servent à financer des monopoles privés. Autrement dit, ce sont les travailleurs et les ouvriers qui en paieront le tribut par l’inflation si ce n’est pas par la mort.

C’est donc un moment crucial pour l’unité et la combativité de la classe ouvrière, à commencer par son mouvement organisé, le mouvement syndical. La FTQ a un rôle particulièrement important à jouer ici, étant le centre du syndicalisme du secteur privé, là où la lutte entre le Capital et le Travail est la plus âpre et violente, où les conditions de travail sont souvent les plus dangereuses et meurtrières, où les cadences sont augmentées pour accroitre les profits sur le dos des corps épuisés de nos collègues, confrères et consoeurs. La situation n’est pas non plus rose dans le secteur public: Postes Canada qui vise la privatisation et annonce la fin du courrier à domicile, ce qui représente plus de 10 000 mises à pied; le gouvernement fédéral qui compte éliminer 40 000 fonctionnaires, gel d’embauche au provincial, coupes en santé, et ainsi de suite.

L’unité doit par contre se marier à l’action et le dynamisme si le mouvement syndical veut tenir tête aux vents qui soufflent à l’Assemblée nationale. Avec les PL3 et PL89, l’attaque contre la démocratie syndicale, contre le principe même de l’action politique indépendante du mouvement ouvrier, mérite et nécessite une mobilisation historique. Les prises de position de la FTQ en défense des services publics, sont cruciales pour défendre les intérêts larges de la population, et font partie du travail de base du mouvement syndical.

Le 29 novembre, la classe ouvrière est appelée à battre le pavé à Montréal. C’est positif pour peu qu’il ne s’agisse pas d’un simple coup d’éclat. Cette action doit être structurante et non s’inscrire dans un esprit de lobbying. L’heure n’est pas à implorer le patronat, mais à bâtir un rapport de force à son encontre.

Ce n’est pas impossible : les agents de bord d’Air Canada n’ont pas hésité à défier le code du travail envers et contre le patronat.

À Postes Canada, le syndicat ne s’attaque pas tant au patron, mais met à l’amende le gouvernement Carney et ses plans d’austérité, ce qui en fait un conflit éminemment politique. Il s’agit de la première lutte ouvrière à son encontre d’ailleurs.

L’heure est grave tant au niveau de la politique internationale, fédérale, provinciale, mais aussi pour la survie du mouvement syndical. Dans un tel contexte, l’heure est à l’unité de la classe ouvrière organisée, une unité qui doit avoir pour base non pas la loyauté envers son syndicat, mais envers sa classe. L’heure est aux fronts communs pour peu que ceux-ci soient basés sur la lutte commune des travailleurs contre leurs exploiteurs. FTQ, CSN, CSQ et autres syndicats doivent réaliser l’unité d’action dans la lutte contre le patronat.

Enfin, et c’est là l’élément fondamental, la classe ouvrière gagnerait si le mouvement syndical s’engageait dans une action politique indépendante de masse. La formulation peut paraitre pompeuse, mais en essence, elle signifie que le mouvement syndical, s’il doit être indépendant de tout parti politique, il ne doit pas pour autant être neutre politiquement.

Au contraire, le mouvement syndical doit s’engager dans des demandes qui vont bien au-delà des questions socio-économiques, de la lutte en entreprise. Il doit être au coeur des questions politiques qui impliquent une position de rupture avec le pouvoir des grandes entreprises. Car il ne suffit pas de s’attaquer à la CAQ. Le mouvement syndical dans son ensemble doit s’attaquer à l’impérialisme états-unien et à ses affidés que sont les patrons québécois comme il doit exiger la sortie immédiate et unilatérale du Canada de l’OTAN, puis lutter pour la mise sous contrôle public et démocratique des industries-clé de notre économie. Il n’est pas question que la classe ouvrière organisée n’appuie une forme ou une autre de soumission à l’impérialisme yankee.

Nous souhaitons au délégué-es des discussions fructueuses, ambitieuses, militantes, de renforcer une perspective orientée vers un programme d’action unitaire dans les intérêts larges de la classe ouvrière du Québec. Ensemble, organisons notre colère.