À l’occasion du 33e Congrès de la FTQ, nous saluons la combativité du mouvement syndical malgré les conditions hostiles qui frappent la classe ouvrière.
Ce Congrès se tient à un moment charnière qui déterminera le degré de combativité de la classe ouvrière dans un contexte d’attaques patronales exacerbées et d’un gouvernement Legault dont le parti-pris en faveur des grandes entreprises et le caractère anti-ouvrier ne sont plus à dévoiler. Plusieurs luttes cardinales, dans ce contexte de crise globale pour laquelle la classe dirigeante cherchera à nous faire porter le fardeau, doivent être entreprises par le mouvement syndical dont le potentiel de catalyseur pour l’ensemble des luttes populaires est considérable.
La bataille des salaires et des retraites
La hausse des prix – particulièrement des biens de première nécessité – a été le lot quotidien des travailleur-euses qui ont le plus pâti de l’inflation la plus grave depuis plus de 30 ans. Rien n’indique pour l’instant que cette tendance se résorbera en 2023 et ce, malgré les hausses répétées du taux directeur de la Banque du Canada (passé de 0,25 à 4,25% en un an).
Contrairement à ce que prétendent les porte-parole de la classe dirigeante, ni la Guerre en Ukraine, ni les pénuries de matériaux, ni la soi-disant « reprise post-COVID » et encore moins la pénurie de main d’oeuvre qui ferait une pression à la hausse sur les salaires ne suffisent à expliquer l’inflation. Celle-ci n’est que le produit du contrôle exclusif de l’économie par les grandes entreprises et le capital financier qui se gave de notre travail.
De même, la solution proposée par la Banque du Canada – qui n’est ni plus ni moins que le consortium du capital financier – ne sert que les intérêts des grandes entreprises et du patronat. Le but avoué de la hausse des taux d’intérêts n’est pas tant de contrôler l’inflation que de créer du chômage, ralentir l’économie et continuer de saigner les travailleur-euses.
On essaie de nous faire croire que nous devrions choisir entre l’endettement à court terme devant l’augmentation des prix ou l’endettement à long terme à cause de taux d’intérêts élevés. Choisir entre ne pas manger à sa faim ou perdre sa maison. Tel est le faux-dilemme auquel nous accule le patronat.
On essaie aussi de nous faire croire que ce sont les augmentations salariales qui attisent l’inflation. Rien n’est plus faux! Au contraire, ce sont elles qui en représentent la solution la plus progressiste. Comme l’attestent les profits faramineux des grands groupes de distribution (Loblaw’s, Metro, IGA, etc.), le fait qu’en à peine 43 minutes le 3 janvier, les 100 PDG les mieux rémunérés ont gagné le salaire annuel moyen canadien, nous produisons beaucoup plus que ce que nous consommons. Ainsi, augmenter les salaires et les pensions de retraite (à 60 ans), réclamer des conditions de travail dignes n’ont d’incidence que sur les profits des patrons et des actionnaires.
La bataille de l’emploi
Pendant plusieurs mois, le patronat nous a agité la marotte de pénurie de main d’oeuvre. Le gouvernement Legault, pourtant reconnu pour ses tendances anti-immigration, n’a pas hésité à doubler le seuil de personnes migrantes temporaires qu’une entreprise peut employer. C’est là une preuve parmi d’autres que la vraie pénurie, c’est, au mieux, celle d’emplois décents. Celle-ci est le produit de décennies d’investissements et de valorisation de secteurs parasitaires de l’économie (marketing, communications, etc.) qui ne servent qu’à réaliser le profit capitaliste. Inversement, les secteurs les plus productifs (industrie, services publics, enseignement, etc.) ont été laissés à l’abandon. Il s’agit d’ailleurs souvent de secteurs avec des taux de syndicalisation plus élevés…
Or, aujourd’hui, cette pénurie orchestrée de main d’oeuvre cède la place au chômage de masse. Amazon a annoncé le licenciement de 18 000 employé-es, Meta cherche à supprimer plus de 11 000 emplois (13% de ses effectifs) tandis que McDonald’s prévoit annoncer un plan de « restructuration » en avril. Ici, la Banque du Canada estime que 100 000 personnes perdront leur emploi pendant que dans le secteur de la construction (souvent baromètre en la matière), la hausse de taux directeurs fait en sorte qu’en 2022, les mises en chantier ont chuté de 60% par rapport à 2021.
Ainsi, revaloriser les emplois productifs, réinvestir dans nos services publics et les secteurs les plus productifs plutôt que les plus rentiers est une nécessité.
La lutte pour l’expansion de services réellement publics
La pandémie de COVID19 a dévoilé l’effondrement de nos services publics. Particulièrement, la santé et l’éducation ont souffert de décennies de dé-financement et de mise en compétition avec le privé. En conséquence, les systèmes d’éducation et de santé publics ont donné lieu à des courtepointes à 2 voire 3 vitesses. Qu’on le veuille ou non, au Québec aussi, l’accès aux soins de santé et à l’éducation est proportionnel à sa capacité de payer. C’est inacceptable!
C’est pourquoi nous devons lutter pour un monopole public sur les services publics.
L’unité cruciale du Front commun
Les négociations du secteur public engagent environ 500 000 travailleur-euses contre un seul et même employeur. Cette situation est inédite au Québec, au Canada, voire en Amérique du Nord, et c’est ce qui lui confère une importance toute particulière. Ses victoires, sa combattivité et sa résilience donnent le ton à l’ensemble du mouvement syndical.
Ainsi, négocier à rabais devant le gouvernement, alors que le rapport de force est des plus favorables (on l’a vu à l’automne dernier en Ontario), signifierait à la classe ouvrière qu’elle doit collaborer avec le patronat. Inversement, lutter jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites contribuera à faire du mouvement syndical un mouvement offensif.
Or, pour ce faire, il importe avant tout de lutter pour l’unité du Front commun et la faire durer dans le temps. Indépendamment de nos corps de métiers respectifs, une attaque contre l’un est une attaque contre l’autre, en particulier alors que le gouvernement Legault cherche à favoriser certains corps de métiers au profit des salarié-es les moins bien rémunérés.
L’action politique de masse et indépendante
Au cours des deux dernières années, les conflits de travail se sont exacerbés en nombre comme dans la durée, ce qui prouve que la combattivité croissante du mouvement syndical est confrontée à une intransigeance patronale également exacerbée. Or, cette combattivité ne saura jamais développer son plein potentiel que si les luttes syndicales se prolongent au niveau politique.
En effet, alors que toute lutte ouvrière s’attaque au coeur du profit capitaliste, tous les partis politiques à l’Assemblée nationale se rangent dans les faits derrière le consensus capitaliste. Ce même consensus est d’ailleurs instrumentalisé par les forces les plus anti-ouvrières (notamment Éric Duhaime et son Parti conservateur) pour piéger les travailleur-euses et les inciter à la haine envers leurs collègues de travail plutôt qu’envers le patronat.
À nous donc de reprendre le flambeau et de ne pas hésiter à étendre nos luttes pour des politiques ouvrières comme le droit à la retraite à 60 ans pour tous et toutes ou encore le droit de grève universel incluant le droit de grève sociale et politique.
Un mouvement syndical internationaliste
La classe ouvrière étant universelle, nous ne pouvons lutter pour nos droits sans revendiquer le droit des travailleur-euses de vivre en paix et d’exercer leur souveraineté dans leurs pays respectifs.
Le 24 février dernier, la Russie a fait irruption en Ukraine, initiant un conflit qui a fait plus de dizaines de milliers de morts. Or, le principal responsable de ce qui pourrait se transformer en 3e Guerre mondiale n’est pas Vladimir Poutine, mais bien l’OTAN qui, depuis 30 ans, provoque et menace la Russie. Si déplorable que soit l’invasion russe de l’Ukraine, elle est sans commune mesure avec la barbarie de l’OTAN qui ne cherche qu’à défendre militairement l’expansion des marchés occidentaux et n’hésite pas à faire des travailleur-euses les premières victimes des guerres impérialistes.
Ainsi, fidèles à l’histoire de lutte pour la paix de la classe ouvrière, nous devons lutter de sorte que les travailleur-euses du Québec se mobilisent en solidarité avec leurs frères et sœurs à travers le monde et, dans leur lutte pour la paix, exigent le retrait immédiat du Canada de l’OTAN. À nous également de lutter contre les dépenses militaires comme les milliards de dollars consacrés aux F-35 et aux navires de guerre qui suffiraient largement à renflouer nos services publics.
Pourquoi le Parti communiste?
Au cours de notre histoire plus que séculaire, le Parti communiste a toujours garder vif son engagement envers la classe ouvrière et elle seule. Des personnalités historiques du mouvement syndical québécois comme Madeleine Parent, Léa Roback, Fred Rose (UE), Jean Paré (UE), Dorothy Sauras (SCFP 301), Pierre Fontaine (FSSS-CSN) et tant d’autres étaient membres du Parti communiste. Ils ont consacré leur vie à la lutte de la classe ouvrière. Ils se sont impliqués dans la vie de leur syndicat où ils ont su, par leur action, mais aussi et surtout leur clairvoyance politique, gagner le respect des travailleur-euses pour eux-mêmes comme pour le Parti communiste et les positions de principe et de lutte qui l’animent.
La classe dirigeante que nous combattons au quotidien espère que nous disparaissions. Pour ce faire, elle mobilise tous les efforts possibles pour nous éloigner de notre histoire ouvrière. Pourtant, de la formule Rand à l’Assurance chômage en passant par la médecine socialisée, sans la lutte des communistes, ces conquêtes sociales n’auraient pas été possibles. Et ce n’est pas le mouvement syndical qui a appuyé ces luttes, mais bien l’inverse : les communistes ont su gagner le mouvement syndical à celles-ci.