Prenant acte de la démission soudaine de la porte-parole féminine de Québec solidaire, le Parti communiste du Québec ne peut que constater qu’il s’agit d’un règlement de compte politique comme il s’en déroule naturellement dans les partis bourgeois, incluant au sein de la social-démocratie.
Outre ses commentaires au sujet d’un climat de travail tendu dans les hautes sphères de la formation politique, elle note surtout qu’il y avait un monde entre sa vision du parti et celle du caucus électoral. Elle affirme : « Je voulais [que le parti] ne se laisse pas effacer par les habituels compromis, les calculs d’image et les indicateurs de votes. Je voulais qu’on se remette à éveiller l’enthousiasme pour ce projet, plutôt que de se mettre à la remorque de ce qui est ‘gagnable’ à court terme. »
Depuis plusieurs années déjà, Québec solidaire est traversé, comme tout parti social-démocrate, par une tension entre son aile plus militante qui continue de manifester une certaine naïveté devant la politique bourgeoise et son aile parlementaire pour qui l’élection est une fin en soi plutôt qu’un levier pour dynamiser les luttes.
C’est d’ailleurs l’essence de la réponse fournie par Gabriel Nadeau-Dubois qui défend sa vision de Québec solidaire : celle d’une gauche « pragmatique ». Ce vocable n’est pas sans rappeler Jean-François Lisée qui, en 2008, plaidait pour une « gauche efficace » contre… une gauche solidaire! Il cherchait ainsi à concilier le manifeste des « lucides » (socle commun pour le programme de la CAQ) et celui qui deviendrait le programme de QS.
Ce n’est donc pas un hasard si, en entrevue, GND écorche à demi-mot le programme et les statuts de son parti, en prône la simplification et martèle le fait que QS doit devenir un parti de gouvernement – donc troquer les luttes et la démocratie pour la gouvernance.
C’est dans ce contexte que survient la démission d’Émilise Lessard-Therrien. Il ne fait aucun doute que de nombreux militants, pour la plupart honnêtes, utiliseront cet incident pour tenter de rétablir une forme de contrôle militant sur les orientations partisanes. D’autres chercheront à concilier parlementarisme et « parti de la rue » – c’est d’ailleurs l’essence de la réaction récente du premier élu du parti, Amir Khadir, devant cette crise que traverse QS.
Pourtant, ce chant du cygne rappelle la vraie nature de Québec solidaire : un Parti social-démocrate dont le but n’est plus de rompre avec le pouvoir des monopoles. Partant d’un tel constat, l’aile militante du parti ne peut que se développer au service de son caucus d’élus. Espérer le contraire reviendrait à exiger d’un parti qui croit en la primauté de la lutte des places de prioriser la lutte des classes.
Au final, le parti est traversé par deux courants qui s’opposent dans la forme et la tactique, mais pas sur le fond. La dernière campagne pour élire une porte-parole féminine l’a d’ailleurs rappelé. Au final, entre le courant qui cherche à renforcer l’aile parlementaire et l’autre qui cherche à renforcer les liens politiques avec les différents mouvements démocratiques, ouvriers et syndical pour mieux les anesthésier, l’objectif est le même : celui d’accompagner le pouvoir des monopoles.
Ce n’est pas l’affaire des communistes de négocier le poids des chaines de la classe ouvrière.
Nous ne nous immiscerons pas dans ce débat, sachant que la seule façon de s’assurer du progressisme de la social-démocratie, c’est en renforçant le Parti communiste autour de ses propositions immédiates de rupture avec le pouvoir des monopoles et de son objectif final : le socialisme.