Les loyers au Québec ont augmenté de 6% en 2020, tandis que les augmentations ont atteint 10% dans certaines régions (et même 14,5% dans le Sud-Ouest de Montréal). Ces taux d’augmentation dépassent largement l’inflation, les salaires, ainsi que le taux d’augmentation de base recommandé par le Tribunal administratif du logement de 1,2%. À Montréal le loyer moyen d’un logement disponible est de 1 310$. Mais l’explosion des loyers n’est pas limitée à la métropole : à St-Calixte, où un seul propriétaire détient plus de 70% des logements locatifs de la municipalité, des familles de travailleuses et travailleurs ont reçu des avis d’augmentation d’entre 150$ et 400$.
En effet, partout au Québec, en raison de la pénurie de logements locatifs, et surtout de logements abordables, un grand nombre de locataires n’osent pas refuser une augmentation déraisonnable, de crainte d’être évincés. Nous avons vu les images sur les réseaux sociaux de dizaines de locataires potentiels faire la file pour visiter un 4 ½ à Verdun, qui se louait à 950$. Nous avons également été témoins de centaines de personnes privées de logements réduites à camper au bord de la rue Notre-Dame l’été dernier. Dans le marché surchauffé actuel, 950$ est une véritable aubaine. Des propriétaires témoignent avec satisfaction des tentatives des locataires d’obtenir un logement en offrant même plus que le loyer demandé. Dans certaines régions, le taux d’inoccupation des logements, tout prix confondu, est presque nul. Par exemple, à Granby le taux d’inoccupation des logements n’est que de 0.2%, à St-Hyacinthe, 0.6% et à Joliette, 0.4%.
Les locataires s’organisent pour lutter contre la dégradation de leurs conditions de vie, multipliant les sorties médiatiques, les rassemblements et le déploiement de pancartes et de bannières sur leurs balcons dénonçant leurs propriétaires. En réponse, la ministre responsable pour l’habitation pour la CAQ, Andrée Laforest, ne cache même pas son parti pris pour les propriétaires et spéculateurs. Dans une entrevue avec le Devoir, la ministre déclare « Je ne peux pas dire qu’il y a une crise du logement, ça, c’est certain. » Elle a raison : Il n’y a pas de crise pour les propriétaires et spéculateurs, qui voient leurs profits grimper de façon vertigineuse!
Sans surprise, le budget Legault montre encore une fois à quel point ses priorités sont déconnectées de celles des travailleur-euses et des masses populaires. Alors que 244 000 personnes sont en besoin impérieux de logement, il ne planifie construire que… 500 logements sociaux de plus! Quant au budget Trudeau, celui-ci n’est guère plus encourageant puisqu’il n’inclut aucune action concrète à ce sujet.
C’est pourquoi le Parti Communiste du Québec (PCQ-PCC) réclame :
- un chantier d’un million de logements sociaux pour le Canada, dont 50 000 pour le Québec, une proposition créatrice de bons emplois pour une vraie sortie de la crise capitaliste actuelle;
- un contrôle strict des loyers de sorte qu’aucun ménage n’ait à débourser plus de 20% de ses revenus pour se loger ;
- l’interdiction des évictions durant toute la durée de l’urgence sanitaire et en cas de non-paiement de taxes et de factures de services ;
- une véritable protection des locataires contre la discrimination lors de la recherche de logement.
La crise du logement prend racine dans le système capitaliste parasitaire et exploiteur qui fait du logement une marchandise pendant que les travailleur-euses vivent dans l’angoisse d’être évincés ou de ne pas pouvoir payer le loyer à la fin du mois. Nous appuyons les différents mouvements qui font du droit au logement leur cheval de bataille et enjoignons tous les mouvements démocratiques et populaires à s’investir dans cette lutte décisive pour garantir une sortie de crise populaire, pas pour les actionnaires.