À la suite de l’annonce récente par Bombardier de la suppression de 550 emplois à son usine de Thunder Bay, le Parti communiste du Canada réitère son appel à ce que les entreprises du secteur de l’aérospatiale et des transports soient placées sous contrôle public et démocratique.
Les suppressions d’emplois sont dévastatrices dans cette ville du nord de l’Ontario d’un peu plus de 100 000 habitants, où Bombardier est le huitième employeur en importance. Cette annonce suit 15 000 suppressions d’emplois dans le monde au cours des trois dernières années, dont 3 000 au Québec et en Ontario en novembre 2018. Au cours de la même période, Bombardier a bénéficié d’au moins 4 milliards USD en aides financières publiques des gouvernements fédéral, ontarien et québécois.
Le spectacle de Bombardier recevant des milliards tout en supprimant des milliers de postes a conduit les analystes à décrire la compagnie comme « l’équivalent politique des fameuses escroqueries de protection organisées par la mafia ». Les dirigeants de Bombardier ont toujours profité allègrement de l’argent public, tout en se payant des millions de dollars en primes financées par ces mêmes fonds publics, année après année. C’est une situation qui met en lumière la nécessité de la propriété publique et du contrôle démocratique des entreprises qui tiennent en otage les travailleurs et travailleuses et leurs communautés alors qu’elles se préoccupent avant tout de leurs comptes bancaires et de ceux de leurs actionnaires les plus riches.
Comme l’a noté le Parti communiste en 2017, «les entreprises privées ont prouvé à maintes reprises que, dans leur recherche du profit, on ne peut pas compter sur elles pour fournir de bons emplois avec des salaires et des avantages équitables à la classe ouvrière du Canada. La pratique des sauvetages publics massifs de grandes entreprises, en échange de garanties d’emploi, doit cesser.»
Bombardier affirme devoir déplacer les emplois de Thunder Bay vers les États-Unis afin que ses contrats avec les villes américaines puissent être éligibles selon les termes de la législation de Donald Trump intitulée «Buy America». En fait, il n’y a aucune preuve à ce jour que Bombardier ait raté un seul contrat de fabrication à cause de Buy America. Plus vraisemblablement, Bombardier souhaite déplacer une plus grande partie de sa production vers des juridictions à bas salaires et à faibles règlementations, notamment les États ayant un très faible taux de syndicalisation aux États-Unis. C’est exactement ce que la compagnie a fait en 2017, lorsqu’elle a signé un accord avec Airbus pour la construction d’avions C-Series en Alabama. Au cours de ce processus, tout en supprimant des milliers de nouveaux emplois au Canada, Bombardier a vu ses commandes de produits augmenter de plus de 44% en 2018 et ses bénéfices grimper de façon spectaculaire de 235% au cours de la même période.
Bombardier est une énorme entreprise très rentable. Son bénéfice pour le 1er trimestre de 2019 s’est établi à 239 millions USD pour trois mois, soit une hausse de 443% par rapport à l’année précédente. Le chiffre d’affaires attendu pour la division Transport en 2019 est de 8,75 milliards de dollars, les actifs contractuels du premier trimestre de cette division étant de 233 millions de dollars supérieurs à ceux de la même période de l’année précédente.
Le Parti communiste appelle à la prise de contrôle et à l’exploitation publique de Bombardier dans le cadre d’un ensemble plus vaste de revendications immédiates pour des emplois, pour la justice climatique et le développement des transports en commun. La propriété publique des secteurs industriels clés de notre économie, sous contrôle et planification démocratique, garantirait une gestion économique, sociale et environnementale responsable.
Alors que seul le socialisme peut systématiquement faire passer les besoins des travailleurs et des travailleuses, des communautés et l’environnement avant les profits, les réalités alarmantes de la perte massive d’emplois, de l’appauvrissement et des changements climatiques nécessitent des approches politiques radicales et globales immédiates. Le Parti communiste appelle toutes les forces ouvrières et progressistes à exiger des mesures permettant de réduire considérablement les émissions de carbone et de faire passer les intérêts de la population et de l’environnement avant les profits des entreprises privées.
Cela signifie :
- élaborer et mettre en œuvre une stratégie globale de plein emploi fondée sur une intervention publique massive dans l’économie;
- introduire une législation sur les fermetures d’usines obligeant les entreprises à justifier publiquement les fermetures et les délocalisations, ou à faire face à une prise de contrôle publique;
- mettre fin à la liquidation du secteur manufacturier et du secteur secondaire, renforcer le secteur manufacturier à valeur ajoutée et développer l’emploi industriel par le biais d’une prise de contrôle publique de sociétés qui délocalisent leurs activités dans des pays où les salaires sont peu élevés;
- réduire le recours aux véhicules privés en construisant et en fournissant des transports en commun urbains gratuits dans toutes les grandes villes;
- construire des trains à grande vitesse et de transports en commun interurbains rapides comme solution de remplacement partielle à l’utilisation des autoroutes et des compagnies aériennes;
- créer une industrie automobile canadienne pour construire des voitures électriques et des véhicules électriques légers, abordables et économes en carburant.
Une première étape essentielle pour atteindre ces objectifs immédiats consiste à se battre pour gagner la prise de contrôle par le public d’immenses sociétés de transport telles que Bombardier.
Comité exécutif central, Parti communiste du Canada