NOS ADIEUX À PIERRE FONTAINE, SYNDICALISTE ET DIRIGEANT COMMUNISTE

Le Comité national du Parti communiste du Québec a l’immense regret d’annoncer le décès de notre camarade, ami et Secrétaire national, Pierre Fontaine; survenu le 27 mai dernier en soirée. Nous transmettons nos plus sincères condoléances  à sa famille et aux nombreux compagnons d’armes qui ont eu le plaisir de le côtoyer. Il laisse dans le deuil ses trois enfants, Marianne, Dominique et Laurent, et son petit-fils Zavier. 

Affable, patient, pédagogue, Pierre a  mené une vie à la hauteur de ses idées. Déterminé, il n’a jamais hésité à se sacrifier pour la noble cause de l’émancipation de la classe ouvrière, des masses laborieuses, des exploité-es et des opprimé-es. C’était sa vie, son combat, qu’il a menés jusqu’au bout. 

En plus de son militantisme politique, Pierre s’est illustré comme syndicaliste hors pair. Organisateur de grèves dans plusieurs domaines, c’est surtout son action dans le milieu de la santé et des services sociaux qui passe à l’histoire. Ce « moppeur » de l’hôpital Notre-Dame a été de tous les combats. De la grève de 1989 à la défense de l’Hôtel-Dieu, il s’est battu à la fois pour un service public de santé de qualité et pour des conditions de travail dignes. C’est ce qui lui a valu d’être reconnu comme militant et organisateur syndical hors pair, puis permanent syndical avant de devenir Vice-Président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS), l’un des plus importants syndicats au Canada. 

Si nous avons aujourd’hui un Parti communiste du Québec fondé sur une base de classe, qui ne concède rien au réformisme ni au nationalisme petit-bourgeois, on le lui doit en grande partie. Pendant plus de 20 ans, il a été la pierre angulaire qui a permis de remettre sur pied le PCQ en tant qu’entité distincte au sein du Parti communiste du Canada, alliant ainsi le principe de base de tout communiste: l’unité de la classe ouvrière au-delà des frontières nationales avec le droit inaliénable de la nation québécoise à l’autodétermination, jusqu’à et y compris la séparation. 

En 2005, alors qu’un groupe d’opportunistes a intrigué pour fomenter une scission nationaliste au sein du PCQ, lui faisant faire volte-face devant les principes d’unité de la classe ouvrière, Pierre ne s’est pas démonté et a su se saisir de son bâton de pèlerin pour mener le combat pour la survie d’un parti résolument communiste au Québec. 

Le principal instrument en a été la production de Clarté, journal qui doit son nom à la publication du PCQ frappée par la loi du Cadenas dans les années 1930. 

Internationaliste, Pierre a également été un ardent défenseur de l’internationalisme prolétarien. À Québec en 2001, lors des manifestations contre la ZLÉA, il a été l’un des seuls syndicalistes du nord de notre continent à réclamer une grève continentale contre ce pacte de rapaces. Il s’est également rendu en délégation à Cuba, occasion à laquelle il a eu l’honneur de rencontrer Fidel Castro. 

Ferme dans ses convictions, Pierre a su être flexible dans sa stratégie et sa tactique. Il a également contribué à l’un des évènements marquants de la gauche québécoise des 20 dernières années: la fondation de l’Union des forces progressistes, qui deviendra Québec solidaire en 2006. Si l’UFP, puis QS, ont maintenu jusqu’en 2017 une position d’unité de la gauche au-delà de la question nationale, c’est en grande partie grâce à notre regretté camarade. 

En effet, c’est Pierre qui, au congrès de fondation de l’UFP a su convaincre les délégué-es d’adopter une position conciliante où l’indépendance serait subordonnée à l’émancipation sociale. Il s’est également mobilisé à tout moment où cette position a été mise à mal par l’influence de nationalistes au sein de Québec solidaire, avec un succès notable jusqu’à la fusion (cousue de fil blanc) entre QS et Option nationale, qui a marqué la fin de notre participation au sein de cette organisation politique. 

Le travail militant de Pierre Fontaine au sein de l’UFP et de QS lui a valu d’être respecté, et ce, malgré les différences politiques et idéologiques au point où c’est à lui qu’on a confié l’organisation de la campagne électorale du premier candidat autochtone (Innu) de l’histoire du Québec. 

Même à la retraite, Pierre n’a pas hésité à former une nouvelle génération de syndicalistes à la demande de son alma mater, la CSN, syndicat de Michel Chartrand. 

Avec sa disparition physique, nous perdons un révolutionnaire, un camarade, un ami, un syndicaliste. Sa foi inébranlable dans l’avenir de l’Humanité nous manquera à tous et à toutes. À nous maintenant de perpétuer sa mémoire en poursuivant son combat. 

Camarade Pierre, nous répondons: « Présent-es! »

Malheureusement, les restrictions liées à la COVID-19 nous empêchent d’organiser, dans l’immédiat, un hommage politique tel qu’il se doit pour honorer convenablement la mémoire de notre ami et camarade. Cependant, dès que possible, nous organiserons un hommage politique pour célébrer la vie et la contribution de Pierre Fontaine dans la gauche et auprès des masses laborieuses québécoises.