Le Parti communiste du Québec (PCQ-PCC) s’inquiète du nombre considérable d’enseignants manquants à l’heure de la rentrée scolaire et tient pour principaux responsables les gouvernements qui se sont succédé depuis plusieurs décennies, à commencer par celui de Lucien Bouchard (dont François Legault assumait le rôle de ministre de l’Éducation) qui a opéré une coupe de 1 milliard de dollars en deux ans dans le système d’éducation.
Bien sûr, le « déficit zéro » n’est que prétexte pour accroitre les profits des entreprises. Au lieu d’augmenter les impôts corporatifs et les réinvestir vers les services publics, on les casse pour les mettre en compétition avec le privé, en réduire la qualité et dévaloriser les conditions de travail dans ce secteur.
La pénurie d’enseignants aujourd’hui en est le fruit. À celui-ci s’ajoutent les couts prohibitifs et la complexité du parcours nécessaire à devenir enseignant.
Par ailleurs, la crise de l’enseignement aujourd’hui va bien au-delà de la pénurie d’instituteurs. Elle a à voir avec le manque flagrant d’intervenants de toute sorte – dont le travail est encore plus dévalorisé que celui d’enseignant – comme de la vétusté d’infrastructures parfois insalubres et d’un programme pédagogique déficient qui considère l’élève comme client plutôt que comme apprenant.
Les récentes annonces de Drainville ne sont que de la poudre aux yeux et ne règleront en rien le problème fondamental. D’emblée, proposer une bourse de 5000 dollars par année pour inciter des étudiants à s’engager dans la corporation enseignante ne suffit pas, en période d’inflation, d’accroissement des taux d’intérêt et de pénurie orchestrée de logements, à satisfaire aux besoins de nombreux étudiants qui en auraient pour quatre ans avant de compléter leur formation. De même, la hausse salariale promise de 14% s’applique aux salarié-es qui en sont au dernier échelon seulement. Or, une grande partie d’entre eux quittent la profession bien avant d’atteindre ce palier à cause des conditions de travail exécrables : 50% désertent au bout de 5 ans!
Communistes, nous ne pouvons passer sous silence le commentaire de M. Drainville lors de son point de presse le mercredi 23 aout où il prend à parti le corps professoral et annonce que pour garantir à long terme ces conditions, il faut signer une nouvelle convention collective « le plus vite possible ». Dans un contexte de négociation en front commun de la majorité des salariés du secteur public, il s’agit tout simplement de chantage patronal. Pis encore, considérant que la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ne prend pas part au Front commun, qu’elle représente environ 40% des enseignants du Québec et qu’elle a été une des premières institutions syndicales à avoir signé avec le gouvernement en 2021, on se demande si le gouvernement ne cherche pas à faire un appel du pied aux professeurs et autres catégories professionnelles (notamment représentées par la FIQ) pour affaiblir le Front commun.
Quoi qu’il en soit, nous nous solidarisons avec tous les moyens de pression mis en branle pour revaloriser non seulement la profession d’enseignant, mais l’ensemble du système public d’éducation mis à mal depuis des décennies – abolition des commissions scolaires, sous-traitance, dévaluation de différents métiers notamment administratifs, etc. Nous enjoignons par ailleurs les parents à manifester leur solidarité envers les enseignants et l’ensemble des salariés du secteur public. Ils sont en lutte contre un gouvernement qui méprise le secteur public, mais qui n’a aucun scrupule à débourser plus de 300 millions pour permettre à Ford de faire des profits. En luttant pour leurs conditions de travail, ils luttent pour de meilleurs services publics à long terme.