Le 30 novembre 2021, la mairesse de Sherbrooke Évelyne Beaudin annonce le démantèlement « progressif » du campement de personnes sans abri sous le pont Joffre aux abords de la rivière Saint-François. Le Parti Communiste du Québec (PCQ-PCC) condamne cet acte ignoble qui accroit la marginalisation de dizaines de personnes.
Le campement sous le pont Joffre s’est établi en réponse à la baisse des offres de services d’organisations communautaires et sociales dont le Partage Saint-François. La mairesse accuse les campeurs de fuir l’aide offerte et accuse les citoyen-nes de les encourager à fuir à cause de leurs dons directs au campement. Ceci est absolument faux. Tel qu’expliqué par l’Association des locataires de Sherbrooke lors de sa conférence de presse en réaction aux propos de la mairesse : « si les personnes itinérantes campent devant le parvis du Partage Saint-François, ce n’est pas parce qu’elles fuient l’aide, mais parce que l’aide manque ! »
Pourquoi les ressources manquent-elles à l’appel? Le Partage Saint-François a connu dans les dernières semaines plusieurs bris de service en raison de l’exode de ses travailleurs et travailleuses sociaux vers le secteur public, les salaires et conditions de travail étant exécrables (les salaires de nuit sont d’à peine 15$/h!). La Ville est clairement coupable de cette situation : elle s’est engagée à ne verser que 35 000 $ annuellement (un salaire de misère)…
La mairesse, lors de ses allocutions, a fait de grandes références à l’alcoolisme, à la toxicomanie et aux troubles de santé mentale – bref aux stéréotypes liés à l’itinérance – pour expliquer la présence du campement. Ceci a l’effet implicite de détourner l’attention des politiques sociales déficientes de l’administration municipale et de son absence manifeste de volonté de vouloir pallier au problème.
La mairesse a également appelé les citoyens à cesser leurs dons directs aux campeurs – qui incluaient des palettes de bois, des vivres, des vêtements chauds et des produits hygiéniques.
Loin d’un démantèlement « en douceur », les employés de la Ville sont passés au niveau du campement pour y saisir des « déchets », ces déchets incluant trois voyages de palettes de bois, qui auraient servi à construire des paravents alors que les vents soufflent aujourd’hui à 50 km/h, et à alimenter les feux de fortune alors que le mercure chutera à son plus bas (-18°C, ressenti-24°C. Les morts qui pourraient s’en suivre ne seront pas sur la conscience des citoyens, mais bien sur celle de la mairesse.
La mairesse avait pourtant annoncé un démantèlement progressif du 30 novembre au 6 décembre, où des intervenant.e.s en itinérance auraient l’occasion d’aller rencontrer les campeurs et campeuses et les rediriger vers des services. Or, le responsable du campement, Myshell-Alexandre Carpentier, exprimait dans un communiqué de presse en soirée du 3 décembre que « les organismes brillent par leur absence : que va-t-il arriver lundi? »
Malgré tout, les forces réellement progressistes à Sherbrooke, incluant l’Association des Locataires de Sherbrooke, le Collectif d’Aide Radicale de l’Estrie et plusieurs citoyen.ne.s s’unissent et répondent à l’appel à l’aide des campeur-euses.
Notons que cette action de démantèlement a lieu quelques semaines à peine après l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle administration élue grâce à la promesse de faire de la politique autrement. C’est aussi presque un an plus tôt que la mairesse de Montréal, laquelle avait gagné la course à la mairie de 2017 grâce à un programme perçu comme progressiste. Force est de constater qu’il s’agit, dans les deux cas, d’une illusion…
Alors que les grandes entreprises ont profité largement des vingt mois de pandémie, la classe ouvrière n’a connu que crise économique, inflation, augmentation des prix et endettement. C’est là le propre du système capitaliste. Notre avenir dépasse ce système, il demande sa suppression. Nous avons besoin d’une reprise populaire, pas d’une reprise pour les profits.
Sans avancer que ce soit le rôle de la politique municipale de convertir nos villes en oasis de socialisme, il reste que certaines réformes peuvent y être conquises notamment en matière de logement social.
Ainsi, le Parti communiste du Québec (PCQ-PCC) revendique :
– La construction en urgence d’un million de logements sociaux au Canada dont 50 000 au Québec;
– Le contrôle des prix des loyers de sorte qu’aucun ménage ne défraie plus de 20% de ses revenus à ce poste de dépense;
– Un moratoire sur les évictions pour non-paiement de loyer;
– Un salaire minimum à 23$ l’heure;
– Une réelle réforme de l’assurance-chômage pour que celle-ci soit non-contributoire, ouverte à tous et toutes (y compris les primo-demandeurs), couvre toute la durée du chômage à hauteur de 90% du revenu;
– Un plan pour atteindre le plein-emploi à des conditions de travail et de salaires dignes;
– Le dé-financement et la démilitarisation de la police de même que la réduction du budget militaire de 75%, autant d’argent qui ferait mieux d’être réinvesti dans les services publics (y compris aux personnes itinérantes);