Le Parti communiste du Québec déplore le décès de Raphaël André, itinérant innu d’une cinquantaine d’années survenu dans la nuit de samedi à dimanche. D’aucuns soulignent que ce décès était évitable n’eut été de l’imposition du couvre-feu qui est à l’origine de la fermeture nocturne du centre d’hébergement que M. André avait l’habitude de fréquenter. Son corps a été découvert dans un sanitaire de chantier où il se serait probablement réfugié pour la nuit, de peur d’être la cible d’une rafle policière. Il serait mort de froid.
Ce tragique évènement soulève plusieurs problèmes sociaux que nous avons continuellement dénoncé et dont nous avons, à maintes reprises, tenu les différentes administrations municipales, comme le gouvernement provincial et fédéral pour responsables à cause de leur inaction (au mieux) lorsqu’il ne sont pas carrément à l’origine de ceux-ci.
L’imposition d’un couvre-feu, mesure dont l’efficacité n’est attestée par aucune étude scientifique, en est le dernier élément. Notons à ce sujet que les mesures sanitaires préconisées par le gouvernement Legault sont non seulement contradictoires, mais sont prises sans tenir compte des enjeux sociaux que sont l’itinérance, la violence conjugale, le travail de nuit, l’insalubrité et la précarité de logements entre autres. Ce n’est en effet pas tout le monde qui a un chez-soi confortable où passer ses soirées entre 20h et 6h du matin.
Nous dénonçons au passage les récentes déclarations de M. Legault qui persiste et signe lorsque interpellé sur la possibilité d’établir une exception pour les sans-abris en termes du couvre-feu sous prétexte que tout le monde pourrait s’improviser itinérant. Quelle honte!
Alors que Montréal devient de plus en plus un paradis pour capitalistes rentiers qui investissent dans la pierre et qu’en conséquence la spéculation immobilière s’accentue à un rythme effréné, on constate une augmentation de la population itinérante. Ce n’est pas le plan pour une “métropole mixte” de Mme Plante, à la fois insuffisant et conçu sur des bases encourageant la spéculation, qui permettra de renverser la vapeur.
Ce constat est d’autant plus pertinent lorsqu’on sait que M. André s’était établi à proximité du campement de la rue Notre-Dame, démantelé en décembre dernier…
Nous ne pouvons non plus passer sous silence la surreprésentation de personnes itinérantes d’origine autochtone à Montréal, ce qui a tout à voir avec des siècles de colonialisme, une tentative de génocide et une oppression nationale perpétuelle dont ont été victimes les peuples et nations autochtones jusqu’à aujourd’hui, le tout pour satisfaire les besoins des monopoles canadiens.
M. Trudeau a été élu, en 2015, en promettant de rétablir un dialogue de “nation à nation” avec les peuples et nations autochtones. Pourtant, le fait est que depuis toujours, ce dialogue a été de nation à nation : il s’agit d’un dialogue de nation dominante à nation dominée. Et c’est encore le cas. Pour que cette situation change, il n’y a d’autre solution que de déloger le contrôle de notre économie et de notre politique par les grandes compagnies et ainsi, à travers une nouvelle constitution canadienne réellement démocratique, poser les bases d’un réel partenariat égal et volontaire de toutes les nations qui composent le Canada. Le contrôle de l’économie nationale de chacune de ces nations doit en faire partie intégrante, de sorte que plus aucun-e autochtone ne soit forcé de quitter sa communauté pour trouver un hypothétique emploi et espérer un meilleur accès aux services de santé et d’éducation.
Communistes, plutôt que de nous concentrer sur les aspects spécifiques de la mort de M. André, nous en soulignons les causes. La raison est simple : tant que celles-ci ne seront pas clairement combattues, d’autres cas similaires risquent de se produire.
C’est pourquoi nous appelons les forces progressistes, les syndicats, mouvements démocratiques et populaires à s’unir dans la lutte pour de meilleurs services publics, pour des mesures solidaires contre la pandémie d COVID19, pour la construction de 50 000 logements sociaux et publics en urgence (le Venezuela en a construit plus de 3 millions, nous devrions donc être en mesure de le faire!) à travers le Québec, pour une nouvelle constitution qui garantisse une solution réellement démocratique à la question nationale. Mais avant toute chose, il convient de souligner que cette lutte doit commencer par identifier notre ennemi commun, notre ennemi principal: le capitalisme monopoliste d’État dont tous les gouvernements et tous les paliers de gouvernement du pays, du municipal au fédéral, sont complices.