Extraits de la résolution politique du 18ième congrès du PCQ, 26 et 27 mai 2018

Le PCQ a travaillé très fort depuis une vingtaine d’années pour établir un front unique avec des organisations politiques réformistes et social-démocrates pour lutter contre le capitalisme, malgré les différences de vue, et conformément à notre programme : « Dans les luttes quotidiennes, les communistes travaillent étroitement avec les sociaux-démocrates de gauche et avec les autres militants des mouvements ouvriers et progressistes, et luttent pour développer des actions unifiées et maintenir la coopération. (…). Plus le Parti communiste pourra travailler efficacement pour l’unité de la gauche et des forces démocratiques, tout en renforçant son activité politique indépendante en appliquant son programme et ses politiques marxistes-léninistes, et plus les forces de gauche (…) pourront être rassemblées dans la lutte unie pour des politiques véritablement socialistes. » (Notre avenir au Canada : Le socialisme! – Programme du PCC et du PCQ, chap. 5 – La social-démocratie, p 72-73)

En particulier après la défaite des souverainistes lors du référendum de 1995, la gauche réformiste se montrait désireuse de se doter de son propre véhicule politique pour se libérer de l’emprise du Parti Québécois, pour retrouver une voix propre et pouvoir ainsi affirmer librement ses positions progressistes et «solidaires» qui, pendant des décennies sous la bannière du PQ, avaient dû être mises en veilleuse afin de ne pas briser l’unité du camp souverainiste.(…)

Nous nous sommes impliqués dans cette démarche en proposant plutôt de réunir les forces de gauche sur la base des revendications syndicales et populaires pour répondre à l’offensive néolibérale, et cela au-delà de nos différences de vue sur la question nationale et contribuer ainsi à la rupture avec le PQ.

(…) Nous nous sommes inspirés des principes énoncés par Dimitrov lors du 7ième congrès de l’Internationale communiste: « Quel est et quel doit être le contenu essentiel du front unique à l’étape donnée? La défense des intérêts économiques et politiques immédiats de la classe ouvrière, la défense de cette classe contre le fascisme doit être le point de départ et constituer le contenu essentiel du front unique dans tous les pays capitalistes. Nous ne devons pas nous borner simplement à des appels sans lendemain en faveur de la lutte pour la dictature du prolétariat, mais trouver et formuler des mots d’ordre et des formes de lutte découlant des nécessités vitales des masses, du niveau de leur combativité à l’étape donnée du développement. Nous devons indiquer aux masses ce qu’elles ont à faire aujourd’hui pour se défendre contre le pillage capitaliste et la barbarie fasciste. Nous devons travailler à établir le plus vaste front unique au moyen d’actions communes des organisations ouvrières de différentes tendances pour défendre les intérêts vitaux des masses travailleuses. Cela signifie, premièrement, lutter en commun pour faire réellement retomber les effets de la crise sur les épaules des classes dominantes, sur les épaules des capitalistes, des propriétaires, en un mot sur les épaules des riches. » (G. Dimitrov, Œuvres choisies, E.S., p. 63, Le VIIe congrès de l’Internationale communiste.)

Au fur et à mesure que QS développait son influence, notamment parmi les militantes et les militants des organisations syndicales et populaires, ainsi qu’auprès de l’électorat, les pressions se faisaient de plus en plus fortes en faveur d’alliances des forces souverainistes ou indépendantistes, particulièrement avec le PQ. Ce dernier n’a eu de cesse d’accuser QS de ne pas être vraiment souverainiste, de diviser le vote souverainiste, de faire le jeu des fédéralistes, etc.

Ces pressions avaient grand effet sur la direction de QS, surtout sur ses éléments les plus nationalistes qui de façon récurrente soulevaient la perspective de prioriser la cause nationale et proposaient de faire alliance entre toutes les forces indépendantistes.

Jusqu’au congrès de l’automne 2017, les délégué-e-s avaient rejeté cette perspective à plusieurs reprises. Mais, à la veille de la prochaine élection provinciale, la pression était à son maximum sur les délégué-e-s presque mis devant le fait accompli d’une entente de principe pour fusionner avec Option Nationale, fusion qui devenait le prétexte idéal pour leur forcer la main et leur faire accepter définitivement le point de vue nationaliste comme prédominant. Désormais, QS parle volontiers de vouloir unir les indépendantistes (progressistes) plutôt que les forces de gauche.

Depuis le tout début, le PCQ a résisté le plus qu’il pouvait contre cela, donnant la priorité aux revendications de la classe ouvrière, base du front unique. La différence au fond entre QS et le PCQ est que le premier a une approche réformiste et l’autre, une approche révolutionnaire. Bien sûr, QS est progressiste et reprend à son compte un certain nombre de revendications syndicales et populaires, mais, il ne propose pas vraiment d’abolir le capitalisme. Il propose plutôt de le contrôler, d’en limiter les excès « néolibéraux », de le « dépasser » selon ce qu’il prétend, et ce, exclusivement au Québec. Son approche est essentiellement réformiste et nationaliste.

Le PCQ-PCC s’appuie sur la classe ouvrière. Comme il lui propose de s’emparer du pouvoir et de renverser la bourgeoisie canadienne, son unité à travers le pays est par conséquent une condition indispensable pour assurer l’instauration du socialisme. Le PCQ vise donc à unifier la classe ouvrière du pays au-delà des clivages nationaux, pour qu’elle soit capable d’accomplir sa mission historique. Son approche est révolutionnaire et internationaliste.

Cependant, cela ne signifie pas que le PCQ rejette le bien-fondé de la lutte contre l’oppression nationale ou qu’il se berce d’illusions sur la possibilité de réformer le fédéralisme canadien tel qu’il s’est constitué (AANB) et qu’il a évolué. Comme le dit Dimitrov, « nous, communistes, nous sommes les irréconciliables adversaires de principe du nationalisme bourgeois sous toutes ses formes. Mais nous ne sommes pas les partisans du nihilisme national, et ne devons jamais nous affirmer comme tels. Le problème de l’éducation des ouvriers et de tous les travailleurs dans l’esprit de l’internationalisme prolétarien est une des tâches fondamentales de tout Parti communiste. Mais quiconque pense que cela lui permet de cracher, et même l’oblige à cracher sur tous les sentiments nationaux des grandes masses travailleuses, est loin du bolchévisme authentique, il n’a rien compris à la doctrine de Lénine et de Staline dans la question nationale ». (G. Dimitrov, Œuvres choisies, E.S., p.105, Le VIIe congrès de l’Internationale communiste.)

(…)

La fusion avec ON constitue néanmoins à notre point de vue un changement qualitatif important pour QS. En souhaitant unir avant tout les indépendantistes, mission que s’attribue le PQ, il s’agit pour QS plus qu’un retour en arrière, il s’agit presque d’une négation de son acte de naissance. La lutte nationale par nature tend objectivement à une collaboration, voire une alliance entre les protagonistes de la lutte des classes qui elle, les oppose de façon antagonique. Évidemment, QS demeure une organisation de gauche et progressiste, mais la fusion avec ON ouvre une porte vers une possible déviation nationaliste, voire un recentrage de ses positions politiques. L’avenir saura le dire.

(…)

En adoptant sa nouvelle position, QS nous a ni plus ni moins éjectés de ses rangs (dans la mesure où nous y étions). Si cette position avait été adoptée au départ lors de la fondation de l’UFP*, nous ne nous y serions pas joints. (…) En conséquence, nous ne proposons pas de rompre avec l’idée de front unique, mais plutôt de nous ajuster à la nouvelle situation, nous affirmer davantage dans la mesure de nos forces en évitant le piège du sectarisme et de l’isolement.

La proposition suivante a été adoptée:

Considérant les décisions prises par le dernier congrès de Québec Solidaire modifiant son projet d’assemblée constituante en lui attribuant un mandat obligatoire de rédaction d’une constitution d’un Québec indépendant;

Considérant la priorité désormais accordée à l’indépendance du Québec dans le projet politique de Québec Solidaire;

Considérant la nécessité de défendre les positions du PCQ visant à solidariser la classe ouvrière au Canada;

Il est proposé que tous les camarades du PCQ qui sont aussi membres de Québec solidaire mettent fin à leur adhésion (démission et/ou non-renouvellement de l’adhésion annuelle). ♦

(* Extrait du programme de l’Union des Forces Progessistes (UFP) à propos de la Question nationale:

(…)2.a Les différentes composantes de l’UFP reconnaissent l’importance de la question nationale québécoise. L’UFP ne forme pas un bloc monolithique sur cette question ; la diversité de points de vue est un reflet de ce qui se passe dans l’ensemble de la gauche et des milieux progressistes québécois. Tous et toutes, au sein de l’UFP, s’accordent à dire que la solution à cette question nécessitera l’obtention de la souveraineté pour le peuple québécois. Ils s’entendent pour souligner le fait que la question nationale est liée à l’émancipation sociale.
2.b L’UFP propose l’indépendance nationale du Québec en favorisant l’émancipation sociale, l’équité et la justice sociale pour tous et toutes. L’indépendance n’est pas une fin en soi pour ceux et celles qui en font la promotion, mais un moyen de réaliser notre projet de société. La souveraineté populaire s’exercera par la création de l’Assemblée constituante. Pour ce faire, que le gouvernement du Québec organise l’élection d’une Assemblée constituante chargée de rédiger et de proposer au peuple, par référendum, une Constitution pour un Québec progressiste, républicain, laïc et démocratique. )