Défendons les libertés démocratiques – Appliquons les lois contre la propagande et les crimes haineux
Certains ont peut-être accueilli positivement le fait que le gouvernement fédéral invoque la Loi sur les mesures d’urgences pour s’attaquer à l’occupation continue d’Ottawa par le soi-disant convoi de camionneurs dirigé par des forces d’extrême droite et fascistes. Pourtant, il s’agit d’une manœuvre capable de suspendre les droits démocratiques pour tous et toutes au Canada, imposant dans les faits une loi martiale dans tout le pays.
Bien que le premier ministre promette d’être sélectif dans l’utilisation des pouvoirs arbitraires que cette loi lui confère, la Loi sur les mesures d’urgence suspend la Charte des droits, éliminant les droits démocratiques au Canada.
La Loi sur les mesures d’urgence est le nouveau nom de la Loi sur les mesures de guerre qui n’a été utilisée qu’à trois reprises dans l’histoire du Canada, deux fois lors des Première et Seconde Guerres mondiales, puis en 1970 lors de l’occupation du Québec par l’armée fédérale.
C’est à la suite d’une opposition massive à l’utilisation de cette loi contre les populations civiles qu’un changement de nom a été opéré. Elle aurait dû être abolie. Or, elle sera employée pour accomplir la besogne que la police a déjà fait à Windsor sans recourir à cette loi draconienne.
Les résident-es d’Ottawa en particulier ont remarqué, que la police locale n’a presque rien fait et, à bien des égards, a facilité l’occupation en cours. Cette inaction de la police contraste fortement avec la dure répression contre les peuples autochtones chaque fois que la souveraineté autochtone se heurte au vol capitaliste de terres et de ressources, ou avec les arrestations massives de milliers de personnes qui ont eu lieu lors des manifestations contre le G20 en 2010 ou lors de la grève étudiante au Québec en 2012. On constate par ailleurs de nombreux liens manifestes entre la police, les services de renseignement de l’État, le personnel militaire actif et vétéran d’une part et l’occupation d’extrême droite de l’autre. Tout cela prouve que de nouveaux pouvoirs de police, de surveillance et de répression seront finalement utilisés contre les mouvements ouvriers et populaires, et non contre l’extrême droite.
Ce qui manque à Ottawa, c’est la volonté de s’opposer politiquement et d’agir contre le noyau d’extrême droite de ce mouvement, d’utiliser les lois existantes contre les crimes et les discours haineux pour arrêter et détenir tous ceux et celles qui prônent la haine et menacent les femmes, Musulman-es, Juif-ves, personnes racisées, immigré-es, communistes, libéraux et sociaux-démocrates ainsi que tous ceux qui luttent contre l’incitation à la haine.
Les travailleur-euses de l’ensemble du Canada ont manifesté dans les rues, exigeant que le gouvernement agisse contre la haine ; défende la santé publique, les hôpitaux et le personnel soignant ; défende la science et les mesures de santé publique qui auraient pu empêcher la mort de milliers de personnes au Canada si elles avaient été mises en œuvre plus tôt et de manière cohérente par les gouvernements fédéral et provinciaux.
Au lieu de cela, les gouvernements se sont pliés aux intérêts des grandes entreprises, instrumentalisant la pandémie pour opérer un transfert massif de richesse dans les poches des plus grandes entreprises au Canada, tandis que des millions de personnes ont perdu leur emploi, les petits restaurants et commerces faisaient faillite et de nombreux travailleur-euses ont tout perdu, y compris leur espoir d’un avenir meilleur pour eux-mêmes et leurs enfants.
Les politicien-nes ont de quoi être effrayés par la foule qui occupe Ottawa et d’autres endroits au Canada. Ce n’est pas une manifestation, c’est un mouvement politique d’extrême droite financé et soutenu par les rangs de la police et de l’armée, par les forces suprématistes blanches et fascistes du monde entier.
La solution est de prendre immédiatement action au moyen des lois existantes pour disperser l’occupation et protéger le public. L’important est de protéger et de renforcer les droits démocratiques, pas de les laminer au moyen de la Loi sur les mesures d’urgence.
La solution consiste à protéger la santé publique en refinançant la santé publique et le personnel soignant, augmenter les salaires et garantir de meilleures conditions de travail en contrant la privatisation et en étendant l’assurance-maladie pour inclure les soins de longue durée et un programme d’assurance-médicaments.
La solution, c’est d’agir pour une issue populaire à la crise basée sur la création d’emplois de qualité, des retraites et des salaires majorés, des logements sociaux réellement abordables ; des services de garde publics de qualité et gratuits; des programmes sociaux universels, publics et étendus ; l’abolition de la dette étudiante, une réelle action contre le changement climatique ; une forte augmentation des impôts corporatifs couplée à des abattements fiscaux pour les travailleur-euses et les personnes privées d’emploi; etc. Telle est la réponse appropriée au désespoir généralisé et à la colère justifiée des masses laborieuses.
Les grandes entreprises estiment sans doute qu’invoquer la loi sur les mesures d’urgence est une bonne idée : elle élimine à la fois les retards aux frontières et le droit de grève. Mais les travailleur-euses, les mouvements ouvrier, démocratiques et populaires, le NPD, les Verts et le Bloc doivent s’opposer clairement à cette loi liberticide qui suspend les droits constitutionnels et la Charte des Droits malgré la promesse de Trudeau de ne pas agir arbitrairement. Jusqu’où ira le premier ministre ? « Just watch me » déclarait Trudeau Père lorsqu’il a invoqué la Loi sur les mesures de guerre en 1970…
Le Parti communiste est solidaire des manifestant-es antifascistes et antiracistes qui sont aujourd’hui les véritables défenseurs publics et appelle les mouvements ouvriers, démocratiques et populaires à s’élever maintenant contre l’application de la Loi sur les mesures d’urgence, à défendre les libertés démocratiques et à réclamer une action gouvernementale visant à protéger le public de l’occupation en cours grâce aux moyens légaux déjà existants.
Comité exécutif central – Parti communiste du Canada