Déclaration du Parti communiste du Québec
Le Parti communiste du Québec, section du Parti communiste du Canada (PCQ-PCC) dénonce le climat d’anticommunisme qui s’est immiscé dans la campagne électorale à la suite du second débat des Chefs. Lors de son passage à TVA, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée s’est en effet attaqué à la formation progressiste Québec solidaire dans un ton semblable à celui qu’il avait adopté à la suite du congrès solidaire de mai 2017, lequel avait alors refusé d’entériner une alliance tactique entre les deux formations en vues des élections provinciales.
À l’égard de QS, Lisée ne s’est pas aventuré à se prononcer sur les propositions politiques, mais il s’est plutôt borné à attaquer la structure interne du Parti, soulignant que le chef de Parti, du moins sur papier, ne brigue aucun mandat électif. Ceci suffirait, selon lui, à prétendre qu’une « force occulte » dirige QS, laquelle serait dirigée par Gaëtan Châteauneuf, un syndicaliste à la retraite « puissant » toujours selon Lisée. Il n’en fallait pas plus pour que cette histoire soit montée en épingle par la presse et les autres formations politiques. Cette banale histoire de structure interne d’un parti politique, qui n’est d’ailleurs en rien si différente chez Québec solidaire que celles chez d’autres formations, la question est devenue centrale au cours des dernières journées de la campagne à un point tel que les extrapolations et les hyperboles se sont multipliées, taxant le parti de socialiste, marxiste voire communiste, comme s’il s’agissait d’une tare que de porter des idées marquées à gauche.
Pour nous, communistes, la nature de QS en tant que parti social-démocrate, donc non communiste, est claire. Cependant, qu’une formation politique de gauche soit sommée de montrer pattes blanches et de se dissocier de toute critique du système capitaliste basé sur la constante exploitation de l’humain par l’humain pour pouvoir prétendre ne serait-ce que combattre dans l’arène politique, est une honte pour tout démocrate et progressiste du Québec.
Quoi que l’on puisse penser de QS, il reste que la manoeuvre de Lisée va au-delà du parti de Manon Massé et de Gabriel Nadeau-Dubois. En l’attaquant de la sorte, le chef du PQ n’a pas seulement permis à l’anticommunisme de s’installer dans le débat mais, dans une logique mesquine répondant au fait que connaissant une mauvaise campagne, il voit QS comme une réelle menace pour son parti, il a également contribué à une remontée dans les intentions de vote de la CAQ. En effet, dans les jours précédant le second débat des Chefs, la formation de François Legault, confortablement en tête dans les sondages en début de campagne, était en perte de vitesse notamment à cause de sa politique radicale contre l’immigration, une perte de vitesse qui profitait entre autres à QS. Ainsi, d’une campagne sans grande profondeur politique où le rejet des deux partis politiques qui ont gouverné le Québec depuis plus de 40 ans semblait être le leitmotiv auprès de la population, certaines questions ont permis à ce que QS soit vu comme une réelle force politique de changement.
Objectivement, par sa manoeuvre, Lisée a fait de QS une cible de la campagne, perdant de vue la menace principale pour la jeunesse, les peuples et la classe ouvrière: l’élection d’un gouvernement campé très à droite dirigé par François Legault et la CAQ. Que ce soit sur les questions sociales ou démocratiques, dont les questions liées à l’immigration, mais aussi à l’économie, à la privatisation et la mise en concurrence de l’éducation, à l’environnement, ou encore les droits syndicaux et du travail, le programme de la CAQ promet de s’attaquer aux programmes sociaux et aux acquis démocratiques obtenus au gré d’âpres mobilisations et luttes, et représente en conséquence un réel danger, en particulier dans la situation actuelle qui est marquée par la montée en puissance et la banalisation des idées d’extrême-droite, tant à travers les groupuscules fascisants que par la pénétration de ces idées dans des formations politiques « respectables », dont la CAQ.
Ainsi, pour nous, communistes, il ne fait aucun doute que dans les derniers jours de campagne, il est de mise de remettre la campagne en perspective et concentrer toutes nos attaques contre la CAQ, ce qui ne signifie pas donner carte blanche aux autres partis présents dans l’arène électorale ni d’appeler à un vote de barrage. Au contraire, nous estimons que plus les candidat-e-s les plus progressistes seront à même de bénéficier d’un large soutien populaire, plus il sera possible de trouver un écho politique aux luttes extra-parlementaires, lesquelles s’annoncent féroces compte tenu de la teneur du parti qui risque de former le gouvernement le 2 octobre.