Le Parti communiste du Québec (PCQ-PCC) condamne les propos tenus par François Legault lors de son point de presse le 2 mai dernier. À cette occasion, il a fait savoir, à demi-mot, qu’il n’hésiterait pas à recourir aux grands moyens si, d’ici trois semaines, une entente n’est pas signée entre le gouvernement et les travailleur-euses syndiqués du secteur public.
Cette sortie, qui ne peut être que perçue comme une provocation le lendemain du 1er mai, Journée internationale des travailleur-euses, a également été l’occasion pour lui de réaffirmer son anti-syndicalisme en prenant à partie la population et en déclarant qu’il devait prendre en compte la capacité de payer de la population québécoise. Comme nous l’avions prévu, le déficit de 12 milliards de dollars prévu au dernier budget sert de marotte agitée pour justifier une attaque patronale comme celle que semble s’apprêter à faire passer en force le gouvernement Legault.
Nous dénonçons également le mensonge servi à la population selon lequel le gouvernement était prêt à offrir une hausse salariale de 8% au cours des trois prochaines années. Cette donnée a par ailleurs été démentie aussitôt par les syndicats qui rappellent que cette offre est plutôt de l’ordre de 5% pour cette même période (avec une possibilité d’ajustement de 1% selon la performance économique du Québec et l’inflation entre 2020 et 2023).
Or, cette augmentation salariale prévue est loin d’être suffisante. D’une part, elle est bien en-deçà du taux d’inflation prévu par la Banque du Canada qui devrait se stabiliser autour de 2% à partir de la 2e moitié de l’année. D’autre part, il est loin de combler les importants retards salariaux accumulés au cours des dernières années. En effet, entre 2003 et 2020, les salaires des employé-es du secteur public ont augmenté de 20,75% tandis que l’inflation cumulée elle, culmine à 26,1%. De plus, entre 2003 et aujourd’hui, la masse salariale des employé-es de l’État a baissé de 3,8 milliards de dollars, une contraction de 10%.
Depuis décembre 2019, une quarantaine de tables de négociations ont eu lieu. L’offre présentée est restée, globalement, la même, y compris celle du 2 mai que François Legault vante avec optimisme comme une entente optimale et mutuellement bénéfique.
Depuis le début des négociations, la tactique du gouvernement est claire. Elle n’est d’ailleurs en rien différente de celle de Couillard en 2015 et de plusieurs gouvernements précédents. Pour empêcher coute que coute un front commun d’un demi-million de salarié-es, il est prêt à concéder certaines avances à quelques secteurs choisis. Il semble qu’il ait posé son dévolu sur les enseignant-es et sur le personnel de santé qualifié si on se fie au fait qu’une entente a été conclue avec la Fédération autonome de l’enseignement, qu’une entente partielle a été convenue avec la Fédération interprofessionnelle de la santé et que, selon les dires du Premier Ministre, les négociations vont bon train avec la FSE-CSQ (ce dont témoigne l’annulation de la deuxième journée de grève du 27 avril dernier).
Cependant, la partie est loin d’être terminée. En réaction au point de presse, la majorité des centrales syndicales représentant les salarié-es du secteur public (CSN, FTQ, APTS, CSQ et FIQ) ont rejeté d’emblée les nouvelles propositions. La CSN a même fait savoir qu’elle n’hésiterait pas à utiliser des mandats de grève si le gouvernement continue de faire la sourde oreille.
Nous saluons cette détermination et soulignons qu’au Québec, les négociations du secteur public sont souvent l’occasion de luttes syndicales qui font tache d’huile et donnent le ton pour plusieurs luttes syndicales et populaires. En période de crise comme celle que nous traversons, alors que le gouvernement Legault se permet de s’en prendre à la santé et à la sécurité au travail avec le projet de loi 59, alors que le gouvernement fédéral se permet de voter une loi spéciale forçant le retour au travail des débardeurs du Port de Montréal, mais surtout, alors que la classe dirigeante s’apprête à nous faire payer à coups d’austérité et d’autres mesures antipopulaires une crise dont elle seule est responsable, les salarié-es du secteur public – qui par ailleurs sont à 75% des femmes et qui comptent parmi les plus touchés par la pandémie – ont l’occasion d’être au centre d’un mouvement de résistance contre Legault, contre les grands monopoles, pour une issue populaire à la crise capitaliste.