Le Parti communiste du Québec (PCQ-PCC) salue la détermination des travailleuses de CPE en grève contre le gouvernement Legault qui, à leur mépris et au mépris de familles entières, refuse de leur accorder des conditions de salaire et de travail décentes. Depuis le début de l’automne, les milliers de salarié-es que représentent la CSN, la CSQ et la FTQ ont répondu à la mauvaise foi patronale en exerçant plusieurs journées de grève. Devant l’immobilisme du gouvernement, elles maintiennent leurs revendications et engagent des pourparlers en vue d’un front commun et d’une grève générale illimitée.
Alors que le gouvernement Legault a le culot de prôner la création de 37 000 places en CPE « au plus sacrant », en coulisses, il les négocie à rabais, c’est-à-dire au détriment des conditions de travail de celles et ceux qui maintiennent ce service public à bout de bras, mais aussi au détriment des enfants. Il tente d’imposer la semaine de 40 heures à des salarié-es qui, selon un sondage effectué par la Centrale des syndicats du Québec, se disent à 80% épuisés et dont 69% affirment songer à quitter la profession pour cette raison.
De plus, les offres proposées par la partie patronale déséquilibrent complètement l’échelle salariale et font en sorte qu’une éducatrice spécialisée en fin de carrière gagne moins qu’une éducatrice non-qualifiée en fin de carrière (26,71 contre 27,51 dollars l’heure). Or, l’une des raisons principales du surmenage des intervenantes en CPE, c’est justement le manque de ressources pour gérer les enfants en difficulté…
On peut également souligner le fait que pour plusieurs corps de métiers qui participent à maintenir les CPE à flot, les conditions salariales sont moindres que dans d’autres secteurs – sans doute parce que les CPE sont des milieux à effectif très majoritairement féminin. C’est notamment le cas des cuisinier-ères qui gagnent 37,5% de moins que dans un établissement de santé et ce, pour le même travail!
Cette considération est d’ailleurs en phase avec le fait que les éducatrices spécialisées comptent parmi les technicien-nes les moins bien rémunérés avec 21,38$ l’heure contre une moyenne de 23,61$ l’heure pour un travail égal…
Devant cette iniquité, les travailleuses-eurs de CPE continuent de réclamer une augmentation salariale qui se chiffre jusqu’à 27% sur 3 ans. Avec un taux d’inflation qui atteint des sommets depuis plus de 20 ans et qui continue d’augmenter, force est de constater que la demande est loin d’être exagérée.
Leur détermination et leur lutte vont au-delà de la simple question salariale. Par leur mouvement, elles remettent les pendules à l’heure quant à la question de l’équité salariale. Elles révèlent également un mépris envers le travail des femmes qu’entretient François Legault dont nous connaissions les contours depuis longtemps.
En effet, depuis que l’on commence à parler de « reprise économique », son gouvernement s’est efforcé de prioriser le secteur privé (notamment la construction) dont les salariés sont surtout masculins au détriment des services publics à effectif plutôt féminin.
Nous avons pu constater que Legault mise sur la division pour s’attaquer aux luttes syndicales et ouvrières, en faisant par exemple des offres à des travailleurs et travailleuses qualifiés (technicien-nes, spécialistes, enseignant-e-s, tec.) au détriment de catégorie de travailleurs et de travailleuses plus manuel (cuisinniers-ères, préposé- es d’entretien, travailleur-euses sociaux, etc.) dont il refuse d’écouter les demandes. Ces offres présentées dans les médias au lieu de la table de négociation sont souvent empoisonnées par des conditions (comme pour les primes aux infirmières) et vise a sabotter la négociation collective. De même, par cette lutte, les travailleuse-eurs de CPE n’échappe pas à ce même modus operandi favori de Legault lorsqu’il s’agit d’attaquer les syndicats et d’entrainer la population dans son antisyndicalisme. D’un côté, il présente des offres qui semblent généreuses à travers une opération de communication cousue de fil blanc, tentant de faire porter le fardeau de la preuve sur les syndicats. De l’autre, il les attaque de façon pernicieuse, d’une façon porte sur certains détails. Ainsi, dans le cas des CPE, l’augmentation salariale présentée par le gouvernement repose sur un montant forfaitaire pour celles et ceux qui travailleraient 40h par semaine. Or, s’il est un gain important obtenu par les syndiqué-es des CPE, c’est celui de travailler de 32 à 36 heures par semaine. Ainsi, Legault cherche à saboter les conventions collectives et à n’offrir des augmentations qu’aux salarié-es non syndiqué-es.
Rappelons enfin que l’existence même d’un réseau de garderies publiques au Québec est une conquête sociale importante obtenue après de longues années de mobilisations des mouvements ouvrier, syndical et féministe. Par leur grève, les travailleuse-eurs de CPE défendent un pilier important de l’expansion de nos services publics. Elles défendent également le droit au travail des femmes et s’attaquent à une conception réactionnaire et rétrograde selon laquelle leur emploi ne représente qu’une vocation. Or, les travailleuse-eurs de CPE sont des professionnel-les formés et jouent un rôle fondamental dans l’éducation et la socialisation des enfants au Québec, en particulier ceux de familles moins nanties.
Pour toutes ces raisons, mais aussi parce que ce mouvement de grève bénéficie déjà d’un appui non-négligeable au sein de la population, les salarié-es des CPE risquent d’être à l’origine du premier front commun de la première grève générale illimitée dirigé contre François Legault et ses politiques antisyndicales et pro-patronales. Ainsi, communistes, nous enjoignons tous les progressistes à témoigner de leur appui actif à cette lutte qui porte en elle les graines d’une plus large mobilisation à caractère politique contre la CAQ, principal porte-parole du patronat au Québec.