Stéphane Doucet
La crise sanitaire n’a que renforcé les inégalités et approfondi les souffrances quotidiennes des gens qui peinaient déjà au jour-le-jour à subvenir à leurs besoins. Seulement en janvier 2021, les femmes entre 25-54 ans ont perdu plus de 70 000 emplois au Canada, un chiffre plus de deux fois plus élevé que leurs homologues masculins. Dans la dernière année, ce même groupe a perdu 193 000 emplois alors que le gouvernement offre surtout de belles paroles, mais très peu de programmes de création d’emplois.
Qu’est-ce que ça a à faire avec le logement? Selon la dernière édition du dossier noir “Femmes, logement et pauvreté” du FRAPRU, paru en 2019, plus d’une femme monoparentale sur trois dépense plus de 30% de son revenu sur son loyer au Québec. Combien de celles-ci figurent parmi celles qui ont perdu leur emploi au fil de la dernière année, et comment est-ce que cette perte affecterait son paiement du loyer? D’après cette même étude, autour de 250 000 femmes québécoises dépensent plus de 30% de leur revenu au loyer et, pire encore, 100 000 d’entre elles y consacrent plus de 50%! Tout porterait à croire que cette figure a augmenté dû à la crise en cours.
Alors que les grands médias et le gouvernement nous parlent de leurs livres préférés, des beaux samedi matins, comment maximiser notre rendement en travaillant à la maison, comment créer la patinoire parfaite dans notre cour arrière, la classe ouvrière en arrache. Selon un sondage récent, les femmes sont de 11% à 15% plus stressées que les hommes. Malgré le fait que l’étude ne portait pas sur les causes de ce stress élevé, nous savons que les tâches ménagères ont augmenté durant la période du confinement, et que l’horizon de la fin continue d’être repoussé grâce à la mauvaise gestion de la crise. En effet, être cloîtrée à la maison peut être un facteur important de stress concernant le travail domestique, la violence conjugale, la scolarisation des enfants – bref, ces questions qui touchent particulièrement les femmes.
Le marché privé du logement n’est pas simplement un échec pour les femmes, il est bel et bien son exploiteur. Des loyers trop élevés pour des logements insalubres et trop petits, c’est bel et bien une source extrêmement fiable de profits que s’accaparent un petit groupe de compagnies et d’individus: les Timbercreek, les Sergakis, les Akelius de ce monde. En s’appuyant sur la misère des gens, ils ont une main logée en permanence dans le portefeuille des locataires, qui peinent à se protéger de leurs abus: surtout financiers, mais aussi parfois sexuels ou autres.
Le Foyer pour femmes Autochtones de Montréal vient d’acquérir un terrain dans le Sud-Ouest de la ville qui pourra accueillir 23 ménages en situation d’urgence. À Gaspé, l’organisme d’aide aux victimes de violence conjugale L’AidElle vient d’annoncer un projet de logement pour 4 appartements. Au mois de février, on annonçait le lancement de 3 projets de ce même type en Mauricie (Shawinigan et Trois-Rivières sont ciblés), où l’on retrouve présentement qu’un seul organisme offrant ce type de service, disposant de seulement deux logements pour toute la région. Deux! La Mauricie compte une population de plus de 250 000 habitants!
Ces minuscules chantiers démontrent le peu de volonté politique de la CAQ pour lutter contre la crise du logement et ses problématiques qui touchent les femmes en particulier. Les mouvements ouvriers et sociaux du Québec, soit les milieux du logement, féministe, de lutte à la pauvreté et autres, réclament un chantier de 50 000 logements sociaux et une nouvelle programmation HLM. Les gouvernements se succèdent en ignorant et méprisant les plus démuni-es des locataires. Le PCQ fait écho au programme du PCC en réclamant un chantier d’un million de logements sociaux au Canada, avec comme priorité de régler le problème du logement dans les communautés Autochtones ainsi que pour les femmes.
Il est plus que temps que la société prenne en main la question du logement et que cesse cette exploitation honteuse et historique!