DEHORS LES FOSSOYEURS DE NOS SERVICES SOCIAUX!

Le Parti communiste du Québec (section du PCC) appuie la mobilisation réclamant la démission du ministre de la Santé et des services sociaux, Gaëtan Barrette.

Appliquant le plan d’austérité budgétaire du gouvernement Couillard, le ministre Barrette a fait adopter la Loi 10 s’arrogeant les pleins pouvoirs et effectuant des coupes massives dans les missions de son ministère. Encore une fois, lui et son gouvernement ont menacé d’imposer les conventions collectives, faisant subir des reculs dans les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs du secteur public. Afin de neutraliser la résistance syndicale, il a forcé un maraudage pour désorganiser le mouvement syndical l’année dernière.

La pénurie de personnel, notamment des infirmières forcées de faire du temps supplémentaire jusqu’à l’épuisement, les longues listes d’attente et la détérioration des services sont le résultat direct des coupes budgétaires et de l’imposition de ces mauvaises conditions de travail. La gestion catastrophique du système de santé a fait grimper les plaintes contre les ratées du système de 30% en 2016-2017.

La situation apparaît encore plus scandaleuse lorsqu’en même temps, Barrette augmente massivement les salaires des médecins spécialistes pour en faire non seulement les mieux payés au Canada, mais parmi les mieux payés à travers le monde. Loin de le dénoncer, Philippe Couillard pousse le ridicule en l’adoubant du titre de meilleur ministre de la Santé du Québec. Pourtant, les torts qu’il a causés aux services de santé sont bien réels.

Mais ce n’est là guère surprenant quand on se souvient que Philippe Couillard était Ministre de la Santé lorsqu’en 2003 le gouvernement corrompu de Jean Charest adoptait une série de lois fusionnant les missions et les établissements de santé et de services sociaux pour créer les CSSS, imposant une fusion des accréditations syndicales et par conséquent, un maraudage dans le but d’affaiblir les syndicats et de favoriser la privatisation des services, notamment via les fameux partenariats public- privé.

En 2005, le gouvernement Charest attaquait les travailleuses et les travailleurs des secteurs publics et parapublics en décrétant une diminution en termes réels de leurs salaires et une réduction de leurs conditions de travail pour une période de cinq ans. La loi prévoyait aussi des sanctions sans précédent pour quiconque aurait osé protester.

En 2007, c’est Philippe Couillard qui négocie, entre autres avec Gaëtan Barrette représentant la FMSQ, une entente pour augmenter la rémunération des médecins, soi-disant pour rattraper un retard par rapport aux autres provinces canadiennes. La hausse scandaleuse de la rémunération des médecins spécialistes aujourd’hui résulte de cette première entente.

Bref, on comprend que Barrette n’a pas fait d’erreur, il continue simplement d’appliquer fidèlement les mêmes politiques et recettes du Parti libéral, d’où l’approbation du Premier Ministre. Il serait donc bien étonnant que Couillard se résigne à demander à son ministre de démissionner. Les élections qui arrivent seront donc le bon moment pour se débarrasser non seulement du ministre mais du Parti libéral au grand complet.

Si importante que soit la mobilisation contre les Libéraux de Couillard (Barrette y compris), nous, communistes, mettons en garde contre les fausses solutions présentées par les séides du grand capital.

La CAQ, qui mène dans les sondages, n’est pas une alternative. Elle est au contraire au moins aussi dangereuse sinon pire que les Libéraux. Il faut se souvenir que Barrette, comme plusieurs des principaux ministres de Couillard, est un transfuge de la CAQ. Depuis quelques années de politique d’austérité, le chef de la CAQ, François Legault n’a cessé de clamer fièrement que les Libéraux lui volaient non seulement ses candidat-e-s mais aussi ses politiques. Sa dernière recrue, Youri Chassin de l’Institut économique de Montréal et auparavant du Conseil du patronat, est un économiste de la droite la plus dure et un champion de la privatisation, au point où, à l’annonce de sa candidature, même le ministre Barrette a dénoncé sur Twitter le fait que l’homme a toujours fait l’apologie du privé en santé,.

Quant au PQ, il n’est pas en reste. Comme à son habitude, il « flashe » à gauche mais tourne à droite. Dès le début des années 80, après le premier référendum, le PQ s’est attaqué aux travailleuses et aux travailleurs des services publics en diminuant drastiquement leurs salaires et leurs conditions de travail à coup de décrets et de lois spéciales. C’est lui qui a rendu leur droit de grève purement symbolique dans les secteurs de la santé et des services sociaux, et c’est aussi lui qui sous la direction de Lucien Bouchard dans sa quête du « déficit zéro », a fermé des hôpitaux, réduit les lits d’hospitalisation disponibles et le personnel, et encouragé la sous-traitance et la privatisation à un point où le Québec se range aux rangs des moins bien nantis en termes de lits d’hôpitaux parmi tous les pays de l’OCDE.

Les prochaines élections aux vues des derniers rebondissements, pourraient être axées sur des questions de politiques identitaires et la surenchère nationaliste / indépendantiste, ce qui ne sert que les intérêts des grandes compagnies. Le rôle des forces progressistes et démocratiques dans ce contexte, est de mobiliser pour un programme populaire en mesure de mettre en déroute la puissance du grand capital et des grandes compagnies.

Pour le moment, aucun parti parmi ceux qui aspirent au gouvernement, n’est en mesure de proposer une réelle alternative populaire, une alternative qui mette de l’avant la nécessité d’étendre les services publics, incluant la gratuité scolaire, la nationalisation des banques et des entreprises pharmaceutiques, ni de proposer une rupture avec le pouvoir des grandes entreprises.

Communistes, nous mobilisons pour que s’opère cette rupture et soutenons tous les mouvements sociaux qui, en battant le pavé, participent à la mobilisation populaire contre ceux et celles qui tiennent le haut du pavé. Nous considérons qu’il existe de nombreuses ouvertures, que ce soit avec les mouvements de solidarité internationale, de solidarité avec les peuples autochtones (notamment avec Tina Fontaine et Colten Boushie), avec la jeunesse étudiante, LGBT, le mouvement féministe, black lives matters, etc.

À tous ces mouvements, nous portons notre appui total et enjoignons toutes ces forces de se mobiliser dans un esprit de solidarité, contre les grandes entreprises et pour une démocratie avancée, démocratie au sein de laquelle les grandes entreprises, y compris les banques, seront placées sous contrôle public et démocratique.

Cette démocratie avancée toutefois ne sera qu’un prélude à la société socialiste, une société supérieure où l’exploitation de l’humain par l’humain, les crises et les guerres impérialistes ne seront qu’un reliquat du passé.