En cette “Fête du travail”, les travailleur-euses et le mouvement syndical sont confrontés à des défis inédits depuis les années 1920 – 1930: une pandémie pour laquelle il n’existe toujours pas de vaccin, une crise économique qui laisse des millions d’individus sans travail et un danger croissant de guerre, cette fois-ci avec des armes nucléaires et conventionnelles capables de détruire le monde. À cette litanie s’ajoute une crise climatique qui pourrait rendre la planète inhabitable.
Heureusement, ce n’est pas taillé dans la pierre. Mais pour changer de cap, les mouvements syndical, démocratiques et populaires doivent prendre des actions décisives pour mettre fin et renverser la feuille de route réactionnaire du patronat qui nous mène au bord du gouffre. Des actions massives sont également de mise pour forcer le parlement à s’attaquer au pouvoir patronal.
La pandémie commande que les soins de santé soient reconnus comme droits humains universels et l’abolition de l’ingérence du privé dans nos systèmes de santé. Au Canada, le système de santé doit être étendu et inclure les médicaments, les soins dentaires, occulaires et psychiatriques, mais aussi les soins de longue durée (où 82% des décès sont survenus) – ce qui avait été proposé il y a 30 ans par la Commission Romanow. Les potentats pharmaceutiques, qui profitent de la vente de médicaments à prix forts, doivent être nationalisées et l’accès au vaccin à venir contre le nouveau coronavirus devrait être libre et considéré comme un droit humain.
La crise économique (induite par la pandémie, mais conséquence des conditions mêmes du capitalisme) a été la source de profits colossaux pour les plus grandes entreprises et les “super-riches”. La fortune d’Elon Musk à crû de 57 milliards de dollars cette année et celle de Jeff Bezos, de 73 milliards. Les marchés financiers ont crû de 30% depuis le 1er avril, égnérant des bénéfices énormes pour la minorité exploitrice, tandis que 7 millions de personnes (un tiers de la force de travail du Canada) s’est retrouvée sans emploi et dans des situations désespérées durant cette même période.
Selon Dimitry Anastakis, un historien de la Rotman School of Management de l’Université de Toronto, “l’inégalité est aujourd’hui plus importante que dans les années 1920.” Aujourd’hui, 20% des Canadien-nes les plus riches contrôlent 67,4% de l’économie du pays tandis que les 20% les moins nanti-es croulent sous les dettes. Les salaires réels de la classe ouvrière n’ont pas crû depuis 1975. Nous ne sommes, en aucun cas, “tous et toutes dans le même bateau”!
En cause: les politiques néolibérales de libre-échange, les privatisations et dérégulations, les cadeaux fiscaux aux entreprises, les attaques contre les droits syndicaux et démocratiques, puis l’augmentation massive des dépenses militaires et policières.
La solution: renverser ces politiques en augmentant l’impôt aux entreprises et les plus riches, réduire le budget militaire, financer la création d’emplois, les services publics et les programmes sociaux parmi dont un système de garderie public et universel pancanadien et instaurer la gratuité scolaire pour les études postsecondaires. À cela s’ajoutent la construction de logements sociaux abordables à travers le pays et l’expansion de l’industrie secondaire à valeur ajoutée. Nous devons également fermer les puits de sables bitumineux, étatiser les compagnies pétrolières et garantir que les travailleur-euses de ce secteur retrouvent des emplois dans un nouveau secteur, celui de l’énergie renouvelable également sous contrôle public. Dans ce processus, nous réussirons à réduire les émissions de CO2.
En outre, nous réclamons l’augmentation des salaires et des retraites, l’introduction d’une semaine de travail de 32h pour 40h payées et l’instauration d’un revenu viable annuel garanti – et non une simple assistance sociale pourvoyant un maigre revenu de subsistance. Quittons l’ALENA 2.0 (AÉUM) et tous les traités commerciaux taillés sur mesure pour les entreprises qui sont responsables de la désindustrialisation du Canada, de nombreuses pertes d’emploi, et qui continuent à faire pression à la baisse sur les salaires du pays, mais aussi du continent.
Nous devons réformer l’Assurance emploi d’une façon qui ne représente pas une solution à court terme, mais qui la rende accessible à tous les privé-es d’emploi, y compris ceux et celles qui sont à la recherche de leur premier emploi, et ce, pour toute la durée de leur période de chômage à 90% de leurs salaires précédents.
Renforcer les droits démocratiques et syndicaux fait également partie de la solution, notamment en garantissant la liberté dans les négociations, le droit de grève, d’assemblée et d’organisation à travers un Code du Travail. Les licenciements boursiers doivent être interdits et en cas de faillite, les salaires et les retraites doivent être protégés.
La police doit être placée sous contrôle strictement démocratique avec droit de sanctionner.
Le danger de guerre est la catastrophe environnementale sont aussi liés aux profits capitalistes pour les entreprises minières, pétrolières et le complexe militaro-industriel. La propriété publique des ressources naturelles et énergétiques ainsi qu’une politique étrangère de paix et de désarmement dont le retrait de l’OTAN est la pierre angulaire permettrait de débloquer des milliards de dollars afin de créer des emplois et investir socialement en plus de garantir un monde plus sûr et sécuritaire.
Les éléments nécessaires pour une relance au profit du peuple ne sont un secret pour personne. En grande partie, ces politiques figurent dans les documents du Congrès du travail du Canada. Ils sont également dans ceux d’UNIFOR et dans ceux des centrales syndicales du Québec. L’élément qui manque, c’est la lutte, et c’est là le grand défi du mouvement syndical aujourd’hui.
Au lieu de coopérer avec les employeurs et les gouvernements de droite, le mouvement syndical doit, dans cette lutte contre le patronat et la réaction, s’allier avec les mouvements démocratiques et populaires dont le mouvement féministe, la jeunesse, les étudiant-es, avec les privé-es d’emplois et non-organisé-es, avec les populations racisées, les nations autochtones, avec les personnes migrantes, les personnes âgées, les petits paysans et les petits entrepreneurs, bref, avec tous ceux et celles qui sont victimes de ces politiques réactionnaires.
Les travailleur-euses doivent être unis dans cette lutte et c’est le rôle du mouvement syndical à travers le Canada de les unir dans une coalition populaire afin de livrer la bataille à venir et gagner cette relance populaire. Le mouvement syndical bénéficie d’une capacité d’action en mesure d’unir et diriger la lutte des masses populaires pour un avenir meilleur pour nous et pour les générations à venir. Il est grand temps de la débloquer!
Comité exécutif central,
Parti communiste du Canada