Sans convention collective depuis le 31 mars dernier, les salarié-es du secteur public ont souffert cet été de la tergiversation orchestrée de la part de la partie patronale, soit du gouvernement Legault, qui planche toujours sur la même offre : 9% d’augmentation salariale sur 3 ans, moins que ce qui est nécessaire pour rattraper l’inflation. À l’inverse, les quelques 420 000 employé-es représentés par le Front commun exigent une augmentation de base de 100$ par semaine ou indexation à l’IPC + 2% pour 2023. Pour l’an prochain, la demande se situe à indexation à l’IPC + 3%, puis IPC + 4% pour 2025.
Une telle revendication permet non seulement une indexation du salaire, mais aussi un rattrapage salarial si nécessaire en particulier dans le secteur public où, à travail égal, on compte jusqu’à pratiquement -4% de disparité avec le privé. Le gouvernement en est d’ailleurs conscient puisque pour certaines catégories de salariés, il offre des “primes” qui en fait ne sont que de la poudre aux yeux : contrairement au salaire, celles-ci n’engagent aucune cotisation patronale, donc aucune bonification des pensions de retraite, assurances collectives, etc.
Pourtant, l’idée d’augmenter les salaires et de permettre ne serait-ce qu’un maigre rattrapage salarial – bien loin de ce qui serait nécessaire pour opérer un début d’enrichissement de la classe ouvrière – est incompatible avec le mandat pour lequel il a été mis en place par le patronat. En effet, permettre de meilleurs salaires pour les fonctionnaires ferait tache d’huile dans les autres secteurs. Ceci ne correspond pas au plan d’avenir d’une classe monopoliste dont l’objectif est de poursuivre le transfert d’argent du travail vers le capital notamment à travers la privatisation de nos services publics (Hydro-Québec, transports avec le REM, recours universalisé à la sous-traitance) et subventions publiques des couts sociaux de projets d’envergure pour mieux en privatiser les profits comme on le voit avec les récentes annonces au sujet de la filière batterie.
Dans un tel contexte, que les négociations soient au point mort ne relève pas du manque de volonté du gouvernement, bien au contraire. Il s’agit d’une volonté des plus claires de sa part : celle de prendre à parti l’opinion publique et imposer, par médias interposés, la feuille de route du capital monopoliste québécois.
Le but d’une telle manoeuvre est d’affaiblir le Front commun en le divisant sous trois angles. D’abord, il s’agit d’isoler les syndicats du reste de la population, d’où les messages subliminaux cousus de fil blanc qui cherchent à faire porter le fardeau des problèmes économiques actuels (inflation, pénurie de main d’oeuvre, etc.) sur les syndicats. Ensuite, l’idée est de diviser les organisations intégrantes du Front commun de celles qui n’y prennent pas part en accédant, en catimini, aux demandes de ces dernières.
C’est ce qu’on a pu apprécier lors de la dernière ronde de négociations (en 2021) où la FIQ et la FAE ont été les deux premières à signer avec le gouvernement Legault, toutes deux ayant décidé de ne pas se joindre au Front commun lors des présentes négociations.
Enfin, le gouvernement s’emploiera à diviser au sein même du Front commun notamment en favorisant les plus hauts salaires contre les plus bas et ce, en plein contexte de refonte du système de santé qui aura pour effet d’imposer un maraudage peu après les négociations…
Ainsi, le Parti communiste du Québec (PCQ-PCC) considère comme cruciale l’unité du Front commun. Nous estimons également que sa combativité en est le ciment. Les deux vont de pair.
C’est pourquoi nous nous réjouissons de l’escalade en puissance des actions à venir cet automne, à commencer par la manifestation nationale du 23 septembre prochain. Nous enjoignons l’ensemble de nos membres et sympathisants comme tous les progressistes et tous les citoyens qui ont à coeur la défense de nos salaires contre les profits des actionnaires et les services publics à y participer autant avec le coeur que la raison.
Nous saluons également la proactivité du mouvement syndical qui s’est empressé de se doter de mandats de grève au cours des derniers mois, ce qui risque de faire monter la pression sur la partie patronale. Nous accueillons positivement le fait que ces appels puissent être un prélude vers une grève générale illimitée pour peu qu’il ne s’agisse pas de simples slogans ou de décrets venus “d’en-haut”.
Nous l’avons vu à plusieurs reprises : lors des actions du Premier mai comme de l’ensemble d’actions à caractère politique, la présence syndicale ne correspond pas à la hauteur des enjeux et luttes économiques.
Le « Deuxième Front » prôné par Marcel Pepin n’est pas mort, mais pas fort. Il faut le réactiver plus que jamais. C’est particulièrement le cas maintenant, alors que le problème des travailleur-euses ne peut se circonscrire dans le cadre de l’entreprise, mais se subordonne aux questions politiques systématiquement.
Ainsi, les grèves deviennent de plus en plus politiques, mais les syndicats refusent de toucher à la politique alors qu’ils devraient être un vecteur de politisation…
Plus que jamais, cette bataille du Front commun est et doit être politisée. Le gouvernement Legault roule pour les monopoles québécois, pour les accords de libre-échange qui cherchent à faire du Québec cette province non pas du Canada, mais des États-Unis.
Appuyer le Front commun, ce n’est donc pas seulement défendre les intérêts de 420 000 salarié-es. C’est surtout ancrer la lutte de la classe ouvrière et des travailleur-euses contre le gouvernement Legault dans une lutte politique positive pour l’ensemble de la classe ouvrière.
C’est ainsi que nous, communistes, espérons une implication citoyenne des plus fortes en appui à la lutte des travailleur-euses du secteur public. Pourquoi pas, d’ailleurs, revitaliser la coalition Main rouge? Nous espérons également que l’unité du Front commun ne se fera pas au détriment de sa combativité et que ce dernier, devant les attaques patronales du gouvernement Legault, saura maintenir sa politique de main tendue afin de prêcher par l’exemple et rappeler que l’important, c’est le rapport de force et non les discours ni les promesses venues d’en-haut.
Comité exécutif national, PCQ-PCC