LA LOI 96 DIVISE LE MOUVEMENT SYNDICAL

Le Parti communiste du Québec déplore le récent vote de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants de la CSN (FNEEQ-CSN) qui a adopté, à 73 voix contre 67, une motion approuvant l’application de la Loi 101 au CEGEP.

Cette proposition émane clairement du faux débat institué par la loi 96 que la CAQ a fait passer en force non pas pour défendre le français, mais pour diviser le monde du travail et en particulier les syndicats. Une telle mesure mènerait à une précarisation accrue, voire à la perte d’emploi pour les enseignant-es des CEGEPs anglophones. Dans un contexte où le plan de la classe dirigeante est clair : casse des services publics en général, dont l’enseignement supérieur, en particulier les CEGEPs, nous ne pouvons conclure qu’à une attaque anti-ouvrière de la part même d’une fédération syndicale pourtant censée défendre le droit au travail digne de ses membres, et des travailleur-euses en général. N’oublions pas qu’elle a lieu à l’aube de négociations de l’ensemble des salariés du secteur public qui s’annoncent ardues.

Cette motion risque de faire éclater la FNEEQ dans un moment où les enseignant-es de CEGEP, durement touchés par la pandémie de COVID19, ont surtout besoin d’un syndicat combattif qui s’attaque en priorité aux monopoles et non aux anglophones ou allophones qui décident d’engager des études supérieures en anglais. Au-delà du monde de l’enseignement, une telle division aurait un impact dangereusement grave dans le monde syndical, notamment en tenant compte de la récente campagne de la FTQ visant à renforcer le français comme langue de travail dans un contexte d’instrumentalisation de cette question par le gouvernement Legault afin de diviser le mouvement ouvrier et syndical.

Alors que le patronat cherche à arrimer l’éducation à ses besoins pécuniaires et spéculatifs, s’attaquer aux CEGEPs anglophones va au-delà de la question linguistique. Il s’agit de liquider, par voie dérobée, l’essence même de ces institutions qui permettent à la jeunesse québécoise d’acquérir des connaissances et compétences supérieures gratuitement et ce, eu égard à leur lien avec les demandes du patronat. Cette décision irresponsable joue le jeu de Legault et des monopoles qui cherchent non pas à défendre le français, mais à s’engager de plus belle dans la marchandisation de l’éducation, la casse des services publics et de ce fait, celle des conditions de travail de tous les salarié-es dans ce domaine.

Communistes, nous avons à coeur la défense du français comme langue de travail au Québec. Or, si celui-ci est menacé, c’est d’abord et avant tout à cause de l’intégration de l’économie québécoise à celle des États- Unis en particulier, mais surtout au capitalisme globalisé marqué par sa désindustrialisation et sa dépendance aux marchés mondiaux. Même la culture, si structurante en ce qui a trait à la promotion et dynamisation du français, est de plus en plus subordonnée au marché nord-américain.

Ouvrir la porte à la loi 101 au CEGEP aurait nécessairement pour effet la mise à pied et la précarisation d’une importante part du corps professoral et d’autres salariés indispensables au bon fonctionnement de ces institutions. C’est donc prétendre que la défense du français passe par la casse du système public d’éducation… Quelle hypocrisie dangereuse!