Le Parti communiste du Québec (PCQ-PCC) condamne les propos de François Legault tenus le 30 avril dernier devant le Conseil du Patronat du Québec. Lors de cette grand-messe du Québec.Inc, il s’est permis d’affirmer que tout immigrant qui ne gagne pas 56 000 $ par année serait un problème économique. Autrement dit, devant ses pairs, il n’a aucune gêne à tracer une ligne entre les « bons » et les « mauvais » migrant-es.
Le « bon » migrant a de l’argent à investir ou bénéficie d’un bon salaire, est francophone, qualifié et ne se plaint pas. Le « mauvais » migrant est pauvre et n’a que sa force de travail à offrir, occupe des postes dont le salaire n’excède pas le salaire moyen québécois, est allophone et, par sa condition de travailleur, apporte souvent une tradition de lutte qui permet de dynamiser le mouvement syndical.
François Legault justifie ses propos en insistant sur la nécessité d’augmenter le salaire moyen au Québec. Communistes, nous n’avons aucune objection à cet objectif. Nous avons toujours et continuons de lutter pour des salaires et des conditions de travail décents. De même, nous revendiquons la fin de tout type de discrimination envers les groupes marginalisés par le système capitaliste, y compris les personnes migrantes.
Si M. Legault veut accroitre le salaire moyen des Québécois-es, il n’a qu’à augmenter le salaire minimum. Selon son barème de recrutement pour les personnes migrantes, celui-ci devrait s’élever à près de 27$ l’heure. Avec la hausse du 1er mai dernier à 13,50$, nous sommes loin du compte!
À ce sujet, pour Legault, offrir 10 000 emplois de préposé aux bénéficiaires à 18$ l’heure maximum n’est pas problématique. Il n’est pas moins problématique pour lui de sabrer dans les conditions de travail et les salaires des employé-es de l’État. Pourtant, toute personne migrante qui ne gagne pas 27$ l’heure devrait “retourner chez elle”!
Si réellement il a à coeur le salaire des personnes migrantes, qu’il s’oppose clairement aux conditions de travail exécrables dont sont victimes des milliers de travailleur-euses temporaires qui sont payés à la pièce et, qui, pour plusieurs, même s’ils paient des cotisations sociales, ne peuvent s’en prévaloir.
La vérité, c’est que François Legault et son gouvernement CAQ visent à faire du Québec une zone franche pour les grandes entreprises.
Alors que la dernière année de pandémie a montré aux Québécois-es que le réseau de santé publique est en sous-effectif et que pour le remettre à flots, des milliers de travailleur-euses sont nécessaires; alors qu’un Québec prospère et souverain économiquement nécessite l’emploi de travailleur-euses, la formation de technicien-nes et d’ingénieurs dans les domaines manufacturiers à valeur ajoutée, le gouvernement Legault tente de faire porter le blâme des ratées de sa vision pro-entreprises sur les personnes migrantes.
Que ce soit avec la réforme de la PEQ, avec le PL-9, l’adoption d’un seuil de 40 000 immitrant-es par an, Legault chérit la xénophobie comme son principal arsenal pour accroitre son capital politique. À travers cette manoeuvre, il cherche, comme il l’a fait avec la Loi 21, à diviser travailleur-euses et étudiant-es du Québec sur une base autre que celle de classe, pour empêcher que les travailleur-euses se liguent contre leurs exploiteurs. Le fait qu’il fasse son annonce devant le Conseil du Patronat est en soi révélateur.
Communistes, nous savons que François Legault et son gouvernement de patrons millionnaires et d’actionnaires n’a pas encore dévoilé son vrai visage. Réactionnaire, il ne l’est pas seulement pour les personnes migrantes, il l’est pour tous les travailleur-euses. N’oublions pas qu’il s’est personnellement impliqué en faveur de la partie patronale lors de la grève de l’aluminerie ABI à Bécancour. N’oublions pas non plus qu’à demi-mot, il appelait le gouvernement fédéral à intervenir pour mettre fin à la grève des débardeurs du port de Montréal. Quant à son dernier budget, ne soyons pas dupes! Ce n’est pas parce qu’il repousse le déficit budgétaire à sept ans au lieu de cinq que les travailleur-euses en sont gagnant-es. Le vrai gagnant, c’est le patronat : l’impôt sur les entreprises représente à peine 6% des revenus de l’État, et la dette publique elle, peut et sera agitée comme marotte pour imposer des mesures antisociales et anti-populaires aux travailleur-euses et au peuple.
Communistes, nous luttons pour une issue populaire à la crise capitaliste dont la pandémie de COVID19 a été le catalyseur. Nous savons que le problème des salaires, des pensions de retraite, et des piètres conditions de travail n’a rien à voir avec les personnes migrantes, mais tout à voir avec le capitalisme. Nous savons également que cette issue populaire à la crise capitaliste, une issue basée sur la nécessité de faire plier le patronat et de s’attaquer aux politiques du capital passe par l’unité entre les travailleur-euses, y compris les travailleur-euses migrants. Or, avec cette déclaration vitriolée, c’est justement à cette unité que s’attaque François Legault.