Ce 28 avril 2022, comme à chaque année depuis maintenant presque 20 ans, les mouvements syndicaux et ouvriers marquent la journée mondiale de la santé et sécurité au travail. Ça fait maintenant deux ans que les travailleurs œuvrent dans un contexte de pandémie mondiale qui touche profondément les conditions de travail des masses laborieuses. Le Parti Communiste du Québec (PCQ-PCC) souligne l’importance de cette date et du combat ouvrier pour un milieu de travail à leur image: sain et digne.
Selon l’Organisation Internationale du Travail, il y a presque 3 millions de morts et 374 millions d’accidents ou de maladies liées au travail menant à une absence à travers le monde. Au Québec, selon la CNESST, ces figures s’élèvaient à 173 morts et presque 105 000 blessés ou malades en 2020. Pour 2021, on déplore 207 décès.
Le 6 avril dernier, sont entrées en vigueur les principales dispositions de la fameuse “Loi 59”, la “Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail”, contre laquelle les mouvements syndicaux et ouvriers du Québec s’étaient élevés unanimement. Effectivement, au nom d’une plus grande couverture pour les travailleurs du Québec, on nivelle vers le bas la qualité du régime de santé et sécurité au travail de ceux qui en bénéficiaient depuis plusieurs décennies. Nous verrons maintenant moins de surveillance dans certaines des industries les plus meurtrières (métal, minier, forestier, etc.) et un bilan sur les effets à long terme prendra du temps à être établi. Nous savons déjà que si le patronat a écrit cette loi, c’est qu’elle fait payer la classe ouvrière: à coup de blessures, maladies et morts, ou en réduisant les dédommagements pour ceux-ci.
En ce qui concerne les femmes, elles sont 50% plus à risque de maladies musculo-squelettiques que les hommes, en grande partie dû aux conditions de travail dans les emplois majoritairement occupés par des femmes tels qu’infirmière, enseignante ou caissière. Si elles quittent ces emplois pour travailler dans des métiers plus traditionnellement masculins, elles sont trois fois plus souvent victimes d’accidents de travail que leurs homologues masculins. De plus, la pandémie a précipité l’adoption massive du télétravail, faisant en sorte que pour certaines, les foyers dangereux deviennent tout à coup des lieux de travail dangereux, sans compter que l’accès aux mécanismes de protection en matière de santé et sécurité est globalement plus difficile.
La force du mouvement ouvrier dépend de sa capacité à organiser et à mobiliser la classe ouvrière dans son ensemble non seulement durant les périodes de négociation, mais surtout au quotidien et ce, sur toutes les questions qui touchent les conditions de travail des salarié-es, y compris l’enjeu de santé et sécurité au travail. Toute attaque contre les travailleur-euses, si minime qu’elle puisse sembler, doit être prélude au renforcement du rapport de force contre l’employeur. C’est ainsi que le mouvement ouvrier, en particulier lorsqu’il est politisé de façon indépendante, est vecteur de convergence de luttes et porteur d’un potentiel de changement extraordinaire comme l’a prouvé le Front commun de 1972 dont nous célébrons cette année le cinquantenaire.
Le PCQ-PCC réclame des vraies mesures de santé et sécurité au travail pour tous et toutes:
- pour un véritable droit de refus du travail dangereux
- expansion du droit de grève pour inclure le droit de grève politique et sociale, garantie de ce droit dans la Constitution;
- la fin de la mainmise et de l’inclusion du patronat dans le système de prévention et de réparation de sorte que celui-ci soit dans l’intérêt exclusif de la santé et sécurité des travailleur-euses, ce qui veut dire que les considérations d’ordre économique et de productivité n’y aient pas leur place;
- un contrôle réel des salarié-es et de leurs représentants syndicaux sur les mesures à prendre pour garantir la santé et la sécurité sur leur lieu de travail;
- l’indépendance stricte des médecins du travail devant le patronat et l’État (leur employeur);
- des visites régulières auprès d’un médecin du travail (de sorte qu’il puisse évaluer, en amont, les séquelles liées au travail effectué) et l’expansion de ses droits de sorte que celui-ci soit en mesure d’imposer aux patrons l’aménagement des activités de travail si celles-ci sont considérées comme dangereuses;
- la responsabilité des mesures de santé et sécurité incombent à l’employeur exclusivement, y compris le fardeau de la preuve en cas d’accident de travail;
- que les mécanismes de santé et sécurité au travail couvrent tous les salarié-es, y compris les auto-entrepreneurs et les travailleur-euses migrants, de même que la responsabilité du financement de ces mécanismes soit assumée entièrement par l’État et l’employeur;
- le traitement des saisines en cas de litige par un organisme entièrement indépendant du patronat.