NON À LA DIVISION, OUI À LA SOLIDARITÉ

COMITÉ CENTRAL DU PCC,  9 & 10 FÉVRIER 2019

À la fin du mois de janvier, le caucus du nouveau gouvernement de la CAQ s’est réuni à Gatineau afin de préparer la session parlementaire qui a débuté le 5 février dernier. Fort du soutien que lui a démontré les sondages, le nouveau Premier Ministre François Legault a réitéré l’intention de son gouvernement de faire adopter avant la fin de la session une loi interdisant aux personnes en position de coercition – juges, policiers, gardiens de prison et procureurs – ainsi qu’aux enseignantes des écoles publiques, considérées en position d’autorité – le port de signes religieux. Par ailleurs, il a aussi annoncé que les écoles privées, bien que subventionnées à 60% par l’État, ne seraient pas quant à elles soumises à sa loi.

François Legault a admis qu’il y avait des discussions au sein de son caucus sur la possibilité d’inclure une clause grand-père qui pourrait permettre aux gens déjà en emploi d’échapper à la restriction du port de signes religieux, mais ajoutant que quant à lui, il n’aimait pas cette idée et qu’il était prêt, si nécessaire, à congédier les récalcitrant-e-s. Il a du même coup réitéré son intention d’invoquer la clause « nonobstant» s’il s’avérait que sa loi soit déclarée inconstitutionnelle.

Le 29 janvier, jour anniversaire de la tuerie de la Mosquée de Québec, le Premier ministre a rejeté l’idée d’instituer une journée nationale contre l’islamophobie qui, selon lui, n’existerait pas au Québec, semant la consternation dans la communauté musulmane.

Il a été soutenu avec enthousiasme par la mairesse suppléante de Gatineau qui a déclaré au journal Le Droit que l’islamophobie n’existait pas et que les musulman-e-s ne s’intégraient pas. Selon elle, il est normal d’avoir peur des musulman-e-s, laissant entendre qu’ils pouvaient être des terroristes.

Quelques jours plus tard, allant bien au-delà de la question de la laïcité de l’État, la nouvelle ministre fraîchement nommée de la Condition féminine, Isabelle Charest, s’est permis de faire part de son aversion pour le voile musulman déclarant qu’il est un symbole d’oppression de la femme. Elle a expliqué que le port de ce vêtement ne correspondait pas à « ses valeurs » et empêchait une femme de s’épanouir. Or, la laïcité de l’État ne suppose pas qu’il soit athée, ni d’une quelconque forme religieuse, mais seulement qu’il soit neutre. Néanmoins, le Premier Ministre s’est refusé de corriger les propos de sa ministre.

Ces déclarations malheureuses sont considérées par les médias comme des impairs de politicien-ne-s encore inexpérimentés. Mais objectivement elles contribuent déjà à enflammer le débat qui reprend de plus belle et à approfondir le clivage social, au point qu’on pourrait croire que le gouvernement applique délibérément au Québec les mêmes tactiques que Donald Trump aux États-Unis.

Encore une fois, on peut voir que les médias sociaux commencent à être inondés de propos haineux. La situation risque de devenir semblable à celle vécue à l’époque de la Charte des valeurs du PQ en 2013. Pourtant, il n’existe pas réellement de crise sociale ou de raisons urgentes qui commandent de légiférer en toute hâte. Le gouvernement n’agit seulement qu’en fonction des intérêts de la classe dominante et non pas en fonction des intérêts de la classe ouvrière du Québec.

Tout cela permet en même temps à la CAQ de détourner l’attention des véritables enjeux qui intéressent directement les travailleuses et les travailleurs. Déjà à l’issue de son caucus de fin-janvier, le gouvernement indiquait des intentions d’effectuer des compressions budgétaires et des coupes de poste par attrition dans la fonction publique et par conséquent de services dans l’ensemble des ministères afin de financer ses promesses électorales. Il promet en quelque sorte de faire perdurer l’austérité budgétaire du gouvernement précédent.

Les organisations syndicales dont les membres sont concernés par l’interdiction du port de signes religieux, comme les enseignant-e-s, ont clairement manifesté leur intention de résister fermement à toute loi qui brimerait leurs droits fondamentaux. Comme il l’a déclaré, Legault sait bien que sa loi contre le port de signes religieux ne passera pas comme une lettre à la poste, mais il espère que le peuple va tomber dans son piège et se laissera diviser.

Le Parti communiste encourage au contraire la classe ouvrière, ses organisations et le peuple du Québec de se tenir solidairement contre les manœuvres de division du gouvernement, de ne pas se laisser divertir par les sirènes de l’intolérance et du racisme, afin d’être capable de faire reculer son programme d’austérité néolibérale.

Le Parti communiste réitère son soutien total à ce que le 29 janvier soit déclaré journée d’action pan-canadienne contre l’islamophobie.