Cette année la cellule Belogiannis du Parti communiste du Québec célèbre 50 ans de luttes. La fondation de la cellule Belogiannis en 1972 est le produit direct d’une lutte de classe intensifiée au cours des années 1960, autant au Québec – où les luttes syndicales et la question nationale dominaient la scène politique – qu’en Grèce, où une dictature instaurée par l’OTAN en 1967 poursuivait une répression brutale contre les communistes, les progressistes et les démocrates.
Ce régime militaire étendait ses tentatives d’intimidation contre les immigrants fuyant la répression, jusqu’au Québec. Malgré cela, ils ont fondé des associations progressistes contre la dictature dont l’Association des travailleurs grecs, qui a lutté également contre l’OTAN et a permis leur intégration et organisation au sein du mouvement ouvrier québécois.
La fondation de la cellule Belogiannis était un autre exemple de résistance contre les forces de réaction, qu’elles soient au Québec ou en Grèce ou partout ailleurs.
La fondation de la cellule n’était pas sans lien avec la militance du mouvement ouvrier au Québec de cette époque – culminant en la grève générale de 1972, et l’emprisonnement des trois chefs des syndicats principaux par un gouvernement bourgeois menacé, pour casser l’élan de la classe ouvrière.
Concernant la question nationale, c’est aussi à cette époque que le Parti communiste du Canada a reconnu le Parti communiste du Québec comme entité distincte au sein du Parti communiste du Canada.
Au cours des années 1970 et 1980, avec la restauration de la démocratie en Grèce, la cellule a accentué la lutte pour la solidarité internationale, appuyant les luttes du peuple chilien, chypriote et yougoslave, entre autres. Des membres de la cellule étaient actifs dans les caucus syndicaux, avec l’objectif de renforcer la participation des travailleurs grecs et immigrants. La cellule s’efforçait également pour travailler à l’unité des organisations démocratiques et ouvrières au Québec.
Les années 1990 et le début des années 2000 étaient marquées par la crise du mouvement communiste international, incluant des tentatives de liquider le Parti communiste du Canada, ainsi que la liquidation (temporairement) effective du Parti communiste du Québec, menée par des nationalistes petits bourgeois. La cellule Belogiannis a été instrumentale dans la reconstruction du Parti communiste du Québec, et dans la lutte contre ces mêmes éléments opportunistes.
Dans les années 2010, la cellule a notamment lutté contre les illusions réformistes avancées par le Parti Syriza en Grèce, alors que ce dernier était perçu comme artisan de la solution à la crise de 2008 par certains secteurs de la gauche québécoise.
La cellule reconnait le chauvinisme canadien comme danger principal guettant l’unité de la classe ouvrière sans pour autant tomber dans le piège du nationalisme québécois. Au contraire, elle met en avant le principe que seule l’unité de la classe ouvrière de toutes les nations peut mener à son émancipation.
Depuis sa fondation, la cellule Belogiannis est surtout un exemple d’internationalisme prolétarien. Alors que la cellule a constamment lutté pour la solidarité internationale et pour la défense des droits des travailleurs immigrants, elle a aussi toujours œuvré pour leur pleine intégration dans le mouvement ouvrier au Québec. En ce sens, notre cellule base son activité sur le principe que la lutte des travailleurs grecs à Montréal est la même que celle des travailleurs québécois et de celle des travailleurs de tous les pays. Les intérêts des travailleurs québécois ne sont pas différents de ceux du reste du monde, ni de ceux des travailleurs de diverses origines.
Dans un contexte de crise économique, où il est clair que la classe dominante devra recourir de plus en plus aux travailleurs immigrants pour intensifier l’exploitation et augmenter ses profits, dans le contexte de la montée de l’extrême droite et des idées fascistes, réactionnaires et racistes, qui encouragent une « guerre civile » entre les travailleurs, il ne fait aucun doute que la cellule Belogiannis est et sera appelée à jouer un rôle important en promouvant l’internationalisme prolétarien pour unir la classe ouvrière.