Le Parti communiste du Québec (PCQ-PCC) réprouve la récente entente entre les gouvernements du Québec et fédéral d’un côté, puis Ford de l’autre, en vue d’une nouvelle usine de production de composantes à batteries électriques dans la région de Bécancour, la « vallée du lithium ». D’une valeur de 644 millions de dollars, cette subvention devrait générer à peine 345 emplois, soit plus de 1,8 million de dollars par poste créé!
La subvention publique représente environ 50% des couts engagés dans ce projet. De celle-ci, la moitié viendra du fédéral et l’autre de Québec. Or, cette dernière est constituée à 100% de prêts sans intérêts tandis que la majorité (194 millions) est considérée comme « pardonnable », ce qui signifie que Ford peut ne pas avoir à le rembourser moyennant quelques conditions dont la création effective du nombre d’emplois annoncés.
Mise en contexte, cette annonce est une insulte au prolétariat industriel du Québec et ce, pour plusieurs raisons.
Déjà, ce n’est pas la première entente du genre : en mai dernier, on annonçait environ 300 millions de dollars pour un projet similaire avec GM. C’est donc une preuve de plus qui illustre une volonté claire de la part et de Québec et d’Ottawa de miser sur la « filière batterie » pour maintenir un certain niveau d’emplois industriels au pays. François-Philippe Champagne l’a même carrément annoncé : pour lui, il s’agit du coeur de l’économie du XXIe siècle, de l’économie verte – lire ici le capitalisme vert.
Or, si on parle de la création de 345 emplois, il faut relativiser avec le fait qu’environ 1000 travailleur-euses sont touchés par la fermeture de la seule usine d’Olymel de Vallée-Jonction! Et qui plus est, cette dernière est certainement plus productive en emplois induits puisque le parc industriel de Bécancour ne produira que quelques composantes (notamment des cathodes) qui seront vraisemblablement exportées puis assemblées ailleurs, sans doute dans des États états-uniens où priment les lois antisyndicales ou encore au Mexique. Avec la vente interdite de voitures thermiques dès 2035 au Québec, nous serons donc forcés d’acheter des véhicules produits ailleurs à prix fort alors que l’une des composantes essentielles est fabriquée ici et ce, grâce à de généreuses subventions.
Ainsi, sous couvert de capitalisme vert, nous sommes appelés à assumer les risques de cette opération collectivement tandis que les profits seront eux privatisés. Nous paierons donc deux fois pour les véhicules ainsi produits : une fois, collectivement, en nous soumettant au chantage patronal et une autre, individuellement, à l’achat de véhicules électriques.
« C’est des rats! », s’exclame Sylvain Archambault, membre suppléant du Comité national du PCQ-PCC et syndicaliste à la retraite. « Ces industriels-là font déjà de l’argent sur la course à l’armement et sur les contrats militaires. Ils détruisent notre planète et nos emplois à forte valeur ajoutée depuis des années. Et là, il faudrait les croire quand ils disent qu’ils se soucient de l’environnement et nous traitent en « partenaires »! On l’a vu en Ontario avec Stellantis (Chrysler – Fiat): ils font du chantage pour voler notre argent public qui devrait aller vers les hôpitaux et les écoles et récolter les profits pour eux seuls. Et puis quand les contrats font plus leur affaire, ils ferment la shop, comme GM à Ste-Thérèse. »
Il poursuit et s’interroge : « si nos ressources et nos capacités pour fabriquer des batteries au lithium si précieuses, et surtout si on a la main d’oeuvre et les infrastructures nécessaires pour fabriquer nos propres véhicules électriques, pourquoi est-ce qu’on ne nationaliserait pas toute la filière automobile? Apparemment, la voiture électrique, c’est l’avenir. Alors est-ce que c’est normal qu’on laisse juste le privé en profiter? »