CE QUE SIGNIFIE LA VICTOIRE (TRÈS) PARTIELLE DU PQ DANS JEAN-TALON

Le Parti communiste du Québec, prenant note de la victoire du candidat du Parti Québécois lors de l’élection partielle dans Jean-Talon avec plus de 10% d’avance sur la CAQ, considère ce vote comme un refus manifeste du parti de gouvernement.

Plus qu’une victoire du Parti québécois, il s’agit, toutes proportions gardées, d’un premier revers électoral de la CAQ depuis que celle-ci a été portée au pouvoir en 2018. Il ne fait aucun doute que la dynamique de vote utile contre un parti qui a fait preuve d’arrogance devant l’électorat local y est pour beaucoup, du moins beaucoup plus que des affinités politiques envers le Parti québécois.

Le fait que le parti de René Lévesque accroisse sa députation au nombre de 4 ne changera rien dans les faits à l’Assemblée nationale toujours dominée par une CAQ hégémonique. Rien non plus dans cette élections nous pousse à changer fondamentalement notre analyse des résultats électoraux d’il y a un an. Dans l’essentiel, la dynamique de recomposition politique constatée tient toujours :

– Affaissement du Parti libéral dont la candidate ne récolte que 9% des suffrages et ce, dans une circonscription tenue par ce parti depuis 1965;

– Stagnation de Québec solidaire qui, malgré une opération de communication massive, n’arrive pas à dépasser la CAQ, une conséquence directe de l’abandon des luttes socio-économiques au profit d’un libéralisme de « gauche » et de l’absorption complète dans la lutte électoraliste;

– Confirmation du rôle de repoussoir du Parti conservateur du Québec qui, avec 6%, est victime d’un essoufflement manifeste de sa dynamique gonflée artificiellement avant les dernières élections générales. Il reste que si minime que soit ce score, il est non-négligeable et sert de réserve active pour les idées d’extrême-droite;

– La lutte à savoir quelle formation politique gagnera l’initiative de consolider une opposition officielle au pouvoir personnel de François Legault et à la CAQ est en cours et risque d’être un des enjeux de la politicaillerie des prochaines années.

Dans un tel contexte, impossible de saluer une défaite électorale de la CAQ au profit du Parti québécois. Communistes, depuis l’élection de François Legault en 2018, nous n’avons manqué aucune occasion de souligner le caractère populiste et réactionnaire de ce gouvernement. Cependant, nous avons toujours pris soin de rappeler que l’ennemi principal ne constitue pas tant son parti, mais les monopoles dont il se veut le plus fidèle des porte-parole.

Or, le Parti québécois est, également, un parti des monopoles. Rappelons-nous qu’après le référendum de 1980, c’est cette formation politique qui a joué le rôle de vecteur du néolibéralisme au Québec. C’est également le PQ qui, en 1983, impose la loi 111, une des plus importantes attaques anti-syndicales de l’histoire récente du Québec. Du reste, n’est-ce pas l’alma mater politique de François Legault lui même? Et que dire du fait que le député vainqueur de ce scrutin partiel s’est laissé approcher par la CAQ avant les élections de 2022?

Dans un contexte d’attaques patronales facilitées par la CAQ, mais aussi alors que se trame une bataille majeure des salarié-es du secteur public rassemblés en front commun contre le gouvernement et, de facto, contre les monopoles, il y a fort à craindre que le remplacement d’une députée de la CAQ par un député du PQ ne garantira pas de meilleur rapport de force pour les travailleur-euses…