PROJET DE LOI 17 : UN CADEAU DE LA CAQ À UBER

Manifestation contre la loi 17 à Québec
Manifestation contre la loi 17 à Québec

Le gouvernement caquiste de François Legault s’apprête à semer le désordre et la précarité dans l’industrie du taxi québécoise au bénéfice du géant Uber. Le projet de loi 17 déposé à la fin mars par le ministre François Bonnardel propose la disparition des permis de taxis et la déréglementation complète de l’industrie du taxi.

Le gouvernement caquiste cède ainsi à toutes les demandes d’Uber. On se souvient que les libéraux en 2016 avaient déjà cédé à l’intimidation et au chantage de la multinationale. En adoptant sous bâillon le projet de loi 100 assorti d’un «projet pilote», le gouvernement Philippe Couillard avait permis à Uber de poursuivre ses activités au Québec tout en contrevenant à ses lois sur le transport rémunéré de personnes. Avant la loi 100, Uber opérait dans l’illégalité complète au Québec mais parvenait à déjouer les inspecteurs-trices et les autorités avec l’application secrète Greyball. Les chauffeurs-euses de taxi avaient fait savoir leur mécontentement à l’époque mais le gouvernement libéral n’avait pas reculé.

Le légaliser le taxi illégal

Dès son arrivée au Québec, Uber a su tirer avantage de son illégalité pour voler les clients des chauffeurs de taxi. Sous le couvert de l’« innovation », le modèle d’affaire de la multinationale est en fait une suite de vielles méthodes d’exploitation des travailleurs-euses. Les «partenaires-chauffeurs-euses » d’Uber sont des « travailleurs-euses indépendants » qui utilisent leurs véhicules personnels pour effectuer le transport de personnes. De surcroît, ils remettent plus du quart de leurs revenus à la multinationale qui engrange tout dans des paradis fiscaux. Plusieurs études ont démontré qu’en prenant compte la dépréciation de leurs véhicules et divers coûts, la plupart des chauffeurs-euses Uber ne font même pas le salaire minimum. Dans certains cas, ces chauffeurs-euses sans avantages sociaux payent pour travailler pour Uber.

Le prix des permis en chute libre

Depuis les années 1970, les chauffeurs-euses de taxi doivent débourser d’importantes sommes pour obtenir un permis, un véhicule et se conformer à la loi. Avec Uber, n’importe qui avec un téléphone intelligent et un permis de conduire peut devenir un conducteur. Jusqu’à récemment, le permis de taxi représentait un actif considérable que le chauffeur ou la chauffeuse, et sa famille, pouvait par la suite revendre si nécessaire. Avec la déréglementation possible, le prix des permis est en chute libre. Plusieurs conducteurs-trices n’auront d’autre option que de déclarer faillite. De plus, ce n’est pas seulement les chauffeurs-euses de taxi qui payeront mais l’ensemble des contribuables qui verseront 500 millions $ en compensation à l’industrie pour permettre à Uber d’avoir le champ libre au Québec. La valeur des permis ayant été évaluée à 1,3 milliard en 2014, François Legault devra faire face à la colère de milliers de familles.

Les chauffeurs-euses de taxi ne devraient pas payer pour la détérioration de leurs conditions de vie. Les Québécois-es ne devraient pas faire les frais d’une déréglementation complète de l’industrie pour plaire à des milliardaires. Il est temps d’amener Uber devant les tribunaux et d’assurer un revenu décent pour les travailleurs-euses du taxi. Les « partenaires-chauffeurs-euses » d’Uber doivent réclamer leurs salaires et leurs dépenses à la multinationale. Unis, les travailleurs et les travailleuses doivent résister aux politiques corporatistes et réactionnaires du gouvernement Legault!

Voir aussi notre article sur la Loi sur la laïcité de l’État