DÉCLARATION À L’ISSUE DU RÉFÉRENDUM SUR LE CIMETIÈRE MUSULMAN À ST-APOLLINAIRE

Le Parti communiste du Québec se désole du résultat du référendum organisé le 16 juillet à St-Apollinaire concernant la possibilité d’y construire un cimetière consacré à la communauté musulmane. À l’issue de cette consultation, où 49 personnes habitant des espaces limitrophes au cimetière projeté étaient appelées aux urnes, des 36 participant-e-s (totalisant un taux de participation de 73%), 19 personnes se sont prononcées contre le projet de cimetière tandis que 16 autres l’ont appuyé, plantant ainsi un clou dans le cercueil au projet de cimetière musulman dans cette municipalité.

L’idée d’un cimetière musulman dans la région de Québec a été initiée par le Centre culturel islamique de Québec dans la foulée de la tuerie de Ste-Foy en janvier dernier. En partenariat avec l’entreprise Harmonia, le CCIQ a évalué la possibilité d’implanter un premier cimetière apte à accueillir les corps des personnes de confession musulmane dans la région de la Capitale nationale. Toutefois, aucun des protagonistes n’avait pris en compte la nécessité de changer le zonage du terrain que le CCIQ souhaitait acquérir afin de le convertir en jardin des allongé-e-s, ce qui a pourvu en munitions les opposant-e-s au projet. Celles-ci et ceux-ci se sont organisés et ont ramassé assez de signatures pour imposer un référendum sur la question.

Usant du climat d’islamophobie ambiante, elles et ils ont réussi à entretenir des préjugés xénophobes et racistes, ciblant les Musulman-e-s comme une menace à la culture et à la nation québécoise, ce qui a permis au « camp du non » de gagner le vote par 54%.

Sans être opposés aux référendums par principe, nous dénonçons le couvert de «démocratie» affublé à cette opération haineuse, xénophobe et raciste. En effet, permettre à des Québécois-e-s de confession musulmane d’être enterré-e-s ici, pour nous, fait partie de la liberté de culte, un droit consacré et garanti par la Charte canadienne des droits et libertés, par la Constitution canadienne ainsi que par la Charte des droits et libertés de la personne du Québec.

Au-delà du résultat du référendum, nous du Parti communiste nous inquiétons de la montée des idéologies et de l’influence des groupes d’extrême-droite au Québec. Dans ce cas particulier, un travail de terrain a été mené avec acharnement par un groupe de nazillons qui n’a rien à envier aux Chemises brunes, La Meute. Ce groupe, formé en 2015 par des anciens militaires et qui revendique 40 000 adhérent-e-s, s’est impliqué à plusieurs niveaux dans cette consultation. De l’aveu de son porte-parole lui-même, jusqu’en avril, le groupe a appuyé activement les forces qui ont poussé pour qu’un référendum soit organisé et, par la suite, à la demande des porte-paroles du camp du non, le groupe s’est fait, semble-t-il, plus discret, mais il reste que certains de ses membres ont, à titre individuel, continuer de s’impliquer dans la mobilisation pour le non. De plus, quelques jours avant la tenue du référendum, un colis haineux a été envoyé au Centre culturel islamique de Québec.

Cette situation s’inscrit dans un cadre plus large où l’islamophobie, au Canada et ailleurs dans le monde, est redoutablement en hausse. Selon Statistiques Canada, les données les plus récentes montrent qu’en 2015, les crimes haineux rapportés à la police étaient en hausse de 60% au pays. Au Québec, les données de 2014 font état de 257 crimes haineux, soit une hausse de 39% par rapport à l’année précédente. Les mobilisations organisées par des groupes d’extrême droite tels le CCCC (Conseil des citoyens conservateurs du Canada), les Soldats d’Odin, PEGIDA Québec et le New Constitution Party pour s’opposer à la motion M-103 contre l’islamophobie (finalement adoptée) sont également inquiétantes et participent de la banalisation du discours haineux.

Encore plus inquiétant est la place donnée aux idées d’extrême-droite dans les partis politiques plus conventionnels : Djemila Benhabib s’est récemment trouvée sur la sellette alors qu’elle faisait partie de l’organisation d’un colloque au CEGEP de Maisonneuve impliquant des intervenants de la droite identitaire, nationaliste et islamophobe dont des membres de La Meute. L’évènement a finalement été annulé par l’administration après que plusieurs ont manifesté leurs inquiétudes au sujet du colloque en question. Au Canada, la course à la chefferie du Parti conservateur a également permis à certain-e-s candidat-e-s d’afficher de façon décomplexée leurs couleurs islamophobes et racistes.

À l’échelle internationale, les groupes comme le Front National en France, le Mouvement des 5 étoiles en Italie, l’UKIP en Grande-Bretagne ou encore PEGIDA en Allemagne ont le vent dans les voiles, présentés de plus en plus comme des « alternatives sérieuses » aux partis politiques traditionnels par les médias corporatifs tandis que leurs idées pénètrent les partis de la droite traditionnelle.

Ici, il est déplorable de voir l’hypocrisie de dirigeants tels que Régis Labeaume qui, dans une péroraison, demande à La Meute de se tenir tranquille sans pour autant avoir agi en conséquence afin d’empêcher ce groupe et ses apologistes – notamment les radios poubelles – de gagner autant d’influence. Ces groupes agissent au nom de la liberté d’expression alors qu’ils profèrent des menaces racistes et entretiennent un discours haineux qui s’inscrit dans la lignée du fascisme.

Communistes, nous savons qui sont les premières victimes de cette version la plus violente et rétrograde de la barbarie débridée capitaliste. Les attaques contre les Juifs autrefois, contre les Musulmans et autres personnes racisées, contre les femmes et les personnes LGBT ne sont que le début pour diviser la classe ouvrière et les masses populaires. Une fois ces idées pénétrées dans la société, il devient facile de s’en prendre aux syndicats, aux socialistes, aux communistes et aux autres forces progressistes et démocratiques afin d’exploiter les travailleurs-euses, de mettre à sac tous les acquis sociaux, d’enrôler les chômeurs-euses et la jeunesse dans des guerres meurtrières et anéantir le peu de démocratie dont nous bénéficions aujourd’hui.

L’arrivée de Donald Trump aux États-Unis a contribué grandement à la banalisation du discours d’extrême-droite et de l’action des groupes fascisants. Le danger du fascisme est plus qu’hypothétique et avec lui, le danger de guerres impérialistes est également bien réel. Avant qu’il ne soit trop tard, nous en appelons aux forces démocratiques et progressistes de s’organiser, de lutter et de mobiliser contre les éléments les plus rétrogrades du système capitaliste qui n’ont à cœur que garantir coûte que coûte le maintien du système capitaliste barbare basé sur l’exploitation de l’humain par l’humain.