ÉVICTION DU CAMP DE SANS-ABRIS DE LA RUE NOTRE-DAME : LE LOGEMENT DOIT ÊTRE UN DROIT, PAS UNE MARCHANDISE!

Le Parti communiste du Québec dénonce avec véhémence le démantèlement du campement de fortune de la rue Notre-Dame à Montréal et l’éviction manu militari de la soixantaine de personnes privées de logement qui s’y étaient installés faute de mieux, certains depuis l’été. Le démantèlement a été ordonné par le Service de sécurité incendie de la Ville de Montréal le dimanche 6 décembre après qu’une chandelle a mis le feu à une tante la veille. Les « campeurs » auraient été redirigés vers des refuges et centres d’accueil d’urgence, or, ceux-ci représentent une solution inadéquate pour répondre aux besoins de ces personnes privées de logement en plus de n’être que temporaire.

Communistes, nous combattons le système qui permet que d’une part, une minorité exploiteuse et parasitaire accumule des profits colossaux pendant que d’autres sont réduits, même dans un pays aussi riche que le nôtre, à camper dans des terrains vagues non pas par manque de logements, mais par manque de moyen devant des loyers aux couts prohibitifs, résultat de spéculation immobilière galopante et d’un manque flagrant de logements sociaux et d’un dé-financement sciemment orchestré par les politiques du capital depuis plusieurs décennies.

Nous considérons le logement comme un droit humain fondamental et non comme une marchandise. En ce sens, nous estimons que la construction de logements sociaux devrait être une priorité des différents paliers de gouvernement afin d’extraire autant que possible le logement de la logique de marché et de la mainmise des grandes entreprises, des institutions financières et des fiducies. Alors qu’on compte présentement 40 000 personnes en attente de logements subventionnés au Québec, le gouvernement s’est engagé à n’en construire que 15 000 et, la mi-mandat passée, seuls 2500 ont été complétés…

À Montréal, Valérie Plante a répété, lors de sa campagne, que la question de l’accès au logement ferait partie de ses priorités. Les progressistes ont salué cette affirmation sous réserve qu’elle joigne l’acte à la parole. À moins d’un an des prochaines élections municipales, il apparait clair que la mairesse de Montréal n’a pas donné la priorité qu’elle méritait à la construction de logements sociaux. Son plan pour une « métropole mixte » se base sur une drôle de définition de la mixité : clairement, il satisfait davantage les promoteurs immobilier et spéculateurs que les personnes mal logées, les étudiant-es qui doivent payer le prix fort pour des appartements étroits, parfois insalubres et souvent propriété de « marchands de sommeil » ou de multinationales, et encore moins les personnes privées de logement. On estime qu’il faudrait, à Montréal seulement, construire plus de 22 000 unités de logement social et ce, en urgence. Or, avec le plan de Mme Plante qui planche sur une inclusion de 10 à 20% de logements sociaux aux projets immobiliers, seules 600 unités de logement social par an seraient construites…

On notera au demeurant que ce plan se base entièrement sur des subventions publiques accordées aux promoteurs immobiliers et que ceux-ci pourront, moyennant cette contrepartie de 10 à 20% de logements sociaux, construire les logements qui se vendent au prix fort et à forte demande de la part des spéculateurs. En d’autres termes, le plan pour la mixité sociale ne représente qu’un système où promoteurs et spéculateurs achètent des crédits pour mieux spéculer.

La pandémie de COVID19 a exacerbé les inégalités sociales. La question du logement ne fait pas exception à la règle : avec des millions de travailleur-euses qui ne survivent plus que grâce aux aides gouvernementales, qui vivent dans l’angoisse de savoir s’ils retrouveront éventuellement leur emploi, il ne fait aucun doute que le manque de logements sociaux déjà criant se fera ressentir de plus belle. Un an avant la pandémie, 46% des Canadien-nes étaient à 200$ de la catastrophe financière. Ce sont des gens comme eux qui se retrouvent à la rue moyennant un coup dur. Si nous poursuivons dans la même voie, il ne fait aucun doute que des campements comme celui de la rue Notre-Dame floriront dans nos villes et accueilleront de plus en plus de personnes victimes d’un système en crise dont ils ne sont pas responsables.

Ce n’est pourtant pas une fatalité. Il suffit de prendre exemple sur le Venezuela où, en 5 ans, plus de 3 millions d’unités de logements sociaux ont été construites et distribuées gratuitement à la population. Si un pays moins développé que le nôtre comme le Venezuela a su le faire et ce, malgré une guerre économique et un lot de sanctions criminelles qu’il affronte depuis plusieurs années, il n’y a aucune raison pour que Montréal, le Québec et le Canada ne soient pas en mesure de fournir un logement à tous et toutes. Mais pour y parvenir, il faudrait clairement rompre avec la logique marchande et confronter les spéculateurs immobiliers et faire du logement un droit humain fondamental et non une marchandise.

Pour extraire le logement de la logique mercantile et capitaliste, le Parti communiste du Québec revendique :

  1. Qu’au moins 50 000 logements sociaux soient construits en urgence et que leur financement et leur construction soient assumés publiquement;
  2. Que le loyer des logements sociaux ainsi construits ne dépasse pas 20% du revenu par ménage;
  3. Que soit établi un registre des loyers afin de contrôler la hausse des loyers et faciliter les contestations à la Régie du logement;
  4. Que les municipalités soient dotées de pouvoirs de taxation des entreprises de sorte qu’elles ne comptent plus autant sur l’impôt foncier comme source de revenus, une situation qui incite à la spéculation immobilière;
  5. Que 100% du parc immobilier des municipalités soit consacré à la construction de logements sociaux ou d’équipements d’utilité publique (bibliothèque, parc, centre communautaire, salle de sport, etc.) : promoteurs privés, spéculateurs, pas touche à nos espaces publics!
  6. Que les plateformes de location à courte durée en ligne comme Airbnb soient soumises à une forte imposition, que des règles plus contraignantes leur soient imposées et qu’elles soient réellement renforcées;
  7. Que les multinationales comme Timbercreek qui sont propriétaires de logements soient mises sous contrôle public et démocratique;
  8. Que des mesures de contrôle strict soient appliquées pour réguler le marché de l’immobilier, empêcher l’achat de logements pour des fins purement spéculatives et pour lutter contre le blanchiment d’argent dans ce secteur;
  9. Que les organisations de locataires soient reconnues officiellement, que les pouvoirs publics soient obligés de les intégrer aux mécanismes de prise de décision en matière de logement et que soient organisées périodiquement des élections locatives.