Personne ne voulait de cette campagne électorale déclenchée par les libéraux qui espéraient s’offrir un gouvernement majoritaire. En conséquence, nous nous retrouvons avec un autre gouvernement libéral minoritaire sans grand changement dans le rapport de forces au Parlement.
Les travailleur-euses ont répondu avec une colère légitime, refusant aux libéraux comme aux conservateurs la majorité qu’ils espéraient. La compétition entre ces deux partis à la solde des grandes entreprises a ignoré les conséquences réelles de la crise économique capitaliste : chômage de masse, crise du logement, augmentation des prix des aliments et de l’essence, croissance de la dette des ménages et la baisse des salaires nets ainsi que des conditions de vie, ce qui est le lot quotidien de millions de travailleur-euses. Ces partis ont également ignoré la nécessité urgente d’agir décisivement contre les changements climatiques, le danger de guerre nucléaire globale, le racisme, le génocide et le refus continuel de reconnaître le droit des nations à l’autodétermination.
Aucun des partis de la classe dirigeante ne propose de plan complet pour contrecarrer la casse de notre système de santé ni pour affronter la pandémie qui continue d’affliger le pays, ni pour lutter contre l’influence dangereuse des conspirationnistes antiscientifiques qui nient l’existence de la pandémie, et encore moins pour s’attaquer aux profiteurs qui utilisent la crise pour leur propre bénéfice.
Le message des électeur-trices est clair : le Parlement doit s’attaquer à ces questions maintenant. Il doit proposer en priorité un plan pour une issue populaire à cette crise. Un gouvernement minoritaire rend cette tâche plus facile à réaliser si les mouvements syndical et populaire s’unissent pour faire pression sur le gouvernement et le Parlement à travers une action politique de masse et indépendante. Dans le contexte de politiques d’austérité que chacun des deux partis proposera sous pression des grandes entreprises, c’est là une tâche éminemment importante.
Honteusement, le NPD a refusé de dire clairement qu’il n’appuierait pas un gouvernement conservateur minoritaire lorsqu’on le lui a demandé durant la campagne. C’est sans doute ce qui a convaincu plusieurs progressistes de voter stratégiquement pour les libéraux comme seul rempart contre les conservateurs.
Au Québec, les électeur-trices ont rejeté l’appel à voter conservateur formulé par François Legault, le Premier Ministre caquiste. L’appui porté au Bloc québécois nationaliste demeure stable avec 34 sièges, ce qui reflète le refus continuel des partis capitalistes au Canada anglophone, NPD et verts inclus, de reconnaître le droit à l’autodétermination jusqu’à et y compris à la séparation du Québec.
Les verts ont réussi à maintenir leurs deux sièges malgré une désintégration manifeste du parti notamment avec la 4e place obtenue par son cheffe, Annamie Paul, lors de sa troisième tentative d’être élue dans Toronto Centre.
Quant à nous, les 26 candidat-es du Parti communiste ont fait campagne avec ardeur pour la paix et le désarmement, la justice climatique, une reprise économique basée sur le plein emploi, l’augmentation des salaires et des conditions de vie, une réforme de l’Assurance-chômage, l’expansion des programmes sociaux, des droits nationaux, syndicaux, sociaux et démocratiques, une réforme de l’imposition basée sur la capacité de payer et la nationalisation des secteurs-clés de l’économie, incluant le secteur énergétique et l’industrie pharmaceutique.
Bien que le vote pour le Parti demeure bas, il s’agit de notre meilleur résultat depuis 2006. À cause de l’appel à voter stratégiquement, il ne reflète pas complètement la croissance numérique et l’influence accrue conquise par notre Parti au cours des deux dernières années. Un des objectifs importants de cette élection était d’affermir la base politique et l’influence du Parti communiste, de gagner l’appui pour ses politiques et sa campagne en faveur d’une Coalition populaire qui pourrait unir ceux et celles qui sont prêts à lutter dans l’union et l’action en faveur d’une issue populaire à cette crise. C’est un objectif pour lequel le Parti continuera de lutter après les élections.
La plus grande victoire lors de ces élections est l’action collective des électeur-trices qui ont muselé le Parti populaire xénophobe, raciste et anti-immigration en l’empêchant de ravir ne serait-ce qu’un siège au Parlement et ce, malgré une campagne pan-canadienne remarquablement bien financée pour une organisation naissante. Si le financement du PPC de 2019 était le même cette année, un tiers-parti appelé « True North Strong and Free », qui avait reçu 60 000$ en dons d’un cadre d’une compagnie minière et qui avait payé pour des affiches du PPC attaquant les immigrant-es et appuyant Maxime Bernier, le Chef du parti, figurerait parmi les plus importants donateurs cette année. Les tiers-partis ne sont pas soumis aux mêmes restrictions que les partis politiques, ce qui en fait une courroie de transmission parfaite entre les grandes entreprises et le PPC ainsi que pour d’autres partis d’extrême-droite. Pour cette seule raison, une réforme électorale est nécessaire et urgente.
Même s’il n’a pu faire son entrée au Parlement, le mal nommé Parti populaire a obtenu 814 000 votes à travers le pays. Il était également derrière des manifestations anti-vaccin dans les hôpitaux, devant les écoles et lors d’évènements politiques qui ont amassé et des suprématistes blancs, des islamophobes, misogynes, climato-sceptiques, le lobby des armes à feu, des anticommunistes et des fascistes qui s’en sont pris à des agents hospitaliers, des patients et des opposants à gauche du Parti conservateur.
Le PPC est un détachement du pouvoir du grand capital. La crise capitaliste a accouché de cette alliance non-orthodoxe qui, selon toute vraisemblance, continuera de s’organiser autour du fanatisme et des discours haineux dans la période post-élections. Il s’agit d’une menace sérieuse à la démocratie, aux droits civiques, syndicaux et à l’égalité, de même qu’au bien-être de la classe ouvrière en général. Bloquer et dévoiler la vraie nature du PPC comme parti d’extrême-droite représente une tâche importante dans la période post-électorale si nous voulons éviter la crise créée par l’extrême-droite et le Parti républicain qui fait rage présentement aux États-Unis. Unir la gauche et les forces démocratiques dans une Coalition populaire sera décisif dans cette lutte.
Le résultat des élections empêche les grandes entreprises d’imposer leur volonté sans entrave sur le Parlement et le pays. Cependant, ce répit sera de courte durée, à moins que les mouvements syndical et démocratiques se mobilisent pour s’opposer à la feuille de route austéritaire des monopoles appuyée par les libéraux et conservateurs, voire par d’autres. Le PPC appuie cette austérité pour laquelle il fera campagne en dehors du Parlement tout en attaquant le gouvernement et ceux qui se positionnent à sa gauche, incluant le Parti communiste, à travers une rhétorique mensongère anticommuniste.
C’est là le défi qui nous attend.
Comité exécutif central
Parti communiste du Canada