Le Parti communiste du Québec condamne le projet de loi 89 défendu par le ministre du Travail Jean Boulet visant à limiter la durée des grèves et des lock-outs. Il y a déjà quelques semaines, ce même ministre nous préparait à une telle bévue anti-ouvrière. Lorgnant avec envie l’article 107 du code du travail fédéral, employé à profusion au cours des derniers mois pour imposer un retour au travail et ainsi casser la grève de milliers d’employés, il appelait à « penser à des nouveaux critères de détermination de ce qui constitue un service à maintenir dans un cas de conflit de travail. »

Il annonçait donc ses intentions en prévision du dépôt de ce projet de loi attaquant ouvertement l’ensemble des travailleurs et de la classe ouvrière du Québec en sapant son droit de grève, donc à la négociation, si chèrement conquis.

Depuis son élection en 2018, la CAQ ne cesse de pilonner non seulement la classe ouvrière et les masses populaires, mais surtout leur capacité de lutte et d’organisation. Plutôt que de détruire sauvagement comme lors de l’austérité libérale ou lors du déficit zéro orchestré par Lucien Bouchard, le gouvernement Legault déconstruit avec malice. Il cherche à annihiler tout contre-pouvoir entravant l’accumulation de profits capitalistes et capable de résister au pouvoir des grandes entreprises.

Le projet de loi 89 ne constitue pas seulement la dernière flèche dardée à cet effet. Il s’attaque au mouvement syndical, soit à la classe ouvrière organisée. Au-delà du droit de grève, il vise l’affaissement de cette institution de lutte que sont les syndicats, porteurs des plus grandes avancées et conquêtes sociales actuelles.

Ainsi, le prétexte de « bien-être collectif » invoqué toise la provocation, voire les représailles. En effet, les derniers mois ont connu un regain d’action industrielle, induisant ainsi une hausse générale des salaires, des conditions de travail et de vie. Par exemple, les journées de grève du Front commun à la fin de l’année 2023 ont permis de forcer la main au gouvernement en imposant une augmentation salariale de 17,5%  sur cinq ans là où la partie patronale espérait s’en sortir avec 9% sur cette même période. Cette victoire ouvrière a pavé la voie à d’autres importantes augmentations salariales allant jusqu’à 30%.

Pour le patronat, c’en est trop. Il faut déclencher la guerre à ces travailleurs, miner leur capacité de riposter aux attaques patronales, niveler leurs salaires et conditions de travail vers le bas. La CAQ obéit avec zèle et garantit ainsi le bien-être collectif… des actionnaires et ce, à long terme.

Cette offensive est d’autant plus grave qu’elle survient dans un contexte de paupérisation des masses laborieuses et de prédation inédite des monopoles à leur encontre marquées par une crise du logement qui devient humanitaire, une inflation toujours galopante, le spectre d’une récession et de chômage de masse exacerbées par les menaces de guerre commerciale de Donald Trump.

On le sait, les monopoles et leur avidité de profits sont responsables de cette crise qui nous accable. Par conséquent, c’est en s’attaquant à leur pouvoir que nous nous sortirons de cette crise. Or, c’est justement ce que récuse le gouvernement Legault qui cherche à nous y plonger de plus belle.

Même si le PL 89 risque d’être débouté en cour, l’heure n’est pas à la passivité. Le patronat et ses affidés ont plus d’un fer au feu. L’heure est à l’offensive. Il n’est plus question de résister, mais de lutter pour non seulement défendre, mais étendre nos droits sociaux et syndicaux, à commencer par le droit de grève généralisé, incluant le droit à la grève sociale et politique.

Alors que l’on parle de souveraineté à profusion, il est temps de rappeler qu’il ne saurait y avoir de souveraineté nationale sans souveraineté populaire et syndicale.