Le Parti communiste du Québec condamne la récente annonce du monopole privé de la distribution Amazon de fermer ses sept entrepôts au Québec, privant ainsi directement et indirectement près de 4700 personnes de leur emploi. Nous dénonçons également les réactions des politiques qui, singeant l’autruche, refusent d’y voir une mesure de représailles anti-syndicale.

En effet, cette décision est divulguée alors que l’entreprise de Jeff Bezos n’a pu venir à bout de la syndicalisation CSN de son entrepôt de Laval malgré une croisade rondement menée et parsemée d’intimidation, de licenciements déguisés, de procédures légales abusives, etc. Apparemment, cette victoire syndicale aurait inspiré les salariés d’autres entrepôts qui auraient entamé une démarche similaire.

Que ce contexte soit carrément occulté par les partis politiques à la solde des monopoles fait craindre le pire : sous couvert d’une neutralité patronale, ces aéropages de la grande entreprise pourraient chercher à se saisir de cette fermeture d’entrepôts et de mise à pied massive pour raboter le Code du travail et éculer l’influence syndicale pour la réduire à peau de chagrin. D’ailleurs, c’est le rêve du ministre du Travail Jean Boulet qui exprimait, il y a quelques semaines, sa jalousie de ne pas pouvoir recourir à l’Article 107 du Code fédéral du travail…

Justement, Amazon Canada envoie, par cette action scélérate, un signal clair à l’ensemble de ses employés au pays : une syndicalisation se solde par une mise à pied massive et la fermeture d’entrepôts.

Si le gouvernement Legault promet d’accompagner la reconversion des salariés mis à pied, il reste que la majorité d’entre eux finiront par travailler pour Amazon indirectement. Intelcom, un sous-traitant du monopole états-unien, commence déjà à recruter cette main d’oeuvre taillable et corvéable à merci pour en satisfaire les besoins. Sans contrat, à titre de contracteurs individuels, précaires, sans syndicat, ils seront forcés d’accepter des conditions de travail encore plus dégradantes.

Avec 59,2 milliards de dollars en bénéfices nets pour l’année 2024 (soit une augmentation de 29 milliards par rapport à l’exercice 2023), difficile de considérer Amazon comme une entreprise en difficulté! Comment justifier alors ces milliers d’emplois perdus autrement que par un licenciement boursier, c’est-à-dire pour maximiser les profits? Pis encore, comment ne pas y voir une manœuvre de représailles syndicales pourtant interdite par le code du Travail? En conséquence, nous exigeons du gouvernement Legault qu’il applique la loi et mette Amazon à l’amende. Nous appelons également à lutter pour une Loi organique du Travail qui interdise les licenciements boursiers. 

Amazon a d’ailleurs bénéficié de plusieurs incitatifs lui permettant de s’implanter au Québec. Dès 2019, on apprenait que les salaires des employés des centres de données du monopole seraient défrayés par le gouvernement à 20% et ce, à hauteur maximale de 20 000 dollars. 

Mais c’est surtout par les aides indirectes qu’Amazon a pu générer des profits mirobolants. En effet, l’arrivée du monopole de Jeff Bezos correspond à un désengagement des pouvoirs publics devant notre service public de distribution : Postes Canada. De nombreuses manœuvres, ont été effectuées dans le simple but d’orchestrer une compétition entre le service des postes et ses concurrents privés.

Pourtant, de l’achat en ligne à la distribution, en passant par l’entreposage, il n’y a rien qu’Amazon fasse que notre monopole public postal ne puisse exécuter. Ainsi, dès le début, l’arrivée d’Amazon n’avait rien à voir avec un service à combler, mais plutôt avec la casse de nos services publics.

Alors que Trump cherche à imposer la loi des monopoles états-uniens, l’heure est à la défense du monopole public sur nos services publics. Ainsi, il n’est pas seulement question de boycotter Amazon, mais de défendre et étendre la prérogative de Postes Canada sur les activités de distribution de colis.