GRÈVES DANS LE SECTEUR PUBLIC : LA VOIE À SUIVRE POUR UNE ISSUE POPULAIRE À LA CRISE

S’il est un élément que la pandémie de COVID19 a dévoilé au grand jour, c’est bien le piteux état de nos services publics, en particulier notre service de santé publique. Au sous-financement, à la privatisation et la mise en concurrence avec le privé, aux PPP (partenariats publics-privés, ou « profits pour le patron », il faut ajouter la dégradation des conditions de travail et le manque de personnel comme conséquences de décennies de casse de nos services publics qui sont en grande partie responsables de l’hécatombe qu’a été cette pandémie en particulier pour les travailleur-euses et les plus pauvres.

Le dernier budget présenté par François Legault a été salué par les médias et les partis d’opposition comme un budget « raisonnable », comme un budget non-austéritaire. Ils se sont arrêtés au déficit prévu de 12 milliards de dollars. Or, en santé, les sommes prévues sont loin de combler le manque à gagner de plus de 11 milliards de dollars, résultat d’années de coupes budgétaires. On peut en dire autant en éducation où le réseau public est au plus mal avec des écoles en décrépitude et des enseignant-es sous-payés et surmenés en particulier au cours de cette pandémie. Quant au système de garderies publiques, autrefois un modèle d’investissement social en Amérique du Nord, rien n’est prévu pour pallier au manque de 51 000 places…

En un mot, on peut conclure que pour François Legault et la CAQ, la « relance économique »se résume à un « retour à la normale ». Or, la normale, c’est l’austérité permanente…

Communistes, nous savons que l’une des clés pour pourvoir un service public de qualité passe par des conditions de travail dignes pour les salarié-es. Or, les offres initiales de la partie patronale – et celles sur lesquelles elle a campé pendant plus d’un an – se situent en-deçà du taux d’inflation prévu pour les prochains mois. À l’intransigeance de la CAQ qui fait la sourde oreille aux demandes des travailleur-euses (certain-es dont la rémunération est bien inférieure à celle de leurs confrères et consœurs du secteur privé) on doit ajouter le chantage de François Legault qui, le 2 mai dernier, annonçait vouloir conclure les négociations le plus rapidement possible. Pour un Premier ministre qui, il y a environ un an, déclarait ouvertement que les syndicats devraient être « plus raisonnables » en 2019, une telle position signifie ni plus ni moins ouvrir la porte à l’usage d’une loi spéciale si les négociations n’aboutissent pas assez rapidement! N’oublions pas non plus que c’est ce même gouvernement qui tente de faire passer en force le projet de loi 59 visant le démantèlement du système de santé et de sécurité au travail et faire économiser 4,3 milliards au patronat (sur le dos des travailleur-euses).

Si quelques ententes de principe ont pu être signées, c’est grâce aux moyens de pression et à la mobilisation des travailleur-euses. De plus, de nombreux salarié-es tant dans la santé que dans l’éducation n’ont pas encore conclu d’entente avec le gouvernement. En ce sens, nous saluons et appuyons sans compromis la mobilisation, entre autres, des 15 000 enseignant-es de CEGEP affilié-es à la FNEEQ qui ont tenu tête à la partie patronale en déclenchant une grève de 3 jours, de même que les dizaines de milliers d’enseignant-es et différentes catégories de personnel scolaires affiliés à la CSQ qui continuent de faire monter la pression et organisent de nouvelles journées de grèves en milieu scolaire. Nous saluons également les quatre jours de grèves organisés par l’APTS les 7-8 et 20-21 juin – première grève de cette ronde de négociations dans le secteur de la santé. Rappelons également que de nombreux syndicats affiliés à la FSSS-CSN, dont non les moindres ceux des employé-es du CHUM et du CUSM, ont voté à plus de 90% des mandats de grève à exercer au moment opportun.

Ces mobilisations sont importantes. Elles prouvent que l’offensive idéologique de la classe dirigeante visant à nous faire croire que « nous sommes tous dans la même galère » devant cette pandémie n’a pas complètement pris et que les travailleur-euses ne sont pas prêts à sacrifier leurs conditions de travail, bien au contraire. La pandémie a prouvé à quel point les infirmiers et infirmières, préposé-es aux bénéficiaires, technicien-nes, enseignant-es, agents de santé, secrétaires, concierges et autres employé-es des services publics jouent un rôle essentiel. Dans un contexte où la pandémie a accru les inégalités sociales en permettant aux plus riches parasites de s’enrichir, en réclamant des conditions de travail et des salaires décents, les travailleur-euses ne réclament que leur dû.

Communistes, dès le début de la pandémie, nous avertissions que cette crise n’est pas que sanitaire. Alors que la pandémie semble être de plus en plus sous contrôle notamment grâce à la vaccination, il reste que la situation économique ne se rétablira pas de si vite. Si on laisse la classe dirigeante la rétablir, ce sera à coup d’attaques patronales, de mises à pied, de chômage massif et de mesures d’austérité. Or, une autre issue est possible : une issue populaire basée entre autres sur le réinvestissement et l’expansion des services publics, sur l’augmentation des salaires et des conditions de travail, sur la bonification de l’assurance-chômage et la nationalisation des secteurs-clé de l’économie.

Or, cette issue populaire à la crise capitaliste exige la plus ferme unité des mouvements populaires et démocratiques, en particulier du mouvement syndical qui en est au centre. Nous devons donc bâtir sur le potentiel des mobilisations du secteur public (qui, au Québec est, depuis les années 1970, un important jalon des luttes populaires et syndicales) dans le but de faire payer ceux qui sont responsables des crises que nous traversons, pas les travailleur-euses.

Pour une issue populaire à la crise, le Parti communiste demande :

– Une réforme en profondeur de l’assurance-chômage pour qu’elle soit non-contributoire et accessible à tous et toutes, y compris les primo-demandeurs d’emploi, couvre 90% du salaire et dure toute la période de chômage;

– Un salaire minimum à 23$, le droit à la retraite pour tous et toutes à 60 ans et l’augmentation significative des pensions;

– L’expansion et le réinvestissement dans les services publics, le renversement de leur privatisation (non aux PPP!) et la garantie du monopole public sur les services publics;

– La nationalisation des secteurs-clés de l’industrie (banques, assurances, Air Canada, Bombardier, etc.) ainsi que des ressources naturelles;

– Doubler les impôts corporatifs, taxation à 100% des gains en capital, l’élimination des échappatoires fiscaux et des cadeaux au patronat;

– L’expansion des droits syndicaux pour que soient garantis et renforcés les droits d’association, d’organisation et de grève en toutes circonstances;

– Le retrait des accords de libre-échange et leur remplacement par des accords bilatéraux et mutuellement bénéfiques;

– Réduction du budget militaire de 75% et réinvestissement dans les logements, les services sociaux et publics et sortie immédiate de l’OTAN et de NORAD