Prenant acte des résultats de l’élection partielle dans Terrebonne tenue le 17 mars dernier, le Parti communiste du Québec constate que l’élection d’une nouvelle députée péquiste confirme la tendance lourde observée depuis la défaite de la CAQ dans Jean-Talon au profit du Parti québécois. L’usure du pouvoir dont pâtit la CAQ profite au Parti québécois.
Pour autant, il serait prématuré de conclure à un engouement populaire au profit de la formation de Paul Saint-Pierre-Plamondon. En effet, les faits saillants de cette échéance électorale tiennent plutôt au taux de participation famélique de 37% et de l’effondrement des votes de tous les partis politiques que du retour du PQ dans un de ses bastions historiques.
Les Libéraux, malgré une course à la chefferie censée galvaniser les troupes et offrir une plus grande exposition du parti sur la place publique, peinent à gagner des appuis hors de leur électorat traditionnellement acquis. Pour autant, leur résultat lors de cette partielle n’a rien de surprenant, passant de 10% à 8%.
La CAQ a certes perdu une vingtaine de points, mais son candidat sauve les meubles en récoltant 29%.
Québec solidaire par contre connait une véritable débâcle passant de 12,7% à 4,55%, distançant de moins d’un point de pourcentage le candidat du Parti conservateur. À force de vouloir opérer la quadrature du cercle, la formation de Gabriel Nadeau-Dubois et de Ruba Ghazal s’est convertie en ellipse nébuleuse, dépourvue de programme clair et changeant de priorité selon l’excitation du moment. Chercher à plaire à la fois aux masses populaires tout en rassurant le patronat lui aura valu de perdre toute crédibilité si ce n’est qu’auprès des couches moyennes libérales libertaires anxieuses devant leur déclassement annoncé.
Lorsqu’un gouvernement au pouvoir est éculé, les élections partielles agissent souvent en catalyseur permettant d’exprimer son mécontentement. Les enjeux y sont beaucoup moins importants que lors d’une élection générale. D’ailleurs, force est de constater que les enjeux du moment (à savoir la menace tarifaire et la vie politique pancanadienne) semblent n’avoir eu que peu d’influence dans la campagne. Ainsi, beaucoup plus qu’une profession de foi envers le Parti québécois et son projet politique, la victoire de Gentilcore relève plutôt d’un vote de rejet de la CAQ.
S’il est vrai que l’ambigüité de François Legault devant les provocations de Trump ne l’a pas servi, contrairement à celle de son homologue ontarien, les déclarations honteuses du Chef du PQ à l’effet que le Québec devrait être plus conciliant avec les exigences du Président états-unien n’ont clairement pas desservi la campagne dans Terrebonne.
Or, il y a fort à croire que cette magnanimité ne sera pas reconduite lors d’élections générales. Ainsi, bien que François Legault ne manque pas de raisons de s’inquiéter du recul de la CAQ, le pari n’est pas gagné pour autant chez les péquistes. Il ne fait aucun doute qu’avec Trump à Washington et un nouveau gouvernement à Ottawa sans doute encore plus en connivence avec les monopoles, les élections de 2026 se tiendront dans une atmosphère distincte à celle de 2022 qui pourrait fournir de nouveaux atouts à la CAQ.
Quoi qu’il en soit, la faible participation aux élections partielles de Terrebonne, dans un contexte inédit de volatilité politique prouve surtout que les nuances entre les différents partis ne suffisent pas à convaincre la classe ouvrière et les travailleurs qu’il y a, à Québec, différentes politiques. Tous les partis, en définitive, agissent en fondés de pouvoir du capital.
C’est pourquoi nous, communistes, récusons le faux-dilemme entre telle ou telle section du capital. Nous refusons de devoir choisir entre des partis inféodés aux monopoles et un parti, Québec solidaire, qui en accompagne le pouvoir sous prétexte de les réguler. Devant les défis actuels, l’heure n’est pas à choisir le moindre mal ni à la résignation, mais à l’organisation et à la lutte pour rompre avec le pouvoir des monopoles, principal responsable de la crise actuelle, comme de l’inféodation économique et politique mortifère du Québec aux États-Unis.
À un an et quelques mois des élections générales de 2026, nous appelons les mouvements syndical, démocratiques et populaires à jeter leurs forces dans la bataille politique autour de points de rupture contre les monopoles et leur pouvoir. La vague de solidarité contre Amazon, le rejet généralisé du PL-89, le dédain devant les plans impérialistes de Donald Trump prouvent qu’il y a du grain à moudre et que les travailleurs et la classe ouvrière sont prêts à se battre. Il s’agit maintenant d’établir un cadre politique indépendant des partis de la bourgeoisie pour dynamiser ces luttes et en développer leur plein potentiel.