Le Parti communiste du Québec (PCQ-PCC) témoigne de son entière solidarité avec les travailleur-euses en grève chez Olymel à Vallée-Jonction depuis le 28 avril dernier. Nous condamnons le chantage patronal, médiatique et gouvernemental ambiant qui cherche à faire porter le blâme de ce conflit de travail alors qu’il est clair que dès le début, la partie patronale n’avait aucunement l’intention de négocier de bonne foi : après avoir déposé ses demandes salariales le 19 avril, la partie syndicale n’a eu pour réponse qu’une demande de conciliation. Avant même le début de la grève, la partie patronale poussait vers la confrontation.
Au cours du conflit qui porte surtout sur l’augmentation des salaires et les horaires de travail (le quart du soir risque de se voir imposer des journées de 10 heures), les travailleur-euses ont eu à essuyer plusieurs provocations de leur employeur. Son départ de la table de négociations, son ingérence dans les affaires syndicales en essayant d’influencer les salarié-es, son refus de présenter une contre-proposition depuis le 20 juillet alors que le syndicat en a formulé 4 tout comme le chantage à l’effet de réduire les opérations de l’abattoir de Vallée-Jonction ont empêché la négociation d’aboutir à une entente. En conséquence, le conflit risque de se terminer avec une décision en arbitrage qui fera office de convention collective pour les 6 prochaines années.
Les salarié-es du magnat de l’agroalimentaire, qui ont maintenu la cadence de production durant toutes les périodes de confinement, perçoivent un salaire qui n’a augmenté que de 1,13$ depuis 2007. Leurs conditions de travail sont si déplorables que des 1800 des personnes employées depuis 2015, 1700 ont quitté leur emploi, soit un taux de roulement de près de 95%. Pour cause, on compte environ 400 accidents de travail par année – un chiffre qui risque d’ailleurs d’augmenter considérablement advenant l’adoption de la Loi 59.
Dans ce contexte, les revendications des travailleur-euses sont loin d’être exagérées, surtout lorsque l’on sait qu’en 2020, le chiffre d’affaires d’Olymel a crû de plus de 16% passant de 3,7 à 4,35 milliards de dollars.
Du côté du gouvernement, même si le ministre du Travail exclut une loi spéciale, il ne s’est pas empêché d’affirmer qu’un tel conflit n’avait pas sa place au Québec ce qui, dans le contexte actuel où la capacité d’Olymel à rémunérer ses salariés est manifeste, peut être facilement interprété comme un appui à peine voilé à la partie patronale.
La grève se déroule également dans un contexte de campagne de battage médiatique visant à susciter une plus grande sympathie envers les porcs, leurs conditions d’élevage et le fait que plus de 100 000 d’entre eux soient en attente d’abattage qu’envers les travailleur-euses et leur détermination à lutter pour des conditions de travail dignes. Une telle campagne a été déployée lors du conflit chez Exceldor au début de l’été.
Dans les deux cas, nous savons pertinemment que le problème d’abattage n’a rien à voir avec la grève, mais plutôt avec le fait que depuis l’imposition des premiers accords de libre-échange il y a plus de 30 ans, l’agriculture québécoise est entrée en compétition avec celle des États-Unis, beaucoup plus monopolisée et intensive. Ainsi, la concentration d’entreprises agricoles en un nombre d’entreprises de plus en plus restreintes fait en sorte que des méga-abattoirs comme celui d’Olymel ont un statut de monopole. Dans la filière du poulet par exemple, 96% des bêtes sont abattues chez Exceldor et Olymel.
Historiquement, le secteur de la transformation agro-alimentaire a été dominé par des emplois précaires et sous-payés. En voulant briser la grève coute que coute, Olymel ne cherche pas tant à s’attaquer à ses propres employés, mais plutôt à l’exemple qu’une victoire représenterait dans ce secteur, forçant ainsi les autres acteurs du secteur à augmenter les salaires et conditions de travail. Dans une période marquée par une soi-disant pénurie de main d’oeuvre (lire « main d’oeuvre précaire, taillable et corvéable à merci »), des augmentations salariales chez l’un risque d’en induire rapidement chez l’autre.